Noah



Russell Crowe est Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.









Hollywood qui adapte une légende biblique à la façon d’un péplum, on pouvait craindre le pire. Heureusement, comme l’arche de Noé, le film est sauvé du naufrage. Cela aurait pu carrément tourner au fiasco mais c’était sans compter le savoir-faire d’un cinéaste hors du commun: Darren Aronofsky (Requiem for a dream, The Wrestler, Black Swan).


Et pourtant, même pour lui, le projet était casse-gueule. Sur le fond, Noah est loin d’être une oeuvre sulpicienne et offre un compromis satisfaisant entre science et religion. Le réalisateur a en outre la bonne idée de simplifier le propos en évitant l’écueil des bondieuseries. Il allège le récit en balayant le grandiloquent d’un revers de main. Ainsi, pas de discours pompeux à la mords-moi le nœud au programme.

On regrettera seulement que le scénario se concentre uniquement sur le drame familial en oubliant l’arche lui-même. Loin de nous l’idée de vouloir un «Life of Pi 2», mais avec les ambitions quasi naturalistes du métrage, on était en droit de s’attendre à un huis clos plus palpitant.

Quant à la forme, l’Américain propose une dimension réaliste à son épopée apocalyptique. Il orchestre de façon intelligente le Déluge, c’est-à-dire sans emphase ni effets gratuits que l’on aurait pu craindre si la caméra avait été dans les mains d’un autre metteur en scène comme Michael Bay et son mésusage des images de synthèse.

Et bien que lesté d’effets spéciaux étouffe-chrétiens, le film évite la surenchère visuelle. Loin d’un style pompier, la mise en scène élégante et originale de cette fresque mythologique confirme l’envie de cinéma de Darren Aronofsky.

Âme tourmentée par ses chimères, Russell Crowe incarne non sans charisme un Noé déterminé, à la fois guerrier et pater familias. Si le reste de la distribution est correcte (Emma Watson, Jennifer Connelly), Logan Lerman, véritable histrion à bannir des plateaux de cinéma, se noie dans l’insipide et le grotesque.

Si l’on se doute que les croyants n’apprécieront pas (le Vatican n’a même pas voulu se prononcer), les mécréants, eux, ne sembleront pas discréditer cette œuvre baignée dans l’Ancien Testament.

Heureusement pour eux, le récit prend des libertés avec l’histoire de l’arche de Noé. Un parti pris qui n’est pas du goût de tout le monde dans la sphère religieuse, certaines organisations estimant que la superproduction de 125 millions de dollars (!) aurait dû être plus fidèle au sacro-saint texte. Amen.

Note:
Critique: Professeur Grant

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