Star Wars: The Force Awakens


Plus de 30 ans après la bataille d'Endor, la galaxie n'en a pas fini avec la tyrannie et l’oppression. Les membres de l'Alliance rebelle, devenus la « Résistance », combattent les vestiges de l'Empire réunis sous la bannière du « Premier Ordre ». Un mystérieux guerrier, Kylo Ren, semble vouer un culte à Dark Vador et pourchasse les ennemis du Premier Ordre à travers la galaxie. Au même moment, une jeune femme nommée Rey, pilleuse d'épaves sur la planète désertique Jakku, va faire la rencontre de Finn, un Stormtrooper en fuite, une rencontre qui bouleversera sa vie.




Le Professeur Grant vous livre sa critique - garantie sans spoiler: 




Rétroactes

Vous l’attendiez, la voici! Non pas la sortie du nouvel épisode de «Star Wars», mais sa critique. Mais avant cela, revenons un instant, et chronologiquement, sur les volets difficilement accouchés par George Lucas, père suprême de cette sainte saga de science-fiction. En substance, cela donne ça: une prélogie foireuse suivie d’une trilogie audacieuse.

Episode 1: une pantalonnade débilitante pour bambins qui confond la force avec la farce. Merci Jar Jar au passage. Episode 2: une bluette sucrée centrée sur une love-story improbable digne des plus mauvais soap operas. Episode 3: un actionner qui use et abuse du fond vert avec un déballage d’effets spéciaux à tout-va. Trois opus, trois genres très différents, trois grossières déconvenues. Mais une constante: une pauvreté abyssale du scénario avec des dialogues «plus creux tu meurs» ainsi que des protagonistes aussi charismatiques que Jabba the Hutt.

Ensuite, vient la trilogie originelle de Lucas. Episode 4: un nouvel espoir, surtout pour le fan qui s’est retapé la franchise dans l’ordre chronologique et qui renoue enfin avec un métrage intéressant. Certes, il a vieilli. Mais l’histoire et son rythme lent si envoûtant fonctionnent toujours aussi bien. Episode 5: incontestablement le meilleur volet, lequel alterne action et émotion dans des scènes d’anthologie incroyables. Souvent imité, jamais égalé. Episode 6: honnête film d’aventure qui ne mérite pas la volée de bois vert qu’il a reçu à sa sortie. Du fun, rien que du fun.

Introduction: what did you expect?

Et puis… l’épisode 7. On ne va pas vous tenir en haleine plus longtemps: c’est une tuerie! Oui, oui, il faut bien l’admettre, J.J. Abrams a réussi sa mission haut la main. Après avoir brillamment déterré une saga cousine qui prenait la poussière sur les meubles, «Star Trek» pour ne pas la nommer, le réalisateur de «Super 8» et créateur de la série «Lost» livre le troisième meilleur opus de «La Guerre des Etoiles» après les épisodes 5 et 4. Et ce nonobstant l’incommensurable pression mise sur ses frêles épaules dès le début de la production. 

Il faut bien l’avouer, l’opération séduction menée par l’équipe Marketing de Disney a bien fonctionné. Les surprises ont été précieusement gardées grâce à une promotion qui a su à la fois jouer la carte de la nostalgie et de la nouveauté sans trop en dévoiler. Affiches, teasers et bande-annonces n’ont jamais aussi bien fait monter la pression dans ce ballet médiatique, parfois assourdissant, mais bien souvent exaltant. Si bien qu’en découvrant «Le Réveil de la Force», bon nombre de théories s’avèrent, au final, farfelues. Nous n’en dirons pas plus. 

Mais pourquoi J.J. a (presque totalement) réussi sa mission ? La réponse en cinq points. 

1. Le fond vert est mort, vive le fond vert ! 

L’un des reproches les plus tenaces envers tonton George, c’est l’utilisation quasi systématique du fond vert. Ce qui nous donne des CGI approximatifs qui vieillissent bien plus vites sur la pellicule que d’autres effets visuels plus artisanaux. Il suffit de revoir «The Phantom Menace», sorti en 1999, pour s’en convaincre et de remarquer à quel point les effets spéciaux de «Jurassic Park» (1993) ont pris moins de rides. Evidemment, J.J. a recours aux images de synthèse, le contraire aurait été impossible. Mais ceux-ci servent l’histoire et non l’inverse. Précepte que Lucas a manifestement écarté lors de sa prélogie, lui qui voulait s’enorgueillir d’être à la pointe des effets spéciaux. 

Mais, les années ont eu raison de son cinéma numérique. «Avatar» est passé par là et, aujourd’hui, les épisodes 1 et 2 sont irregardables. Des coups de poing dans l’œil! Abrams a compris qu’il fallait revenir au réel, au tournage in situ, aux décors en durs, aux maquillages. Bref, à l’authenticité. Tant pour la qualité graphique de l’ensemble, mais aussi pour que le réalisme pousse les acteurs à y croire. Oubliez les effets spéciaux froids et laids de la prélogie car le metteur en scène renoue avec un bon vieux cinéma artisanal, appuyé, bien évidemment, par de nombreuses technologies actuelles. Exit donc les SFX tape-à-l’œil du début des années 2000, et c’est tant mieux! 

