Man of Steel



Un petit garçon découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour toute l'humanité.




Ces dernières années, la carrière de Zack Snyder s’enlisait peu à peu. Lui qui avait opéré un démarrage flamboyant en donnant un nouveau souffle aux films de zombies avec Dawn of the Dead et en innovant dans la manière de filmer l’action avec 300, a connu quelques déboires par la suite. Son quasi chef-d’œuvre Watchmen sur des super-héros névrosés a été sous-estimé, son incursion épique dans l’animation avec les chouettes du Royaume de Ga’Hoole est passée complètement inaperçue et son jeu vidéo filmé au féminin Sucker Punch fut un véritable désastre artistique et financier.

Bref, il était temps de se ressaisir. Du coup, pas question de passer à côté de l’opportunité de mettre en boite un «reboot» (dans le jargon cinématographique: on fait table rase de ce qui a déjà été réalisé sur le sujet et on repart de plus belle) de Superman. Pour se rassurer, le réalisateur se dit qu’il ne peut pas faire pire que le fameux… ou plutôt fumeux «Returns» kitsch et navetissime de Bryan Singer, lui qui a pourtant si bien mis en scène d’autres superhéros jadis avec la troupe des X-Men. Pour se stresser, il se répète aussi que l’attente des fans est énorme. Ce n’est pas faux. Mais associé à la fine équipe de Christopher Nolan, le nouveau pape du cinéma d’action sérieux et psychologisant depuis qu’il a réalisé Batman Begins et The Dark Knight, les risques de se louper sont vachement moindres. Hans Zimmer à la baguette (musique) et David S. Goyer à la plume (scénario), entre nous, il y a pire comme collègues!

La «Nolan Touch» se ressent à divers endroits du métrage. L’utilisation d’un titre mystérieux (Man of Steel au lieu de Superman de la même manière que The Dark Knight cache en réalité Batman), l’envie de revenir aux origines, le rendu particulièrement sombre du récit, une romance à peine esquissée, le costume devenu armure, etc. Heureusement, la production ne détruit pas le Symbole pour singer l’homme chauve-souris. Clark Kent - interprété par un bon mais pas extraordinaire Henry Cavill aperçu dans la très bonne série The Tudors ainsi que dans la daube Immortals - reste le héros solaire, glabre, diurne et surpuissant. Ce qui le rend peut-être moins intéressant que son acolyte aux oreilles pointues.

Le film débute comme un space opera par une séquence d’action vertigineuse avec les parents de Kal-El, le véritable nom de l’homme en slip rouge (qu’il n’a plus – fort heureusement - dans cette version 2013!). Nous sommes sur Krypton, une planète qui menace d’imploser. Une scène particulièrement immersive qui vaut à elle seule le déplacement en salles. Russell Crowe, géniteur de Superman, y forme un héros qu’on aurait aimé suivre dans d’autres aventures. Celui-ci combat l’abominable général Zod incarné par un terrifiant Michael Shannon (vu précédemment dans l’excellent mais malheureusement inconnu Shotgun Stories de Jeff Nichols; l’un des acteurs les plus intéressants du moment). C’est le grand méchant de l’histoire. Vilain, vilain le Zod? Hé oui, il a commis un putsch sur Krypton et compte bien mettre la main sur le Codex. Un mystérieux objet qui se retrouve avec Superman, alors nouveau-né âgé de quelques heures seulement. Un superbébé qui file droit vers la Terre pour éviter de connaître le funeste destin de son peuple, condamné à disparaître avec leur planète. Dit comme ça, c’est un peu bancal. Cela dit, le ridicule n’est jamais bien loin.

Pendant près de 100 minutes, «Man of Steel» n’est pas loin de s’imposer comme un grand film de super-héros. Le réalisateur installe tranquillement les personnages, leur donne de la consistance et fait avancer l’histoire par un jeu de flashbacks bien amené. Cette bonne idée casse le rythme linéaire et dynamise le récit.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce qu’un devoir spectaculaire vienne alourdir le cahier des charges. Le film part en vrille à partir du moment où Zack Snyder se trompe de modèle et se prend pour quelqu’un qu’il n’est pas, à savoir Michael Bay pour ne pas le citer. Man of Steel dévoile alors son vrai visage: une superproduction foutraque mais généreuse en action débridée où l’emphase n’a plus de limite. L’œuvre se transforme alors en produit standardisé, en blockbuster formaté. Le cinéphile se surprend à avoir un sale relent de Transformers en bouche. Le montage est chaotique, les coupures réalisées par un boucher et le grand guignol prend part à ce feu d’artifice géant.

Divertissant au demeurant et truffé d’effets spéciaux ébouriffants, Man of Steel finit vite par devenir indigeste. Indigeste jusqu’au sortir de la projection où, un peu sonné par cette lessiveuse, on se pose la question suivante: mais pourquoi donc cette fixette sur la démolition de buildings? L’industrie hollywoodienne, toujours pas sortie de ses troubles post-traumatiques liés au 11 septembre, remakerait-elle ses plaies encore ouvertes en guise de catharsis? Autres interrogations, plus futiles celles-là: pourquoi vouloir à tout prix balancer les protagonistes dans les stations-service ou jouer avec les camions citerne…? Zack Snyder serait-il un pyromane refoulé? Bref, pour la subtilité, on repassera!

Note:
Critique: Professeur Grant

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