Stronger


En ce 15 avril 2013, Jeff Bauman est venu encourager Erin qui court le marathon : il espère bien reconquérir celle qui fut sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Il va perdre ses deux jambes dans l’attentat. Il va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.





Boston – 15/04/2013

Après l’actionner « Patriots Day », la planète Hollywood se souvient à nouveau de l’attentat de Boston avec « Stronger », en salles le 21 février prochain. Si le film de Peter Berg abordait cette tragédie à travers le prisme de la police, celui de David Gordon Green se concentre sur les victimes. Pour ce faire, le réalisateur de « Joe » et du futur reboot d’« Halloween » se penche sur l’histoire vraie de Jeff Bauman, un survivant sévèrement mutilé. Le récit initiatique d’un homme ordinaire devenu un american hero comme le cinéma américain adore le conter. Le 15 avril 2013, ce dernier était venu encourager Erin, athlète du marathon. Son objectif : reconquérir celle qui fut autrefois sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Cul-de-jatte, celui-ci va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.

Mise en scène sensible et images putassières

« Stronger » aurait pu devenir une œuvre essentielle si la dernière partie de ce biopic ne versait pas tant dans le patriotisme de pacotille. Alors que le scénario avançait avec une subtilité rare dans le cinéma hollywoodien, le dernier tiers brise cette finesse en se montrant beaucoup trop démonstratif et convenu. Le spectateur, épargné jusque-là par le pathos et les trémolos quasiment inhérents à ce type de production, voit déferler une vague de bons sentiments, laquelle vient rappeler l’objectif de ce mélodrame classique : rechercher l’effet tire-larmes pour faire pleurer dans les chaumières. Même constat quant à la mise en scène. Sensible durant la première partie, la réalisation fait montre d’une pudeur toute délicate. Mais elle finit par tomber dans le voyeurisme le plus ostentatoire à coup d’images choc et putassières. Des flash-back totalement superfétatoires ! Comme si l’imagination du spectateur ne suffisait pas à elle-même.

Oscar, mais t’es pas là, mais t’es où ?

Pour donner corps à ce héros national malgré lui, qui a pour seul fait d’armes d’avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment, le cinéaste s’offre les services de Jake Gyllenhaal. Brillant comme à l’accoutumée, on peine à comprendre pourquoi il n’a pas encore décroché la reconnaissance suprême, lui qui enchaîne avec boulimie les performances à Oscar depuis cinq ans. De par son jeu extraordinaire de justesse, ce dernier nous fait vivre les différentes étapes par lesquelles passe son personnage : le traumatisme, l’incompréhension, la coopération avec les forces de l’ordre, la solitude, l’autodestruction, l’acceptation, la résilience… Celui-ci parvient à traduire la leçon de courage et de dépassement de soi dispensée par Jeff Bauman. Mais cette superbe incarnation ne doit pas masquer la vraie révélation de ce film, à savoir Tatiana Maslany, dans le rôle d’Erin. Une prestation vibrante qui nous donne qu’une envie, la revoir au plus vite sur grand écran.

En substance, « Stronger » est un drame honnête, qui pèche certes par quelques vilains défauts, mais se voit sauver in extremis par un impeccable tandem de comédiens.

Note :
Critique : Professeur Grant

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