Saving Mr. Banks


Lorsque les filles de Walt Disney le supplient d’adapter au cinéma leur livre préféré, “Mary Poppins”, celui-ci leur fait une promesse... qu’il mettra vingt ans à tenir ! 
Dans sa quête pour obtenir les droits d’adaptation du roman, Walt Disney va se heurter à l’auteure, Pamela Lyndon Travers, femme têtue et inflexible qui n’a aucunement l’intention de laisser son héroïne bien aimée se faire malmener par la machine hollywoodienne. Mais quand les ventes du livre commencent à se raréfier et que l’argent vient à manquer, elle accepte à contrecoeur de se rendre à Los Angeles pour entendre ce que Disney a imaginé... 
Au cours de deux semaines intenses en 1961, Walt Disney va se démener pour convaincre la romancière. Armé de ses story-boards bourrés d’imagination et des chansons pleines d’entrain composées par les talentueux frères Sherman, il jette toutes ses forces dans l’offensive, mais l’ombrageuse auteure ne cède pas. Impuissant, il voit peu à peu le projet lui échapper... 
Ce n’est qu’en cherchant dans le passé de P.L. Travers, et plus particulièrement dans son enfance, qu’il va découvrir la vérité sur les fantômes qui la hantent. Ensemble, ils finiront par créer l’un des films les plus inoubliables de l’histoire du 7ème art...




Cinquante ans après sa sortie au cinéma, les studios Disney ont voulu rendre un vibrant hommage à l’incontournable chef-d’œuvre de la maison de Mickey: ‘Mary Poppins’. Avec ‘Saving Mr. Banks’, la major revient sur la genèse du projet et raconte le bras-de-fer artistique qui a opposé le producteur Walt Disney à l’auteure Pamela Lyndon Travers. Ce mano a mano fait suite à une longue période de tractations pour obtenir les droits d'adaptation sur grand écran.



En effet, l’histoire fut longtemps claquemurée dans ce que le jargon hollywoodien appelle le «development hell», soit ces scénarii sis dans les limbes qui peinent à aboutir en longs métrages pour toutes sortes de raison: budget pharaonique, auteur récalcitrant, méfiance des studios, réécritures etc. L’écrivaine aurait d’ailleurs résisté aux charmes du magnat des dessins animés durant une vingtaine d’années, ne voulant pas de scènes d'animations - la fameuse séquence avec les pingouins - qu’elle exècre particulièrement, ni de cette alacrité propre aux fantaisies disneyennes afin de rester dans l'esprit du livre.



L’un, artiste populaire notoire, entend faire du récit une grande œuvre familiale divertissante tandis que l’autre, Australienne austère et acariâtre, ergote sur chaque détail de l'histoire afin de ne pas dénaturer le propos. Le premier souhaite réaliser une promesse faite à ses filles, adoratrices du personnage emblématique, la seconde veut à tout prix garder intact la charge psychologique de son roman fortement inspiré de son propre vécu.

Tout l’intérêt de ce film réside dans cette confrontation tumultueuse entre la machine de guerre hollywoodienne prête à tout pour obtenir ce qu’elle guigne depuis tant d'années et la solitude de l’artiste, conscient de l’aura de son œuvre. Une situation connue naguère par Walt Disney himself lorsqu’il n’était encore qu’un animateur sans-le-sou et qu’un producteur véreux voulût obtenir les droits de la fameuse petite souris.

Le choc frontal entre la culture du marketing et le respect de l’œuvre est parfaitement rendu dans ce métrage charpenté sur d’incessants va-et-vient entre le passé traumatique de l’écrivaine et la pré-production du film. Un procédé qui peut fatiguer à la longue. Toutefois, ces flashbacks ne sont jamais superflus. Ils viennent constamment préciser un élément du récit ou une émotion et offre, in fine, une assise sensible à l'histoire. Quant aux transitions, celles-ci sont harmonieuses. Le montage a été soigné pour ne pas heurter la rétine.

L’autre aspect passionnant pour le cinéphile qui sommeille en vous se situe dans la monstration du processus de fabrication d’une œuvre majeure comme le fut 'Mary Poppins' à l'orée des années 60. Le script fait la part belle à ces moments véridiques où la romancière se trouve en délicatesse avec le scénariste, le compositeur et le parolier. Ces instants dans les coulisses de la production sont tout bonnement savoureux. A ce titre, profitez du générique de fin, celui-ci propose un précieux document d’archive.

Si Tom Hanks et Emma Thompson ne ressemblent en rien à leur personnage, leur jeu est à ce point excellent que l’on se fiche du mimétisme. Les personnages secondaires sont finement interprétés par un casting de choix où Colin Farrell, Jason Schwartzman, B.J. Novak, Bradley Withford s’en sortent avec les honneurs. Mention spéciale à Paul Giamatti, le chauffeur de P.L. Travers, qui prouve à nouveau qu’il est passé maître dans l'art de briller dans les seconds rôles.

A la fois drôle et émouvant, ‘Saving Mr Banks’ saura plaire tant aux ex-enfants bercés par les mélodies du classique de Disney qu’aux cinéphiles désireux de connaître l’histoire vraie derrière la fiction. Bref, vous l’aurez compris, c’est un film… un film heu… Comment dit-on, dans l'univers de Mary Poppins, lorsqu'on ne trouve plus les mots? Ah oui! C’est un film "supercalifragilisticexpialidocious!"

Note:
Critique: Professeur Grant

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