Grudge Match




Henry "Razor" Sharp et Billy "The Kid" McDonnen sont deux boxeurs de Pittsburgh propulsés sous le feu des projecteurs grâce à leur rivalité ancestrale. Chacun a eu l'occasion de battre son adversaire à l'époque de sa gloire, mais en 1983, alors qu'ils s'apprêtaient à disputer un troisième match décisif, Razor a soudain annoncé qu'il arrêtait la boxe : sans explication, il a ainsi brutalement mis fin à leur carrière à tous les deux.



Trente ans plus tard, le promoteur de boxe Dante Slate Jr., y voyant une occasion de gagner beaucoup d'argent, leur fait une offre irrésistible : monter sur le ring pour obtenir leur revanche une bonne fois pour toutes.





Les papys font de la résistance! Stallone contre De Niro. Sly face à Bob. Rocky Balboa Vs. Jack LaMotta. Ou plutôt Razor opposé au Kid. Il y a une foison de titres possibles pour un article de presse. Mais cette production s’intitule 'Grudge Match', soit un «Match Retour» pour tous les amateurs de cordes en chanvre avides d’un 'Rocky 7' ou d’un 'Raging Bull 2'. D’un réalisateur comme Peter Segal, metteur en scène de pantalonnades «tout juste» honnêtes (Anger Management, 50 First Dates) et de pitreries sans nom (La Famille Foldingue, Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood), on ne pouvait pas attendre une grande œuvre sur le sport, ni même un film sérieux sur la boxe. Ici, l’heure est à la comédie voire même à la parodie. Et, il faut le reconnaître, cela fonctionne. Armée d’une ribambelle de saillies bien senties, cette rencontre au sommet entre deux gloires du cinéma qui ont naguère fait leurs armes à l’écran au travers d'aventures pugilistiques est un régal pour les zygomatiques. Chacun en prend pour son grade avec des références «priceless» sur leurs œuvres cultes.


Si le métrage marche aussi bien, c’est que non seulement les dialogues sont désopilants mais aussi parce que nos deux monstres sacrés d’Hollywood se prêtent volontiers à l’exercice du pastiche. L’histoire ultra simpliste avec, évidemment, l'incontournable happy-end -obligatoire pour ce type de production, ressemble à du pur Rocky tourné en dérision. Et, entre nous, fans de la première heure, c’est un régal. Les acteurs secondaires participent également à ce festival du rire avec les mémorables joutes verbale qui se jouent entre les excellents Alan Arkin - le grand-père dans 'Little Miss Sunshine', c'est lui - et Kevin Hart, ce jeune afro-américain rappelant à bien des égards les Eddie Murphy et Chris Rock à leur apogée et qui cartonne en ce moment au box-off US avec 'Ride Along'. Seule Kim Basinger se demande se qu’elle fait encore devant la caméra. Dommage pour cette actrice emblématique qui fut un temps celle que le tout Hollywood s’arrachait. Les années 80 et 90 semblent déjà bien loin…



Saturée de bons sentiments et sans inventivité dans la mise en scène, cette fiction "tout ce qu'il y a de plus gentillet au monde" se déroule sans encombre grâce aux deux papys, lesquels assurent le spectacle en prenant un malin plaisir à se donner la réplique. Si l’émotion n’émerge pour ainsi dire jamais, le récit pullule, a contrario, d’une palanquée de moments jubilatoires. ‘Grudge Match’ s'avère en réalité une jolie surprise dont le charme opère grâce à l’étonnante symbiose des deux comédiens qui jouent à fond la carte de l’autodérision. A la lecture du synopsis, le cinéphile aurait pu craindre le pire, mais l’idée d’agencer le métrage sur le ton de la parodie fait mouche. Et, force est de constater que Sylvester Stallone, 67 ans, et Robert De Niro, 70 années affichées au compteur, s’en tirent mieux que prévu et prouvent qu’ils ont encore de beaux restes.



Note:

Critique: Professeur Grant

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