Air
Success stories
S’il y a une discipline sportive qui a le vent en poupe sur la petite
lucarne, c’est bien le basket-ball. Un phénomène qui va de pair avec le revival 80-90’s qu’on observe depuis une
quinzaine d’années. De nombreux amateurs du ballon orange se rappellent alors au
bon souvenir de l’âge d’or de la NBA avec les Larry Bird, Magic Johnson et
autre Michael Jordan. Récemment, on a eu droit à la docu-série à succès
« The Last Dance », centrée sur His
Airness justement, mais aussi aux films « High Flyng Bird »,
signé Steven Soderbergh, et « Hustle », magnifié par la belle performance
d’Adam Sandler. Toutes ces productions sont actuellement disponibles sur la
plateforme de streaming Netflix. N’oublions pas de mentionner la première
saison acclamée de « Winning Time : The Rise of the Lakers
Dynasty » produite par la maison HBO. C’est dans ce contexte favorable que
sort « Air » pour le compte d’Amazon Prime. Un long-métrage qui a
miraculeusement eu droit à une sortie en salles dans le royaume. Mais, pourquoi
un tel traitement de faveur ?
Be Like Mike
C’est que cette histoire inspirée d’une histoire vraie, comme le dit la
formule consacrée, détient malgré tout un petit potentiel commercial pour le
distributeur. Tout d’abord, son sujet, à savoir le partenariat historique
conclut entre la légende des Chicago Bulls Michael Jordan et la société Nike.
Une entreprise qui fait figure de petit poucet dans l’impitoyable monde des
équipementiers du parquet face aux mastodontes que sont l’indéboulonnable
Converse et le très branché Adidas, promotionné par les rappeurs en vogue de la
formation RUN-DMC. Alors que les sneakers
ne se sont jamais aussi bien vendues et que la « Air Jordan » se
négocie à prix d’or, tel un objet de collection, le streamer entend bien profiter de l’aura mythique de l’athlète
revenu au centre de l’attention médiatique. Autre argument : la
distribution. Avec sa rutilante dream
team composée de Matt Damon, Viola Davis, Jason Bateman, Chris Tucker,
Chris Messina ou encore Marlon Wayans, la production possède de solides
arguments pour toucher le grand public.
Ben is back
Derrière la caméra, c’est l’acteur-producteur-réalisateur Ben Affleck qui se charge d’orchestrer ces stradivarius pour qu’ils jouent tous la même partition. Encore jamais pris en défaut (Gone Baby Gone, The Town, Live By Night, sans oublier l’oscarisé Argo), le cinéaste est la dernière raison qui permet au studio de croire en son projet. Et de fait, sa cinquième réalisation s’affiche comme une incontestable réussite. Comme à l’accoutumée, le quinquagénaire filme avec métier un scénario passionnant. Sérieux, mais non dénué d’humour, le récit, plutôt malin et truffé d’anecdotes, progresse astucieusement en nous dévoilant les coulisses d’un contrat commercial juteux qui créera un précédent dans les relations entre sportifs de haut niveau et sponsors. Bien plus qu’une simple histoire de godasses ou de marketing, « Air » signe le portrait d’une clique de personnalités prêtes à prendre des risques pour se faire une place au soleil et, par-delà, satisfaire les actionnaires. Un pari gagnant qui donne à voir une certaine vision du monde capitaliste dans les Etats-Unis de Ronald Reagan.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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