Birds of Prey and the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn
Birds of Prey est une histoire déjantée racontée par Harley en personne – d'une manière dont elle seule a le secret. Lorsque Roman Sionis, l'ennemi le plus abominable – et le plus narcissique – de Gotham, et son fidèle acolyte Zsasz décident de s'en prendre à une certaine Cass, la ville est passée au peigne fin pour retrouver la trace de la jeune fille. Les parcours de Harley, de la Chasseuse, de Black Canary et de Renee Montoya se télescopent et ce quatuor improbable n'a d'autre choix que de faire équipe pour éliminer Roman…
C’est
aussi bonbon dans le rose que concon dans le propos. Mais, sérieusement,
demandait-on autre chose après la découverte de la version punk d’Harley Quinn proposée
par Margot Robbie dans « Suicide Squad » ? Critique complète
ici :
I. Fantabulous !
Prenez une bonne
respiration et allez-y, citez le titre kilométrique du film : « Birds
of Prey and the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn ». Une
dénomination qui fonctionne comme un pitch voire une promesse pour l’aficionado
hardcore de la maison DC Comics. Narratrice de l’histoire, Harleen Quinzel
(Margot Robbie, parfaite) vous conte ses mésaventures faisant suite à sa
séparation avec son « poussin » de Joker. On évoque ici le Clown Prince of Crime de l’abominable
« Suicide Squad », dont le métrage est une suite indirecte, et non le
stand alone movie avec le fraîchement
oscarisé Joaquin Phoenix.
II. Sorority
Rising
Sans mentor pour
s’encanailler dans les bas-fonds de Gotham City, sans maître pour la protéger
de la pègre locale ou des forces de l’ordre, celle-ci va peu à peu perdre pied
et tomber dans les affaires interlopes de Roman Sionis (Ewan McGregor, en mode
cabotin), un mafieux aussi louche que redouté. C’est alors qu’elle croise le
chemin de différentes personnalités vengeresses comme Huntress, Black Canary et
Renee Montoya. Un quatuor improbable qui n’a qu’une idée en tête :
éliminer celui qui souhaite faire main basse sur la ville. Et c’est parti pour
deux heures de pyjama party sanguinolente.
III. Lethal
Weapon
Car ici, on redouble
d’inventivité pour occire le tout-venant. Vas-y que j’atrophie celui-ci, voilà-t-il
pas que j’écorche celui-là. Et pour les autres ? Un sort à l’avenant. On
utilise tout ce qu’on trouve dans les parages : batte de baseball, talons
aiguilles, grenade, arbalète et autres armes blanches parfaitement aiguisées. Rien
de mieux pour colorer la pellicule de pourpre. Le tout sur une tonalité
résolument irrévérencieuse : humour débridé et dialogues WTF, métafiction
et défonçage du quatrième mur à coup de regards caméra et de répliques qui
apostrophent le spectateur, violence exacerbée sur une bande-son rock…
IV. Politically
Incorrect
Bref, on reprend
l’excellente et mensongère bande-annonce de « Suicide Squad » comme modèle
et on lui rajoute le côté vilain petit canard de « Deadpool » chopé
au passage dans la maison d’en face, le voisin Marvel. Résultat ? Ça
fonctionne plutôt pas mal. Nonobstant de plantureux défauts (climax expéditif,
personnages secondaires à peine esquissés, répétitions, facilités
scénaristiques), la réalisatrice Cathy Yan et la scénariste Christina Hodson
parviennent à s’émanciper de la chape de plomb du politiquement correct qui cloisonne
bon nombre d’adaptations de comics pour proposer un geste cinématographique
légèrement transgressif.
V. Cartoon
De l’ensemble, on
retiendra surtout l’habillage du film. Esthétique pop, réalisation cartoonesque,
palette graphique colorée, ralentis stylisés, la cinéaste sino-américaine fait
montre de tout son savoir-faire, particulièrement à l’aise dans l’action débridée,
avec des scènes de combats plutôt bien chorégraphiés. Elle propose bien plus
d’idées de mise en scène en un film que tous les exécutants réunis dans le
Marvel Cinematic Universe. Pop, fun, trash, « Birds of Prey » est un
petit plaisir coupable décomplexé qui se laisse regarder sans forcer. Un shoot
d’adrénaline explosif et subversif dans la veine des délires de Matthew Vaughn,
papa de la saga « Kingsman », dont le prochain volet a été renvoyé
aux calendes grecques.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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