Spider-Man: No Way Home

 


Pour la première fois dans son histoire cinématographique, Spider-Man, le héros sympa du quartier est démasqué et ne peut désormais plus séparer sa vie normale de ses lourdes responsabilités de super-héros. Quand il demande de l'aide à Doctor Strange, les enjeux deviennent encore plus dangereux, le forçant à découvrir ce qu'être Spider-Man signifie véritablement.



Into The Spider-Verse

La trilogie de Sam Raimi, le diptyque de Marc Webb, les innombrables apparitions dans le Marvel Cinematic Universe (MCU), le récent chef-d’œuvre d’animation oscarisé, en près de vingt ans, l’homme-araignée a tissé sa toile à de nombreuse reprises dans les salles obscures, quitte à donner le tournis voire à frôler l’indigestion pour certains. Si bien que pour attiser la curiosité des aficionados et appâter le tout-regardant en salles, les producteurs ont été obligés de sortir de leur chapeau magique un sacré coup de génie doublé d’un super concept marketing histoire de frapper l’imaginaire dans un contexte sanitaire compliqué. La trouvaille en question : introduire le multivers. Entendez l’ensemble de toutes les dimensions et réalités parallèles existantes. Rien d’original car l’idée a été précédemment utilisée dans le brillant « Spider-Man : Into the Spider-Verse ». Mais quoi de mieux pour les studios Sony et Disney qui partagent « en bon père de famille » cette lucrative licence. Objectif : capitaliser. L’occasion pour le premier de réunir les univers et personnages des différentes franchises vues par le passé et pour le second d’amener une source riche en possibilités narratives dans son vaste catalogue de super-héros. C’est tout bénef !

Depuis quand le divertissement est une excuse à la médiocrité ?

Dans le MCU, le pire (Black Panther) côtoie le meilleur (Iron Man). Mais il y a surtout ce ventre mou, cet entre-deux, ces fictions qui se regardent et s’oublient aussitôt. La plupart des films usinés au sein de la Maison des Idées n’ont d’autres ambitions que l’amusement bas de plafond. Et dans cette catégorie, le désormais triptyque dévolu au tisseur fait office de référence. Du très bon, du très mauvais, bref, l’archétype archétypal de la pellicule estampillée Marvel. Ce troisième opus est à l’image des deux précédents. Cela a beau être filmé avec le luc et écrit avec les pieds, le miracle du divertissement opère. Précisons : pour peu que vous ne soyez pas trop exigeants. Car la production sollicite d’emblée votre mansuétude. Certes, vous en aurez pour votre argent et le plaisir coupable sonnera à votre porte avec un sceau de pop-corn taille XXL, mais pour cela, il vous faudra faire fi de toutes les énormités qui jonchent les 2h30 du métrage. On en veut pour preuve son scénario bancal : incohérences à foison, invraisemblances à profusion, maladresses à gogo, facilités d’écriture ad libitum, mais aussi révélations téléphonées, scènes dramatiques expédiées, comportements illogiques… Depuis quand le divertissement est une excuse à la médiocrité ?

Yes man

Ce nouveau volet est surtout révélateur d’une erreur de casting notoire : le choix du yes man Jon Watts derrière la caméra. Atteint du syndrome « David  Yates » de la saga Harry Potter, ce dernier s’est évertué durant les trois longs-métrages à nous prouver qu’il n’avait pas les épaules pour mettre en bobine un projet d’une telle ampleur. L’absence totale de créativité dans sa mise en scène est un boulet que le monte-en-l’air se traîne sur la grande toile depuis « Homecoming ». Même Marc Webb, au patronyme prédestiné à la tâche mais néophyte en matière de blockbuster (seul fait d’arme : la petite perle indé « (500) Days of Summer »), parvenait à iconiser son protagoniste au moyen d’une réalisation inventive. A cela s’ajoute le manque d’ambition de la production : la pauvreté des décors, les effets-spéciaux bas de gamme, la photographie hideuse, le montage charcuté, la composition musicale faiblarde. Pourtant armé d’un budget on ne peut plus confortable (200 millions de dollars au bas mot), on se rend vite compte que celui-ci est passé dans ce qui s’affiche d’emblée comme étant le véritable moteur de ce « No Way Home » : le sacro-saint fan service et son lot de références, citations, easter eggs, caméos et autres demi-surprises censées affoler l’applaudimètre.

« Si j’existe, c’est d’être fan »

Rêvé, conceptualisé, fabriqué pour caresser le spectateur dans le sens du poil et répondre à ses attentes, ce film carbure à la nostalgie et se repose simplement sur les flatteries. Son objectif n’est pas de vous surprendre mais de faire vibrer la corde sensible en demeurant le doudou qui vous réconforte. D’ailleurs, il ne tente rien d’autre que ce soit dans sa dimension narrative ou visuelle. A aucun moment, le réalisateur ne semble vouloir emprunter une voie artistique. Ce dernier se contente de vous livrer un produit prosaïque et stérile usiné non pas par des créatifs mais bien par des commerciaux dont l’unique visée est la prime de fin d’année. Et pour être certains d’atteindre les objectifs établis, ils vont se rappeler aux bons souvenirs des némésis phares de la saga. Et ils ont dépensé sans compter. Vous allez en manger à vous en faire péter la sous-ventrière. Pas moins de cinq antagonistes se partagent l’écran. Sauf que trop is te veel. La moitié fait de la figuration et ne sert qu’à alimenter la campagne de promotion. Reste que c’est aussi là que se situe la plus belle qualité du film : sa générosité pop-corn. Action (débridée), humour (discount), romance (neuneu), cet épisode distille aussi une énergie folle qui vous occupe les mirettes, à défaut des neurones, durant les 2h28.

Faute de grives, on mange les merles

On rêvait naïvement d’un film-somme avec de vraies qualités artistiques, un brin de singularité et quelques prises de risque, on se contente finalement d’une copie conforme aux désirs de la majorité des geeks accros à la pop culture. Le constat est rude et bien connu : la créativité ne paie plus, même dans le genre des super-héros (Watchmen et The Dark Knight commencent à sérieusement dater), et le grand public se désintéresse totalement des superproductions originales, comme en témoigne le cinglant revers essuyé au box-office mondial par le récent « The Last Duel » de Ridley Scott. Pas étonnant qu’Hollywood assure ses arrières, protège ses comptes en banque et ne donne in fine que ce qu’on lui demande. On a définitivement les films qu’on mérite…

Note: 

Critique : Professeur Grant

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