Bilan 2014 - le "Flop 5" du Professeur Grant

Après le «Top 10», place au «Flop 5» du Professeur Grant. Une mise en garde avant tout: qu’on se comprenne, il n’est pas question ici de répertorier les plus gros navets de l’année mais plutôt de présenter ces films attendus qui n’ont pas tenu leurs promesses.
Retour sur cinq "hénaurmes" déconvenues:

 

 

1. Transcendance


 

On a rarement vu un long-métrage dérailler aussi vite. On éprouve même quelques difficultés à se remémorer une catastrophe artistique similaire où rien, strictement rien, n’avait fonctionné du début à la fin. N’y allons pas de main morte, l’échec est total. «Transcendance» transcende que dalle!


Le maillon faible: Wally Pfister. Eduqué à l’école de Christopher Nolan, n’est pas le réalisateur du chef-d’œuvre «Inception» qui veut. Le modèle est lourd à porter. Pfister n’en a cure. Pourtant, ce dernier n'a pas la carrure et il le sait. Du coup, ce qui devait arriver arriva. Résultat: la référence lui tacle ses frêles béquilles. Le profane s’effondre à l’image de son premier film où rien ne tient debout.


Si de bonnes idées traversent ce récit futuriste (l’amour désincarné, les limites à l’intelligence artificielle, la sauvegarde de la mémoire etc.), le tâcheron, décontenancé avec son scénario décousu et paresseux, peine à rendre le propos crédible, l’ensemble tournant dès le premier quart d’heure au ridicule. Et cela se finira en eau de boudin...


Formaté, apathique et convenu, le métrage se fourvoie en sus dans des discours écolo-humanistes prolixes et abstrus tuant le peu de rythme déjà insufflé au métrage. Un comble pour une superproduction censée rivaliser avec les autres blockbusters estivaux. Il nous tarde de connaître ses récompenses lors de la prochaine cérémonie des Razzie Awards. Pire film? Pires acteurs? Suspense! 


Dans cette mission de sabotage d'une idée de départ pourtant louable, le casting a tout de même réussi son pari: se surpasser dans la médiocrité. De Johnny Depp à Rebecca Hall en passant par Morgan Freeman ou Paul Bettany, tous cabotinent péniblement. Vus comme des produits d’appel aux yeux des producteurs, ces histrions jouent au service minimum. Pathétique.


Plus qu’une veste, davantage qu’un bide, «Transcendance» est un fiasco intégral voire un accident industriel. Soyez prévenu, rien n’arrache le spectateur à son insondable ennui. Un nanar de luxe à oublier au plus vite.

 

2. The Monuments Men

 

 

 

 

Une monumentale déconvenue! Voilà, c’est écrit. Un thème passionnant, un casting cinq étoiles et un budget considérable avec des dollars à foison ne font pas forcément un bon film, ni même un film à vrai dire. Preuve en est avec le fort convenu «The Monuments Men». Si le but de George Clooney, à la fois devant et derrière la caméra, de rendre hommage aux métrages de guerre des années 60 est louable, le traitement utilisé laisse carrément à désirer.


Le hic, c’est que le réalisateur ne trouve pas le ton adéquat ni le bon équilibre entre le film d’aventure et la comédie de potes. Le rendu final est bien trop artificiel que pour réellement intéresser. En outre, cela sonne souvent faux à l’image de la distribution à l’image du rôle tenu par Cate Blanchett. L’actrice n’est pas une ‘Monuments Men’, non, elle est plutôt le fruit d’une monumentale erreur de casting – avec tout le respect que l’on a pour la comédienne oscarisée pour «Blue Jasmine». On ne comprend toujours pas pourquoi l’ex-docteur Ross de la série «Urgences» a pris une Australienne pour jouer… une Française. Wtf?


Qu’on se le dise, on frise le ratage complet. Basé sur une histoire vraie fascinante et pourtant méconnue du grand public, la nouvelle production de George Clooney n’est clairement pas à la hauteur. L’Américain passe complètement à côté de son sujet. Trop léger pour un thème qui méritait un traitement plus subtil, plus fin, plus pointilleux, «The Monuments Men» ne possède aucune crédibilité historique et du coup peine à susciter l’intérêt du cinéphile. En sus, c’est filmé beaucoup trop sagement pour un film de guerre, le charmeur de ces dames se contentant d’avancer plan par plan. Résultat: une réalisation amorphe, bancale, pas du tout inspirée.


Mais le véritable nœud du problème se situe au niveau du scénario. Un récit erratique voire - allons-y gaiement - catastrophique. Il n’y a pas vraiment de trame ou ne serait-ce qu’un semblant de ligne directrice. On a plutôt affaire à une suite de scènes laborieuses qui s’enchaînent sans trop de cohérence. Apparemment résilié par les rushs, le monteur ne s’est même pas contenté d’essayer de fournir un métrage homogène. Aucun enjeu, pas de tension dramatique ni d'aventures trépidantes, bref, on nous sert un produit mollasson proche du film à sketchs. Du coup, en ce qui concerne le suspense, vous êtes invités à vous le carrer très précisément là ou vous le pensez. Trop aimable, George!


