Arrival
Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions.
Face à l’énigme que constituent leur présence et leurs messages mystérieux, les réactions dans le monde sont extrêmes et l’humanité se retrouve bientôt au bord d’une guerre absolue. Louise Banks et son équipe n’ont que très peu de temps pour trouver des réponses. Pour les obtenir, la jeune femme va prendre un risque qui pourrait non seulement lui coûter la vie, mais détruire le genre humain…
Science-fiction
Décembre, mois de la science-fiction. Avant les « Rogue One », « Assassin’s Creed » et « Passengers », « Arrival » est… arrivé dans nos salles obscures par la grande porte. Précédé de critiques dithyrambiques, le nouveau film de Denis Villeneuve (qui s’attaque en ce moment même à un mastodonte SF avec la suite du cultissime « Blade Runner ») fait souffler un vent nouveau sur un genre quelque peu éculé. C’est que depuis dix ans, Hollywood se réintéresse aux histoires temporelles et spatiales. Du coup, on nous a infligé un peu de tout mais surtout du n’importe quoi. La bonne surprise ici, c’est que le Canadien ne se contente pas des poncifs du genre et nous concocte un travail ambitieux sur le récit tout comme il l’avait fait avec le thriller dans les formidables « Prisoners » et « Sicario ».
Rencontre du troisième type
Le pitch ? Une série d’aéronefs extraterrestres disséminés aux quatre coins du globe bouleverse les nations. Chaque gouvernement fait intervenir son armée pour comprendre leur présence. Au pays de l’Oncle Sam, on fait appel à une éminente linguiste (Amy Adams, parfaite) pour entrer en contact avec les heptapodes, ces fameux invités surprises. Le décor planté, il n’en faut pas plus pour que le spectateur s’imagine des nigauderies bellicistes comme l’industrie californienne peut nous en refourguer treize à la douzaine par décennie. Mais ce serait ignorer la présence du Québécois derrière la caméra. Ce dernier prend le contre-pied du blockbuster pétaradant à grand renfort d’effets pyrotechniques pour se plonger, tête la première, dans un drame intimiste d’une originalité et d’une intelligence rares. Ce qui l’intéresse, c’est cette fameuse « Rencontre du troisième type ».
De la communication
Humanisme et pacifisme se logent au cœur d’un récit futé et pertinent sur la communication. En choisissant de mettre le focus sur la façon dont le langage détermine notre rapport au monde, au temps et façonne nos perceptions, Villeneuve se distancie des clichés maints fois ressassés ainsi que des canons traditionnels de la SF et parvient à apporter bien plus qu’un simple film d’aliens. Arrivé à point nommé, à l’heure où les canaux de communication n’ont jamais été aussi abondants et où, paradoxalement, les peuples ont de plus en plus de mal à se comprendre, « Arrival » est un plaidoyer pour l’ouverture aux autres et se montre nettement plus sagace que ce que laisse penser sa bande-annonce totalement mensongère. Ceux qui s’attendent à un grand spectacle seront particulièrement désappointés par cette superproduction aux allures auteurisantes.
Réflexion versus émotion
Loin de nous l’idée de réaliser le panégyrique de Denis Villeneuve mais c’est bien là toute sa virtuosité ; renouveler le blockbuster en y apportant du fond, en suscitant davantage la réflexion voire la méditation plutôt que la sacro-sainte émotion. Cela émis, cette dernière est indispensable ne serait-ce que pour provoquer l’empathie des spectateurs vis-à-vis des protagonistes. Cependant, à l’instar du cinéma de Christopher Nolan, le quadragénaire fait fi de cette dimension et ses œuvres s’avèrent âpres et n’émeuvent que partiellement. Préférant le suggestif au spectaculaire, le metteur en scène livre in fine un film sans esbroufe, élégant et soigné, à l’image de ces plans vespéraux de toute beauté. Fascinant et captivant, du moins jusqu’au troisième acte, lequel est plombé par une indolence malheureuse, « Arrival » est une belle petite surprise qui mérite de s’y intéresser.
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
Addendum
A noter encore l’extraordinaire travail fourni sur le montage sonore ainsi que la partition subtile et particulièrement importante dans le récit de l’Islandais Jóhann Jóhannsson (The Theory of Everything), qui confirme à nouveau son statut de compositeur chevronné.
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