2. Les papys font de la résistance 

Pour assurer la transition entre les anciens et les nouveaux épisodes, il n’était pas question pour Disney de tout réinventer. C’est pourquoi la production s’est tournée vers les véritables créateurs qui ont su donner à cette franchise cette aura quasiment intouchable. A la musique, on retrouve ce bon vieux John Williams, le pape des thèmes cinématographiques entêtants. «Indiana Jones», «Jurassic Park», «Jaws», «Superman»… c’est lui. Il n’a pas perdu la main, ni la baguette d’ailleurs, et joue avec bonheur sur ses anciennes compositions avec quelques références bienvenues (la «Marche Impériale» sur le plan du casque de Vador). Notre chef d’orchestre signe un score impeccable. 

A ses côtés, on retrouve l’inimitable Ben Burtt, sound designer d’exception. C’est à lui qu’on doit l’environnement sonore si particulier des «Star Wars». Les bruits du sabre laser, le langage de Chewbacca, les tirs des vaisseaux spatiaux, le souffle de Vador… c’est lui. Sans cet artiste chevronné, «La Guerre des Etoiles» n’aurait pas tant d’allure. Enfin, un troisième vétéran a répondu à l’appel: Lawrence Kasdan. Le scénariste était déjà à l’œuvre sur «The Empire Strikes Back», ce qui devrait vous rassurer sur la qualité de l’intrigue. Pas question de bouffon bigarré à la Jar Jar Binks ici, mais bien une certaine noirceur qui a fait tout le sel du cinquième épisode. 

3. My Generation 

Les seniors, c’est chouette. Ils sont sympas et un chouïa gâteux. Mais Mickey et son empire voient grand et surtout à long terme. Certes, il fallait caresser dans le sens du poil les fans de la première heure, à la fois exigeants et intraitables. Car c’est finalement eux qui font la pluie et le beau temps sur la saga. C’est eux qui décideront si le film est bon ou mauvais. Mais le studio s’intéresse surtout aux générations futures. Celles pour qui «Star Wars» correspond à l’époque des Lumière, (les frangins, hein! - on parle septième art ici). «Les frères qui?», doit-on entendre dans les écoles. Pour cela, la production a réalisé une impressionnante sélection d’acteurs pour trouver les futurs protagonistes qui vont interagir dans les prochains épisodes. Ecrivons-le sans ambages, le directeur de casting a eu le nez fin. 

Les inconnus Daisy Ridley (on prédit qu’elle deviendra la future Keira Knigthley) et John Boyega (très bon dans «Attack the Block») forment un tandem sympa qui n’a rien à envier à l’ancienne génération. Dévoués, drôles, cool, ils passent bien à l’écran. Tout comme les acteurs confirmés que sont Oscar Isaac, Domhnall Gleeson et Adam Driver, tous les trois venus du cinéma indépendant, lesquels apportent de l’expérience et de la solidité à cette nouvelle garde. Mais le véritable plaisir nait sans aucun doute de la confrontation entre ces nouveaux venus et les anciens et mythiques personnages Han Solo, Leia et Luke Skywalker. Et voilà-t-il pas que la madeleine de Proust fonctionne à plein régime. Disney ne s’y est pas trompé, la nostalgie comme moteur d’émotions est une valeur sûre!


4. C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ? 

N’empêche, on remarquera à quel point la mécanique dictée par la firme aux grandes oreilles est bien huilée. Très bien huilée! Trop bien huilée? Tout est là pour contenter tout le monde, ne froisser personne. Voyez plutôt: un réalisateur en vogue pour les geeks, une héroïne pour les féministes, un noir pour la communauté afro-américaine, un latino pour la collectivité mexicaine, les anciens pour les parents et grands-parents, un nouveau petit droïde sympa pour les enfants, un méchant masqué bad ass hyper reconnaissable pour surfer sur le mythe Vador, une petite créature dotée d’une grande sagesse pour nous faire oublier Maître Yoda, une Etoile noire «bigger than life» surnommée «Starkiller» (tout est dit), une idylle compliquée en devenir, des méchants instigateurs entraperçus et cetera, et cetera. 

Bref, on prend la même formule et on recommence. Encore et encore. Exactement comme l’avait fait, mais en plus flagrant encore, Colin Trevorrow avec son «Jurassic World», en juin dernier. Pas très original tout ça… Comme le dit l’adage, c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. Mouai… Nous ne sommes pas convaincus. Le rendu final est beaucoup trop lisse tandis que l’histoire est sans aspérité et un brin convenue. Explications. 