What else? Eh bien, justement, évoquons le casting. Si chaque comédien a droit à son moment de bravoure, les voir cabotiner est un insoutenable supplice pour le cinéphile qui ne reconnaît pas là les acteurs qu’il a autrefois apprécié dans des fictions beaucoup plus inspirées. John Goodman est une caricature, Bill Murray joue l’économie de moyen, Matt Damon se révèle particulièrement fade, Jean Dujardin se contente de montrer sa fraise. Même George himself semble tout doucement se rendre compte que sa production patriotarde tourne en eau de boudin. Seuls Bob Balaban et Hugh Bonneville ont l’air d’y croire un tantinet.


En somme, le film ne vole pas haut. Pire, il ne décolle jamais. Et malgré cela, on n’a pas évité le crash! Une réelle déconfiture aux allures de naufrage artistique.

 

3. American Hustle

 

 

Rien ne nous prédisposait à cette escroquerie qualitative. Car le prétendant à l’Oscar du «Meilleur film» est loin d’atteindre les ambitions que la production s’était donnée à l'origine, soit un vague hommage au cinéma de Martin Scorsese. Nous, on est resté de marbre. Surtout en ce qui concerne le scénario pourtant cité par l’Académie. Ne tergiversons pas, le storytelling est catastrophique. Un récit inutilement complexifié qui flotte sans trop savoir où il va. L’intrigue se traîne et le film, lui, tire en longueur et tourne à vide. L’ennui guette le spectateur à chaque scène.


Les scénaristes ne parviennent pas à donner du souffle et s’attardent sur des scènes superfétatoires, uniquement présentes au montage pour saluer l’excellent travail de l’équipe en charge des costumes et des coiffures sur le look seventies des comédiens. Mouai. Voilà enfin des nominations méritées pour cette arnaque de 2h17, entendez une plombe et demie. Une durée exagérée qui engendre des comportements inédits de la part de l’audience confortablement installée dans la salle de cinéma: ronflements, bâillements et autres absences du style regarder sa montre, titiller l'oreille de son voisin ou jouer à ‘Angry Birds’ sur son smartphone. Et ce ne sont pas les tics de mise en scène de O. Russell servis ad nauseam qui vont alléger la séance. C’est quoi ces travellings foireux? Trop is te veel!


Heureusement que ce dernier s’est entouré de comédiens chevronnés pour donner corps à ce téléfilm bling-bling. Voyez plutôt: Christian Bale, Bradley Cooper, Amy Adams, Jennifer Lawrence, Jeremy Renner ou Robert De Niro. Ils sont tous parfaits. Au final, beaucoup d’esbroufes, de poudre aux yeux pour pas grand-chose. Ce qui était censé être une comédie enlevée se révèle finalement être une parodie vaine voire une farce involontaire.

 

4. The Expendables 3

 


 




Salut Les Musclés, le retour! On prend les mêmes has-been et on recommence. La gérontocratie Expendables revient donc faire du culturisme dans les salles obscures, deux ans après qu’un dénommé Jean Vilain (!), alias Jean-Claude Van Damme, ait semé le trouble dans cette équipe de mercenaires bodybuildés. Comme d’hab’, sainte orgie de testostérone et nostalgie d’un certain cinéma d’action «con mais bon», comme le dit la formule consacrée, sont les ingrédients principaux d’un grand huit pyrotechnique où, à l'instar des deux autres rounds, le scénario est purement anecdotique, prétexte à d’improbables séquences de feu d’artifice.


Enchaînant le meilleur (l’évasion de l’introduction) comme le pire (la guérilla urbaine de la conclusion), ce nouvel opus souffre surtout d’un manque de fraîcheur. L’acteur-auteur-producteur Sylvester Stallone, 68 printemps, s’est reposé sur ses lauriers et nous sert exactement le même cocktail quitte à tuer le spectateur par overdose. D’ailleurs, le final tiré en longueur vous assommera à coup sûr. Rien de neuf, rien d’original, rien de mémorable à épingler cette fois-ci. La formule vintage est devenue bien trop mécanique et attendue. La routine s’installe et l’ennui guette à la porte. Juste une troisième pétarade répétitive sans trop de saveur. 


Même du côté de la mise en scène, on ne peut pas dire qu’il y ait quoi que ce soit à se mettre sous la dent. Surtout si on compare ce pétard mouillé à la grosse claque de l’année, «The Raid 2». Mais le jeune réalisateur Patrick Hughes ne peut être tenu entièrement responsable de cette déroute. L’Australien est sauvé du bûcher grâce à quelques circonstances atténuantes. Explications. La production lui a imposé un classement «PG-13». Traduction: déconseillé au moins de treize ans. Soit l’obligation pour le cinéaste de livrer un film quasi familial sans effusion d’hémoglobine, dépouillé de toute scène explicitement violente. Autrement dit, sans le sel qui a construit la réputation de la franchise. Pour rappel, les deux premiers épisodes avaient été classés «Rated-R», c’est-à-dire interdit au moins de dix-sept ans. Ou quand «The Expendables» devient une saga pour fiottes… Bref, pas folichon tout ça. 

