King Richard

 

Focus sur la personnalité de l'entraîneur de tennis Richard Williams, père des joueuses mondiales Vénus et Serena. Il n'avait aucune expérience dans le sport mais lorsque ses filles ont eu quatre ans, il a élaboré un plan de 78 pages décrivant l'entraînement des futures championnes. Les sœurs Williams sont devenues deux des plus grandes joueuses de l'histoire du tennis. Serena est sans conteste la meilleure tenniswoman de tous les temps, avec 23 victoires en tournois du Grand Chelem. Venus Williams a remporté sept titres en Grand Chelem.



Will Smith : du Fresh Prince au King Richard

Avec « King Richard », biopic centré sur la figure paternelle qui a fait des sœurs Venus et Serena Williams les championnes des courts tennistiques que tout le monde connaît, Will Smith entend claironner que sa carrière en dents de scie n’est pas uniquement jonchée d’immondes navets (Suicide Squad, After Earth, Gemini Man, Bright) et de divertissements pop-corn décérébrés (Bad Boys, Men in Black, Independence Day, Hancock). Le Fresh Prince of Bel-Air tient à montrer à qui veut le voir que sa filmographie s’est également bâtie sur des drames reposant eux-mêmes sur des rôles de composition avec lesquels il a pu exprimer toute l’étendue de son jeu. Et le spectateur de se rappeler au bon souvenir de métrages tels que « The Pursuit of Happiness » et « Ali » pour les plus connus, mais aussi « Concussion » ou « Six Degrees of Separation » passés sous les radars.

Masterplan

Avec « La Méthode Williams », le quinquagénaire tient là un nouveau personnage à la hauteur de son immense talent, aux antipodes des costumes de héros sans profondeur auxquels on le cantonne trop souvent. Et avec à la clef, une nomination à l’Oscar, s’il vous plaît. Et s’il brigue la statuette dorée, ce ne serait pas volé tant sa performance, entre génie et folie, s’avère d’une incroyable maîtrise. Ce dernier parvient à rendre la folle complexité du patriarche visionnaire. Une incarnation toute en nuances et en subtilité d’un homme aussi obstiné que têtu qui se cramponne contre vents et marées, envers et contre tous, non pas à son rêve, mais à son plan. Un masterplan qui prend la forme d’une bible de 78 pages décrivant l’entraînement de ses futures championnes. Inflexible, rien ni personne ne pourra entraver son projet, quitte à s’opposer aux entraîneurs professionnels aguerris.

Casting aux petits oignons

Si l’ogre Will Smith attire naturellement la lumière et dévore toutes les scènes de son appétit insatiable, le reste de la distribution est au diapason. Que ce soit le casting de la sororité Williams où chaque jeune comédienne parvient à tirer son épingle du jeu pour former une famille authentique ou le choix des seconds rôles adultes. A ce propos, si le talent dingue du sous-estimé Jon Bernthal (alias the Punisher dans la série Marvel éponyme sur Netflix) n’est plus à souligner, ce dernier parvenant à chaque fois à se fondre dans son personnage quel que soit le genre auquel il est associé, on retiendra également la très belle prestation d’Aunjanue Ellis (vue récemment dans la série HBO Lovercraft Country) donnant une réelle profondeur à Oracene Williams, mater familias, pilier et roc inébranlable de cette tribu.

Classicisme lénifiant

Seule ombre au tableau : un classicisme lénifiant tant dans le fond que dans la forme. La mise en scène d’une platitude désolante et le récit beaucoup trop lisse que pour donner du corps à l’ensemble plombent un film qui manque cruellement d’envergure et de personnalité. Jamais, le tandem formé par le réalisateur Reinaldo Marcus Green et le scénariste Zach Baylin ne parviendra à donner du relief à cette success-story. Si le duo s’attache à peindre un portrait intimiste de ce père protecteur prêt à tout pour atteindre son but, il ne réussit jamais à exploiter le sport qu’il décrit. Le tennis est une discipline mentale où la rage côtoie la frustration. On ne sent jamais cela à travers l’œil de la caméra. Le traitement s’avère beaucoup trop sage et c’est peut-être une conséquence de sa production, la famille Williams étant directement impliquée.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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