In Darkness
Lvov, Pologne 1944: les nazis ordonnent l'épuration du ghetto. Des habitants creusent un tunnel sous leur maison pour rejoindre les égouts de la ville espérant y trouver refuge. Hélas, ils tombent sur Leopold Socha, un employé municipal devenu contrebandier. Flairant la bonne affaire, ce dernier accepte de cacher onze de ces fugitifs moyennant une dîme quotidienne. Mais petit à petit, Leopold va mettre sa vie et celle des siens en danger, afin de protéger "ses Juifs". Et ce, même quand l'argent vient à manquer.
Un film qui sort d’abord en
dvd/blu-ray et puis au cinéma? C’est rare mais cela existe. Dernier en date, «In
Darkness» («Sous la ville» en français ou «W ciemności» en polonais) le long-métrage
de la réalisatrice Agnieszka Holland à qui l’on doit «The Secret Garden»
et «Total Eclipse». On a un peu du mal à comprendre la stratégie commerciale du
distributeur mais toujours est-il que l’œuvre vaut absolument le détour en
salle.
Le hic, c’est qu’elle est jouée
dans seulement deux cinémas dans le royaume: à Flagey pour les Bruxellois et au
Cartoons pour les Anversois. Le sud du pays, lui, peut aller gentiment se
brosser! Et c’est bien dommage car il s’agit bien d’un superbe film, par
ailleurs nominé aux Oscars en 2012 dans la catégorie «Meilleur film étranger».
Il faisait face à notre «Bullhead» (Rundskop) national, au canadien «Monsieur
Lazhar» et au chef-d’œuvre iranien «Une Séparation», lequel est finalement
reparti avec le fameux trophée. Entièrement mérité.
Mais pourquoi In Darkness a-t-il
mis autant de temps à sortir chez nous? Mystère et boule de gomme! Un comble
quand on voit la qualité du métrage et quand on sait que d’innombrables bêtises
sortent chaque semaine sur les grands écrans du pays. En deux mots, l’histoire
tourne autour d’un groupe de Juifs réfugié dans les égouts de la ville
polonaise de Lvov en 1944. Ceux-ci dépendent pour leur survie d’un employé
municipal devenu contrebandier. Moyennant une dîme, il les cache des Nazis.
Mais l’argent vient vite à manquer…
La réalisatrice prend son sujet inspiré
de faits réels à bras-le-corps, refuse toute dramatisation, évite l’écueil du
pathos, particulièrement tentant lorsqu’il s’agit de tragédie humaine, et a la
bonne idée de prendre le temps pour donner de la chair aux nombreux personnages
de ce récit poignant. Les parts d'ombre et de lumière de chacun se dévoilent
progressivement «sous la ville», dans la noirceur des sous-sols de Lvov. On
regrettera juste quelques longueurs à plusieurs moments.
Sans atteindre le niveau «chef-d’œuvresque»
de The Schindler’s List de Steven Spielberg, Agnieszka Holland tire tout
de même une œuvre remarquable sur un thème sensible sans jamais verser dans le
misérabilisme et en n'usant pas d'artifices tire-larmes. En essayant toujours de trouver le
ton juste ainsi que le traitement honnête et réaliste avec les faits que cette
fiction relate, la réalisatrice parvient à retracer de façon captivante un
épisode méconnu de la seconde Guerre mondiale. Elle arrive en outre à relever
la gageure technique et narrative qu’impose le récit: filmer dans la pénombre
et captiver le spectateur sur un groupe de survivants claquemurés dans un
endroit clos: les égouts. Un œuvre essentielle.
Note:★★★
Critique: Professeur Grant
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