The Unbearable Weight of Massive Talent
Nicolas Cage est maintenant un acteur endetté qui attend le grand rôle qui relancera sa carrière. Pour rembourser une partie de ses dettes, son agent lui propose de se rendre à l’anniversaire d’un dangereux milliardaire qui se révèle être son plus grand fan. Mais le séjour prend une toute autre tournure, lorsque la CIA le contacte, lui demandant d’enquêter sur les activités criminelles de son hôte. Nicolas Cage va devoir jouer le rôle de sa vie et prouver qu’il est à la hauteur de sa propre légende.
Nicolas
Cage dans le rôle de sa vie
Nicolas Cage incarne
Nicolas Cage dans « The Unbearable Weight of Massive Talent »,
astucieusement adapté en français (pour une fois) en « Un Talent en Or
Massif ». Au menu : autoportrait, autocitation, autocritique,
autodérision. Le quinquagénaire égotique joue avec son image publique, un peu à
la manière de The Muscles from Brussels
dans le « JCVD » signé Mabrouk El Mechri. Un film totalement méta au
pitch imparable qui vaut tant pour son concept totalement farfelu que pour son
interprète azimuté qui cabotine à l’envi, et ce pour le plus grand plaisir de son
fan-club. Au creux de la vague, après ses innombrables séries B voire Z, et endetté
jusqu’au cou, l’acteur décavé est contraint d’accepter « une offre qu’on
ne peut refuser » en jouant les guest
de luxe lors de l’anniversaire d’un dangereux milliardaire, lequel se révèle
être son plus grand admirateur. Mais le séjour sous le soleil tranquille de
Majorque prend une tout autre tournure, lorsque la CIA lui demande d’espionner
les activités criminelles de son hôte. La superstar va devoir jouer le rôle de
sa vie et prouver qu’il est à la hauteur de sa propre légende.
The
Nick Cage Show
Délicieusement méta,
décalé, cathartique et conceptuel, ce « Nick Cage Show » sacrifie à
la mode de la mise en abyme et le fait, il faut bien l’admettre, de manière savoureuse
et jouissive. Un festival d’exubérance qui se révèle être une régalade pour
tous les cinéphiles et cinéphages biberonnés aux œuvres des eighties et des nineties dans lesquelles figurait le neveu de Francis Ford Coppola. Tous ces
blockbusters (Rock, Face/Off, Con Air, Snake Eyes), mais aussi ces films d’auteur
(Arizona Junior, Birdy, Leaving Las Vegas, Bringing Out The Dead)
qui ont façonné le mythe. Pour rappel, de grands noms jalonnent sa filmographie.
Petite piqûre de rappel : les frères Coen, David Lynch, Brian De Palma, Martin
Scorsese, Ridley Scott, Alan Parker, Oliver Stone, Andrew Niccol, John Woo, Werner
Herzog, Matthew Vaughn et évidemment Tonton Coppola. Qui peut se targuer
d’avoir autant de maestros du septième art dans sa filmo ? Ces metteurs en
scène cultes ont tous voulu enrichir leur métrage de ce « talent en or
massif ».
Massive
Talent
Justement, c’est
peut-être ce qu’il manque à ce film : un « massive talent »
derrière la caméra. Un cinéaste à la hauteur de la dinguerie du concept,
créatif dans sa mise en scène, armée d’une vision singulière et surtout capable
de transcender son sujet. Imaginez ce que l’association Spike Jonze/Charlie
Kaufman aurait pu produire si ces deux artistes avaient reçu le script entre
leurs mains, eux qui avaient jadis fait sensation avec l’excellent « Being
John Malkovich » et qui avaient déjà donné à Nicolas Cage l’un de ses meilleurs
rôles dans le malheureusement trop sous-estimé « Adaptation. »,
satire démente et schizo sur la Mecque du cinéma. Pas déshonorant, le travail
du réalisateur et co-scénariste Tom Gormican reste toutefois en deçà des
attentes, surtout au vu de l’idée de départ. Si le métrage démarre en trombe,
celui-ci s’essouffle à mesure que le récit progresse. La faute à une
réalisation impersonnelle, mais aussi aux faibles ambitions narratives d’un
scénario particulièrement paresseux qui manque d’épaisseur et se contente de la
formule éculée de la comédie d’action standard, prétexte à des séquences vues
et revues.
Pedro
Pascal, diamant brut
Résultat, un buddy movie somme toute assez classique
et prévisible, certes sans prétention, sans surprise et sans panache, mais pas
sans éclat. Car pour tous ceux qui ont grandi devant leur téléviseur avec ce
frappadingue de Nicolas Cage, ce divertissement, parsemé de références et de
dialogues savoureux, se présente comme un petit plaisir coupable, pas très
subtil il est vrai, mais suffisamment généreux que pour donner la banane et
retrouver le sourire. Nous ne sommes pas prêts d’oublier certaines scènes, à
l’instar des confrontations entre le Cage contemporain et son double hirsute
des années 80, moments qui valent leur pesant de pop-corn ! Par ailleurs,
outre la célébration du génie de cet acteur inaccessible, un autre comédien
brillant tire son épingle du jeu : Pedro Pascal. Notre Mandalorien préféré se montre irrésistible
dans le rôle du thuriféraire, totalement subjugué par son idole. Ensemble, ils
forment un tandem improbable et démentiel, à la fois touchant et désopilant.
Autrement dit, « The
Unbearable Weight of Massive Talent » est loin d’être parfait, mais il contient
suffisamment de ressources pour que le fan passe un bon moment de franche
rigolade. A contrario, si vous n’avez jamais compris le culte qui entoure
l’acteur et que vous semblez hermétique à son charme, passez votre chemin.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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