The Naked Gun

 


Un seul homme possède des compétences… disons uniques… pour diriger la prestigieuse Brigade Spéciale et… sauver le monde, tout simplement ! Cet homme, c’est le lieutenant Frank Drebin Jr. — oui, vous avez bien lu — c’est lui qui suit les traces de son illustre père dans Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?



The Naked Gun : la saga culte exhumée

On ne misait pas un kopeck sur cette suite tardive et inattendue de la licence parodique The Naked Gun. Et pourtant, l’agréable surprise est bien au rendez-vous. Notre principale crainte : qui pour succéder aux ZAZ, le génial collectif de réalisateurs, scénaristes et producteurs américains composé des frères David et Jerry Zucker, et de Jim Abrahams, à qui l’on doit la désopilante trilogie culte des 80-90’s Y a-t-il un flic pour sauver la reine - le président - Hollywood ? Et dans la foulée : qui pour prendre le relais de l’inénarrable Leslie Nielsen, alias Frank Drebin, l’indécrottable et impassible lieutenant gaffeur, décédé en 2010 ? Et finalement : qui pour encore apprécier aujourd’hui l’humour référentiel cuisiné à base de gags visuels loufoques, de jeux de mots foireux et de dialogues truffés de contresens et de non sequitur, hormis les cinéphiles siphonnés du bulbe nés avant 1990 ? Sans oublier cette pierre d’achoppement : le slapstick et les polars ne sont guère plus à la mode de nos jours. Autrement dit, comment ce style de pastiche d’un temps révolu va-t-il être accueilli par la génération TikTok ? Bref, relancer cette franchise relevait de la gageure pour le studio Paramount.

Initials L.C. : Liam Neeson sur les pas de Leslie Nielsen

Qui l’eut cru ? Avant de passer l’arme à gauche, l’impayable Frank Drebin est parvenu à engendrer un rejeton, Junior, interprété par un Liam Neeson à contre-emploi avec une belle intensité dans son jeu (cf. ses rôles dans Taken et les autres séries B qui jalonnent sa filmographie depuis deux décennies). Et parce que les chiens ne font pas des chats, il suit les traces de son illustre daron dans la Brigade spéciale pour élucider des enquêtes criminelles. Ecrivons-le tout de go, l’Irlandais fait mouche dans le costume du lieutenant. A l’aise dans l’autodérision et le décalage comique, le septuagénaire se donne corps et âme, se livrant à de multiples pitreries tout en débitant des inepties avec sérieux. Nul doute qu’il saura titiller vos zygomatiques, si tant est que l’humour décérébré et le grain de folie des ZAZ agissent sur vous. Et c’est là la deuxième bonne nouvelle : la comédie burlesque fonctionne pleinement grâce à une écriture décomplexée (les savoureux monologues de notre héros), des seconds rôles tordants (Pamela Anderson et Paul Walter Hauser sont parfaits) et des facéties bien senties pour quiconque sait apprécier l’absurde (le running gag du café !) et un chouïa d’irrévérence (références volontiers provocatrices à des figures controversées telles que Bill Cosby, O.J. Simpson ou encore Elon Musk).

85 minutes pour rire

Comme à l’accoutumée, le récit, on ne peut plus sommaire, est un prétexte à une avalanche de situations rocambolesques, de bouffonneries saugrenues et de vannes pas piquées des hannetons. Plus que de nous décrocher des sourires timorés, le film ambitionne de nous fendre la poire. Et cela fonctionne par instants. Mission globalement réussie donc pour le réalisateur Akiva Schaffer et ses scénaristes qui parviennent à marcher dans le sillage des ZAZ pour assurer la filiation. Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? (en version française), c’est in fine un scénario léger comme l’été, bouclant son intrigue en 85 minutes montre en main, tout en soufflant un agréable vent de nostalgie dans les salles obscures, elles qui n’avaient plus vu de pantalonnades depuis la franchise Scary Movie. A ce propos, le sixième opus est annoncé pour juin 2026 avec le comeback des frères Wayans à la manœuvre. Et quand on regarde la popularité du genre horrifique (le retour des slashers, le succès de l’elevated horror, etc.), ces derniers n’ont que l’embarras du choix pour leurs délires potaches. De quoi attiser notre curiosité, à tout le moins. En attendant, Frank Junior nettoie la ville avec ses âneries. Et ça, c’est peut-être la meilleure manière de sauver ce qu’il reste d’Hollywood.

Note : 
Critique : Professeur Grant

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