 

Pourtant, Sly a bien tenté d’ajouter quelques nouveautés pour espérer se détacher du déjà-vu. Ainsi, le récit rajeunit ses cadres et convoque une nouvelle équipe de jeunots, histoire de rallier la génération Y au style «old school». Mais là, c’est l’erreur de casting qui plombe le métrage. Les recrues Kellan Lutz, Ronda Rousey et autres Victor Ortiz n’ont pas le tiers du quart de la moitié du charisme des Stallone, Statham et Schwarzy au début de leur carrière. Navrant! Et pourquoi pas l’autre histrion de Robert Pattinson tant qu’on y est ? Il va être beau l’avenir du cinéma d’action bourrin… 


Les producteurs ont également convié de nouvelles gueules du cinéma afin de justifier ce troisième volet aux yeux des spectateurs avec un argument marketing imparable. Ainsi, après des années d’absence, on se réjouit de revoir Wesley Snipes, véritable surprise du film. L’acteur, en roue libre, n’a rien perdu de son plaisir à jouer devant la caméra. Autre bonne pioche, Mel Gibson, à nouveau convaincant dans le rôle du bad guy sans scrupule après avoir joué les méchants l'année dernière dans «Machete Kills». Même Harrison Ford s’invite à cette boom-party des papys durs à cuire. Indiana Jones n’ayant aucun mal à prendre sa place dans cette escouade de casse-cous. A ses côtés, Antonio Banderas, aux antipodes du Mariachi, cabotine joyeusement en héritant du rigolo de service. «Le Chat Potté, sors de ce corps!». 


Au final, cette nouvelle réunion de famille de nos action men favoris se laisse regarder sans trop de mal; les Musclés se contentant de faire ce dans quoi ils excellent: la guerre. Mais pour le numéro 4, il va falloir proposer autre chose qu’un simple revival d’un actionner à l’ancienne sous peine d’enterrer définitivement la franchise. Car au sortir de la projection, ce blockbuster, aussi honnête soit-il, laisse une impression mitigée. Comme si on s’était baladé dans un musée de cire où l’on a tenté vaille que vaille de faire revivre un genre révolu issu d’un passé glorieux. En vain. Et si la production engageait un véritable scénariste/réalisateur la prochaine fois?

 

5. The Amazing Spider-Man 2

 

 

Le micro (n’exagérons rien) enthousiasme du premier opus est bien vite oublié avec la suite de cet «Amazing Spider-Man» qui n’a d’«amazing» que le titre. Ce deuxième volet ne doit son salut que grâce à l’interprétation sans faille de Jamie Foxx, alias l’électrisant Electro. Ce bad guy que l’on croit tout droit sorti des cauchemars d’Electrabel et Schneider Electric est, de fait, l’élément le plus intéressant d’une superproduction qui peine terriblement à se détacher de son carcan de déjà-vu. Marc Webb devenant de plus en plus un filmmaker, entendez un faiseur, plutôt qu’un artiste dont l’ambition est de montrer autre chose que la précédente saga.


Car, pour nous, la trilogie de Sam Raimi se suffisait largement à elle-même et ne nécessitait pas de reboot, ou alors uniquement une copie revue et corrigée par un véritable esthète à l’imagination débordante qui pouvait amener un complément tant sur les thèmes et la psychologie des personnages que sur le traitement technique et la mise en scène.


Ici, la romance est tirée en longueur et les dialogues, si pauvres, donnent la nausée. Même Andrew Garfield, en freestyle total, dénote avec l’esprit et provoque des relents disgracieux. Lui qui était si fin dans «The Social Network» dégringole ici en plein surjeu. Par ailleurs, Sam Raimi se montrait plus mature dans le traitement des enjeux moraux liés au statut de super-héros: dédoublement de la personnalité, l’incapacité d’allier responsabilité civile et amour passionnel, la gestion des pouvoirs conférés etc. Se contentant du retour peu ou prou positif du premier épisode, Marc Webb, sur ses lauriers et les pieds en éventails, galère un max à susciter ne serait-ce qu’une once d’intérêt.


Si Emma Stone s’en sort plutôt bien dans le jeu ingrat de la potiche de service qu’il faut constamment sauver, on regrette le traitement bâclé du personnage joué par Dane DeHaan, alias le Bouffon Vert, personnage crucial et emblématique de l’univers de l’homme-araignée. Quant à Paul Giamatti, une interrogation: qu’est-ce qu’il vient faire dans cette galère avec son rôle ridicule de terroriste russe et… rustre? Qui a dit pléonasme? Bande de langues de vipère! Peut-être le cachet a-t-il pu couvrir les frais de la nouvelle véranda du comédien… Who knows?


Soyons toutefois de bon compte, la production est parvenue à mettre sur pellicules de généreuses scènes d’action qui déboîtent. Le duel entre Spidey et Electro vaut son pesant de pop-corn et le final, bien qu’attendu, saura vous émouvoir. Les plus endurcis auront un pincement au cœur, les grandes sensibles, elles, feront monter les actions de Kleenex. Suite au prochain épisode? On dirait bien. Pourvu que ça (ne) dure…


Professeur Grant

 

 

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