Maggie's Plan
Maggie,
la trentaine et new-yorkaise (Greta Gerwig) a un plan: elle veut
faire un bébé toute seule. Mais ce plan va être sérieusement
compromis lorsque elle tombe amoureuse de John (Ethan Hawke),
écrivain raté lui-même marié à Georgette (Julianne Moore),
brillante professeure de sémiologie.
Film concocté par un membre de la gent féminine (sous-représentée dans le genre de la comédie romantique), acteurs confirmés, scénario basé sur une ébauche de roman, etc. Sur papier, 'Maggie's Plan' a tout pour plaire. Qu'en est-il à l'écran ? Sélectionné à Sundance et au Festival International du Film de Toronto, le film est loin d'être passé inaperçu lors des festivals.
La
plus grande force de 'Maggie's Plan' est d'assumer un
côté décalé, loufoque et
sérieux à la fois. La
kyrielle de points de vue (pas
tous dévoilés au même moment)
assure une psychologie des personnages fort
travaillée. Les personnages
principaux apparaissent ainsi comme
des personnes ordinaires,
loin de toute perfection. Chacun a ses petits
défauts, que l'autre ne
saurait tarder de découvrir. Rien d'innovant jusqu'ici, me
direz-vous. Sauf que cette
enfilade de points de vue
contribue
à rendre les personnages plus humains et donc plus attachants.
Basé
sur un roman inachevé, l'histoire trouve en le cinéma un
support idéal. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Pourquoi
en serait-il autrement à l'écran ? Ce triangle amoureux de
gens éduqués (passant le plus clair de leur temps à discuter de
sujets qui nous dépassent – existent-ils seulement ?), que nous ne
quittons pas pendant une heure et demie, offrira son pesant d'humour
« alla Woody Allen ». Lourd en jeux de mots (sans pour
autant être pesant), Maggie et Cie parviennent à nous faire éclater
de rire avec des situations plus cocasses les unes que les autres.
Avec
des personnages auto-absorbés dans leur vie respective, le film nous
invite à réfléchir sur l'égocentrisme d'une part, et le lâcher
prise de l'autre. Le film évite (de justesse) une morale à trois
francs six sous grâce à une dernière scène inopinée.
Après
quelques films ('The
Private Lives of Pippa Lee' et 'The Ballad of Jack and Rose' pour ne
citer qu'eux) dans le registre du drame, la réalisatrice Rebecca
Miller s'adonne ici pleinement au registre de la comédie. Elle
dirige et accompagne ses acteurs à la perfection. Ethan
Hawke, pas vraiment un grand
habitué des « romcoms »,
excelle pourtant dans
son rôle. Dans une interview, l'acteur avoue regretter ne pas avoir
joué dans davantage
de comédies romantiques. Étalant
un accent
germanique très prononcé,
Julianne Moore
jongle avec différents
ressorts comiques pour notre
plus grand plaisir. Cela
dit, la réussite du film
repose presque
entièrement sur les épaules
de Greta Gerwig ('Mistress
America', 'Frances Ha', 'Lola Versus', 'Greenberg').
Pétillante, charmante, son
personnage de Maggie est extrêmement
convaincant. Aux dires de la
réalisatrice, il aurait
fallu un an de préparation
pour esquisser son
personnage. Les
seconds rôles ne
sont pas non plus en
reste. Bill
Hader (un grand habitué
du 'Saturday Night Live' s'étant
fait un nom au cinéma avec
'Crazy Amy') vole la vedette
dans presque toutes scènes
dans lesquelles il apparaît. Maya
Rudolph et Travis Fimmel contribuent eux aussi à quelques moments de
franche rigolade.
Accouchant
d'un film drôlatique et non-conventionnel à souhait, la
réalisatrice apporte une grande bouffée d'air frais au genre
de la comédie romantique trop souvent représenté par des films
« cheesy » et mielleux. Disons-le sans détour :
'Maggie's Plan' éclipse (presque) tout ce qui se fait dans son
registre. Réel, imprévisible et désordonné, le plan de Maggie se
montre savoureux et vous fera passer un bien agréable moment.
Note : ★★★
Critique :
Goupil
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