Nicky Larson et le Parfum de Cupidon


Nicky Larson est le meilleur des gardes du corps, un détective privé hors-pair. Il est appelé pour une mission à hauts risques : récupérer le parfum de Cupidon, un parfum qui rendrait irrésistible celui qui l’utilise…





I. Club Dorothée

A peine annoncé, le projet d’adaptation française de « Nicky Larson » avait reçu une volée de bois vert de la part d’ultra geeks jouant les trolls de service sur la toile. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ont dû faire leur mea culpa. De fait, on ne peut reprocher à Philippe Lacheau d’avoir trahi le dessin animé phare des années nonante. Animé par l’envie de bien faire, ce dernier joue clairement la carte de la sincérité en essayant de retrouver la douce folie du Club Dorothée. Fidèle à l’esprit polisson de l’anime avec son propos grivois, son sous-texte égrillard, ses scènes licencieuses, ses dialogues lestes, ses fulgurances graveleuses, son humour salace, ce « Parfum de Cupidon » est une petite réjouissance qui fait de mal à personne. Pour peu qu’on connaisse le protagoniste.

II. City Hunter

A la tête de ce délire adulescent, Philippe Lacheau, auteur des deux found footage potaches « Babysitting » et de la comédie « Alibi.com ». Ce dernier réalise un rêve de gosse en portant sur le grand écran les aventures du célèbre détective privé créé jadis par Tsukasa Hojo dans son manga « City Hunter ». Derrière la caméra, celui-ci se retrouve également devant en interprétant le fameux antihéros. Si la ressemblance n’est pas frappante, le charme du comédien suffit à nous faire croire à cet obsédé sexuel notoire. Le reste de la distribution balance entre interprétations solides (Elodie Fontan est irrésistible dans la peau de l’évanescente Laura), caméos sympas (Dorothée et Pamela Anderson notamment) et erreurs de casting (Tarek Boudali et Julien Arruti en font des tonnes pour exister à l’écran).

III. La Bande à Fifi

Des erreurs de casting due surtout à de grossières fautes narratives en amont. Lacheau voulant absolument faire de son métrage un film de potes, il a écrit hâtivement des rôles pour ses amis de la Bande à Fifi. Des personnages inconsistants qui servent des vannes lourdaudes. Quant à l’histoire, elle a l’épaisseur d’un épisode du dessin animé. Mais ce qui fonctionne sur une durée d’une vingtaine de minutes a plus de mal à passer au format long. Le scénario étant un prétexte pour jouer avec la libido contrariée du héros. Le metteur en scène a beau speeder son montage afin de garantir un certain rythme, cela ne comble pas la vacuité et l’indigence d’un récit beaucoup trop léger que pour rester dans la mémoire des cinéphiles. Sitôt vu, sitôt oublié.

IV. Cartoon

Cela émis, cette comédie d’action poussive parvient malgré tout à garder notre attention grâce à quelques gags visuels tordants et l’une ou l’autre scène d’action pêchue. A l’image de la séquence de bravoure en caméra subjective ou la course-poursuite dingo dans les rues de Monaco. Et c’est peut-être là la plus belle surprise de cette fiction : esthétiquement, le film est plutôt bien usiné. Les effets spéciaux servent les ambitions clairement cartoonesques tandis que la production design est cohérente avec l’univers de Nicky Larson. Car l’écueil se trouve précisément à ce niveau. Comment adapter un environnement aussi singulier que celui de « City Hunter » avec ses métropoles nippones dans un contexte hexagonal. Lacheau réussit parfaitement la transposition en s’écartant de l’esprit franco-français.

V. Génération Y vs Génération Z

In fine, après être passé sous les fourches caudines d’internautes décérébrés et, du coup, peu scrupuleux, Philippe Lacheau fait taire tout le monde en réalisant une adaptation, certes bancale avec sa pléthore de maladresses, mais relativement conforme à ce qu’on était en droit d’espérer. Aux antipodes de l’accident industriel prédit par certaines mauvaises langues, « Nicky Larson et le Parfum de Cupidon » se révèle finalement comme un honnête divertissement avec ce qu’il faut d’humour et d’action pour passer un bon moment. La génération Y devrait se retrouver dans les nombreuses références aux années Club Do (Ranma ½, inspecteur Gadget, Olive et Tom, Salut les Musclés… tout le monde y passe !) tandis que la génération Z sera sensible aux touches d’humour contemporaines.

Un petit kiff !

Note : 

Critique : Professeur Grant

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