Tokyo Fiancée


La tête pleine de rêves, Amélie, 20 ans, revient dans le Japon de son enfance. Pour gagner sa vie, elle propose des cours particuliers de français et rencontre Rinri (Taichi Inoue), son premier et unique élève, un jeune Japonais avec lequel elle noue une relation intime. Entre surprises, bonheurs et déboires d'un choc culturel à la fois amusant et poétique, elle découvre un Japon qu'elle ne connaissait pas...



 
Présenté au festival international du film de Toronto, 'Tokyo Fiancée' est le dernier film de Stefan Liberski (fondateur de la troupe les Snuls), le réalisateur de 'Bunker Paradise' (2005) et 'Baby Balloon' (2013). Acteur, réalisateur, scénariste, écrivain, l'homme collectionne les casquettes. 'Tokyo fiancée' est adapté du roman d'Amélie Nothomb « Ni d’Ève ni d’Adam » (paru à l'étranger sous le nom « Tokyo Fiancée »).

Des films, il y en a pour tous les goûts et ils sont déclinés dans toutes les couleurs (et sous tous les formats). Passé ce constat, il est intéressant de définir dans quel registre le film se classe. 'Tokyo Fiancée' est une comédie romantique. Comédie car le film est rempli de sketchs ça et là. Sketchs qui ne sont pas sans rappeler 'Lost In Translation' avec ses gags sur la culture japonaise. Les comiques de situation liés aux différences culturelles font mouche. Romantique enfin, puisque le long-métrage est centré sur une histoire d'amour... ou plutôt, une histoire à propos de l'amour. 

Avec son histoire universelle, 'Tokyo Fiancée' parle d'un choc culturel. Amélie (Pauline Etienne, vue dans 'Qu'un Seul Tienne et les Autres Suivront', 'L'autre Monde' et plus récemment 'La Religieuse') a grandi au Japon. Déracinée dès son plus jeune âge, elle reviendra au pays du soleil levant. Et cette version adulte de la petite Amélie ne parviendra pas à s'intégrer dans cette société nippone. La faute à une culture trop différente.

Passage à l'âge adulte, sensualité, étrangeté, fascination pour la beauté, tels sont les thèmes mis en exergue pendant cette balade nippone des plus plaisantes.

Dégustation de kakis, bains publics, nudité dans les sources thermales, la sensualité occupe une place importante, comme pour satisfaire l’œil du spectateur. 

Niveau réalisation, Liberski accouche d'un film qui captive les pupilles. La réalisation est plutôt soignée. On retrouve même un long plan-séquence dans une scène de dîner avec deux geishas au sourire narquois. Mention spéciale aux costumes colorés qui donnent au film un côté pêchu. 

Cependant, les scènes où Amélie s'imagine écrivaine sont faciles. Le sentiment que certaines scènes soient rushées persiste jusqu'au bout de la projection.

On retrouve une dualité entre l’ancien (Mont Fuji, grands espaces, kimonos, etc) et le moderne (voire l'ultramoderne lié à la société nippone avec les robots de cuisine et autres fondues au plastique). On peut même établir un lien entre, d'une part, le confinement de l’appartement d'Amélie et sa discrétion et, d'autre part, le Japon et un luxe ostentatoire.

Liberski ne se contente pas de porter 'Ni d’Ève ni d’Adam' à l'écran puisqu'il se permet quelques libertés. Pour commencer, le réalisateur fait le choix de moderniser le récit (qui se déroule dans les années 90) en le plaçant en 2011. Inhérent au Japon d'aujourd'hui, le désastre de Fukushima est ainsi mêlé à l'intrigue. Ensuite, Liberski fait le choix de ne pas montrer le poste qu'Amélie décroche au Japon, de peur que son film ne chevauche le travail du tandem Alain Corneau/Sylvie Testud (cfr. L'adaptation de 'Stupeur et tremblements' sortie en 2003).

La narration voix off vient rapprocher le film de l’œuvre originelle. 

Au bout du compte, 'Tokyo Fiancée' se regarde sans trop de réticences, de consultation de montre ou même de soupirs. Le film est visuellement mignon même s'il n'est pas parfait. Cette quête pour se définir en tant qu'écrivaine (pour le personnage) fait écho à la quête pour se définir en tant qu'actrice (Pauline Etienne), ainsi que celle de Liberski pour se définir en tant que réalisateur. Pour Pauline Etienne, le chemin est tout tracé.

Note:
Critique: Goupil


Autre critique, autre point de vue. «Tokyo Fiancée» vu par le Professeur Grant:



Devant la caméra: une Bruxelloise. Derrière: un Bruxellois. Quant à l’histoire, on la doit - je vous le donne en mille - à une Bruxelloise. Le film a beau s’intituler «Tokyo Fiancée», la capitale de l’Europe est bien représentée au pays du Soleil levant. 

On le voit, Stefan Liberski est animé par une soudaine soif de cinéma. Un an après «Baby Balloon», son précédent long métrage, le réalisateur ixellois nous revient dans les salles obscures avec cette bluette nippone adaptée du roman «Ni d’Ève, ni d’Adam» d’Amélie Nothomb.

A la fois drôle, touchant et poétique, «Tokyo Fiancée» est une petite sucrerie acidulée aussi légère que rafraîchissante. Le metteur en scène propose au tout-regardant une chronique onirique tendre et comique garantie 100% «made in Japan», soit un peu d'exotisme histoire d’adoucir un automne qui reprend de plus en plus ses droits. 

Au moyen d’une mise en scène frivole (les projections de l'imaginaire d'Amélie) et lascive (initiation à la sensualité) et à l'aide d'une esthétique colorée qui rappelle un tantinet «Toto, Le Héros» (avec, tiens, tiens, un autre Bruxellois à la barre, soit Jaco Van Dormael), Stefan Liberski dresse un portrait enluminé de la métropole tokyoïte, théâtre d’une délirante escapade amoureuse où les protagonistes se demanderont s'ils s'aiment ou s'ils chérissent uniquement l'idéal que représente l'un et l'autre.

L’ex-Snuls qui signe ici une adaptation libre (l'accident de Fukushima est évoqué) mais non moins réussie du roman d’Amélie Nothomb, filme avec fantaisie une éblouissante et charmante Pauline Etienne que l’on (re)découvre dans un registre nettement plus solaire (on pense à Amélie Poulain) que celui de «La Religieuse» de Guillaume Nicloux dans lequel on l’a découverte l’année dernière. L’Ixelloise, qui peut déjà se targuer d’être en possession de deux Magritte du cinéma dans son salon, réalisait alors une performance ahurissante.

Sans le savoir et avec seulement vingt-cinq printemps affichés au compteur, la petite fiancée du septième art belge est en passe de devenir une grande comédienne. Rayonnante de bout en bout, c'est fou de voir comment la peau de la jeune actrice prend le soleil, attire la lumière. Qu'on se le dise, à ce niveau-là, Pauline Etienne n'est plus une révélation mais bien une confirmation.

Faisons fi de la voix-over trop prégnante - voire omniprésente - ainsi que du manque de singularité de la réalisation et apprécions «Tokyo Fiancée» tel qu'il est, soit une romcom badine, surprise ensoleillée de cette frileuse saison. Nippon, ni con, juste bon!

Note:
Critique: Professeur Grant

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