Maleficent


Maléfique est une belle jeune femme au coeur pur qui mène une  vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son coeur pur en un coeur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa propre rédemption…




 
Les princesses ont le vent en poupe. Après Blanche-Neige en 2012 et avant Cendrillon en 2015 (revue par Kenneth Branagh), c’est au tour de la Belle au Bois Dormant d'avoir la possibilité de montrer son joli minois sur grand écran. Enfin… Petite précision au passage: si l’histoire s’inspire bel et bien du conte de Charles Perrault, c’est pour mieux s’en détacher par la suite. Ici, c’est Maléfique qui tient le haut de l’affiche. Aurore n’étant qu’un personnage secondaire.

Narrer le récit original à travers les yeux de la méchante relève du génie. Une merveilleuse trouvaille de la part de Disney qui se met - enfin! - à prendre des risques. Car ce n’était pas gagné d’avance. Sauf si notre profil psychologique s’apparente à celui d’un sociopathe notoire, s’attacher à un personnage aussi sombre, inquiétant et malfaisant n’est pas chose aisée. Pour dénouer le nœud du problème, les producteurs ont donc fait appel à la scénariste Linda Woolverton à qui l’on doit les chefs-d’œuvres oscarisés «The Lion King» et «The Beauty and the Beast».

Pour mieux susciter la sympathie du spectateur envers le protagoniste, l’Américaine imagine en prélude la jeunesse de l’héroïne. Une sorte de prequel où l’on apprend que, nonobstant son nom prédestiné à la méchanceté, elle fut une gentille gardienne de la forêt dans un monde où l’on croise tant des humains que des créatures magiques. Hum! Oui, on est bien chez Disney, ne le perdez pas de vue. Mais suite à une trahison, son cœur pur va se transformer en bloc de pierre. Et Maléfique de fomenter une vengeance envers le royaume des hommes, lesquels ourdissent également un complot contre la fée…

L’intelligence du scénario de Woolverton est d'avoir repris des éléments du dessin animé tout en les détournant, d'avoir créé une histoire qui tient la route sur base d’un récit existant sans que l’un vienne empiéter sur l’autre, sans que le premier soit une répétition du deuxième. La symbolique du baiser, le dragon, le prince charmant, les fées-marraines, tout y est mais vu d’une autre manière. Cette relecture moderne et résolument féministe (le paternel d’Aurore est un gros saligaud et le prince un bel incapable) surprend et parvient même à surpasser le «classique» de la maison de Mickey.

Cependant, Clyde Geronimi, papa de la version animée, pouvait se targuer d'avoir fourni une œuvre profondément sombre à l'imagerie glauque qui mettait presque mal à l'aise. Caractéristique visuelle complètement ignorée par Robert Stromberg (son premier film) qui propose davantage une esthétique colorée avec un soupçon de gothique à la Tim Burton. Si l'architecture globale manque singulièrement de personnalité en piochant ça (Alice aux Pays des Merveilles) et là (Avatar), les effets-spéciaux, léchés, assurent des tableaux oniriques d’une somptueuse beauté. Un peu brouillon dans les séquences d’action singeant la trilogie «The Lord of the Rings», le réalisateur, ex-superviseur expert d'images de synthèse, offre par contre des plans joliment exécutés jouant sur la lumière, les couleurs et les contrastes.

Mais que serait Maléfique sans le jeu idoine de l’actrice qui endosse le costume. Angelina Jolie est parfaite et livre une interprétation tout en nuances de cette femme en quête de rédemption. A la fois délicate, émouvante et effrayante, madame Pitt s’est offert un très beau rôle qui lui sied à ravir. Une jolie porte de sortie pour celle qui a d’ores et déjà déclaré qu’elle ne se consacrerait plus qu’à la mise en scène (après un petit détour dans la peau de Cléopâtre). On attend d’ailleurs avec impatience son «Unbroken» basé sur l’histoire vraie de l’athlète olympique américain Louis "Louie" Zamperini qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, a survécu durant 47 jours sur un canot de sauvetage. Il fut ensuite capturé par la marine japonaise et envoyé dans un camp de prisonniers. Et au regard de la première bande-annonce, ça fleure déjà bon les Oscars…


Note:
Critique: Professeur Grant

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