L’Écume Des Jours
L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.
Une déconvenue! Une déception
d’autant plus grande que les attentes sur l’adaptation cinématographique de
«L’écume des jours», chef d’œuvre littéraire de Boris Vian, étaient énormes.
Pourtant, sur le papier, tout partait dans le bon sens. Engager Michel Gondry (à
l’origine du merveilleux La Science des Rêves) et son imagination florissante
pour officier derrière la caméra était une évidence. La production s’est également
montrée fort lucide quant à la distribution en conviant le quatuor Romain
Duris, Audrey Tautou Gad Elmaleh et Omar Sy à l’aventure. Chacun trouvant ses
marques d’entrée de jeu. Et pourtant, nonobstant ces atouts, cela coince
quelque part.
L’inventivité et le génie visuel
du réalisateur d’Eternal Sunshine Of Spotless Mind sont irréprochables. Chaque
plan est truffé d’idées créatives comme le basculement en noir et blanc pour signifier
la décrépitude du film à mesure que le nénuphar (maladie de Chloé) progresse,
de gadgets faits de bric et de broc (le réveil, le pianocktail…), de surprises
etc. Seulement, cette virtuosité esthétique passe avant tout le reste. En
substance, la forme prime sur le fond. Or, le contenu, lui, est plutôt maigre.
Non pas en termes de qualité, mais bien en termes de quantité. Du coup, tirer une
simple historiette d’amour sur plus de deux heures, ça fait long. Très long.
Trop long!
Si la première partie met en
place l’univers délirant mais un chouia étouffant de Gondry, lequel prend un
malin plaisir à mettre en image les fantaisies exubérantes de Vian, la deuxième
partie, elle, manque de souffle. Le récit patine, les scènes durent une plombe
et demie et se répètent inlassablement. Les enjeux sont inexistants et l’ennui
prend part à la projection. Le divertissement espéré devient une lutte contre
le sommeil. De plus en plus soporifique, le long métrage peine à trouver un
épilogue qui ne vient que trop tardivement.
L’orgie visuelle déployée par
Gondry vampirise tout (acteurs, personnages, émotions) et noie finalement le
spectateur. Embourbé dans ses effets de style ostentatoires et harassants, le
film tue progressivement la poésie et ne laisse aucune place aux protagonistes.
Le brio formel et le lyrisme des images prennent le pas sur la dramaturgie. Gondry
a fait le choix de l’illustration au dépend des émotions. Un choix contestable
et contesté à l’unisson par la critique cinématographique à laquelle on se
joint. Bref, la greffe entre le matériau d’origine et la transposition
cinématographique est, au mieux, une demi-réussite.
En somme, L’écume des jours est d’une
inventivité visuelle folle mais d’une platitude narrative tout aussi
incroyable. Si on apprécie les élans oniriques, la mélancolie de la deuxième
partie, le monde perpétuellement fantasque offert par l’association
Gondry/Vian, on regrette par contre le sacrifice des personnages sur l’autel de
l’imagerie et le peu de considération apportée aux émotions qui passent
littéralement à la trappe. Une déconvenue!Note: ★★
Critique: Professeur Grant
Je n'ai pas osé m'attaquer à la critique de ce film, puisqu'étrangère à l'œuvre de Boris Vian. Cela dit, je trouve que " ** " c'est un peu sévère. C'est vrai, il y a quelques longueurs, et c'est vrai, tout repose sur "une historiette d'amour", mais la forme, le visuel est tellement bon que pour moi, ce film mérite quand même " *** " (oui, oui, 3).
RépondreSupprimer(Sinon, merci pour la critique de Shakespeare in Love [lecteur, lectrice, rends-toi sur notre onglet Videoclub, c'est fantastique], mais je dois encore une fois marquer mon désaccord ;-) ma critique viendra bientôt.)
Le visuel est sublime et l'interprétation sans fausse note, c'est d'ailleurs ainsi que je justifie les deux étoiles. Le hic, c'est que la forme doit servir le fond, et non le desservir! Ici, l'imagerie étouffe les personnages et les émotions. L'esthétique a beau être superbe, s'il emprisonne le contenu (plutôt maigre, comme susmentionné dans la critique), il perd de son efficacité. Deux heures et des poussières de fantaisies visuelles, c'est bien, mais c'est mieux avec une histoire qui tient la longueur. Or, on peut facilement réduire la durée du métrage à une heure quarante. Miche Gondry aurait ainsi évité des longueurs et quelques pertes de rythme. Cela dit, je reste convaincu qu'il n'y avait pas meilleur réalisateur pour traduire cinématographiquement Boris Vian et son "Ecume des jours"!
RépondreSupprimer