This Is 40
Seul
homme à la maison, Pete est marié depuis des années à Debbie avec
qui il a eu deux filles, Charlotte et Sadie, âgées de 8 et 13 ans.
Pete aura bientôt 40 ans et le bilan est rude : Unfiltered Records,
la maison de disques indépendante qu’il a créée, bat de l’aile,
son père Larry, qui a récemment, et artificiellement, engendré des
triplés, compte éhontément sur son soutien financier pour nourrir
cette nouvelle famille, et à la maison, la vie n’est pas non plus
un long fleuve tranquille. Le quotidien avec Debbie et les filles est
une série de conflits et de complications sans fin. Quant à Debbie,
elle a ses propres difficultés professionnelles et filiales. Elle
essaie opiniâtrement d’être une épouse et une mère parfaite,
mais elle a un mal fou à négocier le virage de la quarantaine. Et
pour couronner le tout, leur aînée est en pleine crise de puberté.
Pete et Debbie ont atteint l’âge où le pardon, à eux et aux
autres, et le lâcher-prise sont des conditions sine qua non pour
parvenir à profiter du reste de leur vie... en évitant d’en
passer par le meurtre.
Intronisé pape du renouveau de la
comédie populaire américaine par les professionnels de la critique
cinématographique, on doit vous avouer que nous, de notre côté, sa présumée
virtuosité nous a toujours laissés de marbre. Certes, ses productions où il
officie en tant que metteur en scène valent parfois le détour, mais il n’y pas
non plus de quoi crier au génie. The 40-Year-Old Virgin et Knocked Up étaient
sympathiques tout au plus.
En revanche, son Funny People
avec Adam Sandler et Seth Rogen fut un véritable flop aussi prétentieux
qu’indigeste. Ni drôle, ni touchant, long et mou, son pénultième long-métrage
nous a laissé un souvenir désastreux. Un ratage total, un échec complet!
Du coup, le réalisateur minimise
les risques de déroute artistique et se retourne vers des personnages déjà
esquissés dans une fiction précédente. En effet, This Is 40 n’est autre que le
spin-off de Knocked Up. La tagline du film joue d’ailleurs sur cette relation
de proximité: «The sort-of sequel to Knocked Up».
L’originalité, ici, c’est qu’il
se base sur des personnages secondaires déjà-vu ailleurs pour les mettre en
avant-plan et y développer parallèlement un thème précis. Après la crise de la
soixantaine vue par Meryl Streep et Tommy Lee Jones dans Hope Springs l’année
passée, c’est au tour du cap de la quarantaine d’être passé au crible de la
comédie US.
Et pour donner de la chair à son
métrage, on retrouve les mêmes acteurs. Paul Rudd, fidèle de la galaxie Apatow
et Leslie Mann, madame Apatow à la ville, sont tout bonnement formidables en
couple en pleine crise qui a de plus en plus de mal à porter le poids des
années. Aussi sincère dans le traitement que lucide dans les situations
exposées, Judd Apatow semble avoir injecté beaucoup de lui-même dans cette
histoire qui ressemble à maints égards à un autoportrait.
La force du scénario est de mettre
en scène le quotidien d’une famille banale comme une aventure résolument
loufoque et singulière. Il n’y a certes rien de nouveau sous le soleil mais la
façon dont Apatow nourrit son récit de détails croustillants et sa manière de
lever les tabous sont tout bonnement savoureux.
Le cinéaste fait montre d’une
véritable dextérité dans l’écriture scénaristique. Son récit est riche en
fulgurances tragi-comiques et en références à la pop culture (Mad Men, Apple, Lady
Gaga, Lost, Friends, Green Day et le caméo du leader Billie Joe Amrstrong
etc.). Un film en phase avec son temps qui s’apparente à une radiographie
actuelle de la société bobo américaine avec ses nouvelles mœurs.
En résulte une comédie douce-amère
gentiment subversive sur le temps qui passe et l’érosion du désir.
Particulièrement bien écrit, on rit de bon cœur devant This Is 40 qui réussit
l’exploit de faire oublier le fiasco Funny People.
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
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