5. «Une bonne histoire, une bonne histoire, une bonne histoire» 

Naguère, Jean Gabin disait: «Pour faire un bon film, il faut une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire». Trois choses essentielles. Mais à l’heure où Hollywood manque de créativité, les producteurs optent davantage sur les «bonnes histoires» qui ont déjà fonctionné. Ces derniers préfèrent miser sur des formules toutes faites qui se vendent sans difficulté - et surtout sans risque financier - mais rapportent gros. Ceux-ci recherchent le lucre, soit le succès facile et quasiment garanti à 100%. Les scénarii originaux existent mais les producteurs se montrent frileux. C’est que la crise guète toutes les maisons de production. 

C’est pourquoi Disney a d’emblée validé le script de «The Force Awakens». Une intrigue, affirmons-le, sans surprise. On a l’impression d’avoir déjà vu la même histoire, les mêmes thèmes, les mêmes scènes ainsi que les mêmes enjeux au cours des six précédents épisodes. Une fois les premiers éléments placés, la trame se veut prévisible et les rebondissements attendus. Les scènes clés sont tellement appuyées que même le spectateur le moins gâté en neurones n’éprouvera aucune difficulté à tout voir venir. La surprise tient donc moins dans la qualité du récit que dans son efficacité, lequel arrive à rassembler l’historique de la saga pour ensuite amener de nouveaux enjeux pour des suites à venir. 

Conclusion: quatre étoiles 

Quatre. Oui, quatre. Quatre étoiles finalement bien méritées. Parce que l’ampleur de la tâche était «hénaurme» et qu’au final, J.J. Abrams livre un divertissement total, un véritable film d’aventure aussi excitant que prenant, avec une touche vintage par-ci et une force de frappe visuelle par-là. Sans trahir l’héritage de George Lucas, le réalisateur nous propose un tour délirant dans un grand-huit sans temps mort. Pas une seconde de répit, pas un moment de lassitude, pas une once de regret. Le plaisir est partout sur le grand écran, tout le temps, et ce dès le prologue accompagné du fameux thème musical composé par John Williams. Moment frissons garanti! 

Car oui, J.J. respecte tous les codes de la franchise, ne dénature rien. C’est peut-être aussi un bémol car on pourrait lui reprocher un manque de personnalité dans sa mise en scène. Et même si on a l’impression d’avoir une sorte de compilation des six autres épisodes avec ces séquences d’infiltration en X-Wing dans l’Etoile de la Mort, ces duels aux sabres laser, ces scènes d’anthologie déjà vues (on n’en dira pas plus), la satisfaction reste intact. Donner trois étoiles, ce serait sous-estimer l’extraordinaire travail accompli par Abrams. Lui en offrir quatre est sans doute un peu trop excessif. Tel est le dilemme du critique. Aujourd’hui, on dira que la générosité prime. 


Note:
Critique: Professeur Grant 



Post-scriptum 

La 3D est soignée mais pas révolutionnaire. Elle apporte de la profondeur sur certains plans qui valent le coup d’œil mais ne justifie toujours pas son supplément tarifaire. A bon entendeur…




Remplie de spoilers la critique de Goupil est: 





Introduction

Trente-deux ans après les événements du 'Retour du Jedi', les aventures d'une nouvelle génération de héros dans une galaxie lointaine, très lointaine…

Ce texte, pas très prolixe on l'admet, s'avère être le résumé officiel. Derrière ce manque de détails apparaît la volonté du réalisateur de faire de 'Star Wars' un secret aussi bien gardé que l'identité du flibustier qui a tiré le premier. Mais garder le secret ne fait pas tout. Nombreuses étaient les craintes après le rachat de Lucas Films (et par la même occasion les franchises 'Star Wars' et 'Indiana Jones') par l'empire Disney. Beaucoup craignaient de voir débarquer sur grand écran un film purement commercial. Qu'est-il advenu de la plus célèbre franchise de l’histoire du cinéma ? Et si le réalisateur, qui avait pourtant une première fois décliné l'offre de Disney, avait été séduit par le Côté Obscur ?

Cinquième film de J.J. Abrams, 'Star Wars : The Force Awakens' avait un bien vilain fardeau, celui d'une attente longuette. Cette attente était accompagnée de doutes. Réinterpréter des personnages laissés au placard pendant trente-deux ans et ainsi résumer trois décennies en un seul film… Imaginez-vous ! Une vraie gageure ! Le succès d'une telle entreprise, si elle venait à se vérifier, tiendrait presque du « tour de force ». En reprenant les rênes du Faucon Millénium, le réalisateur a du relever un défi excitant mais ô combien peu enviable dont la lourde tâche consistait à rassembler un casting adulé. C'était aussi l'occasion de passer le flambeau à une nouvelle génération. Si seulement le réalisateur avait pu choisir la formule remake ou reboot et faire tabula rasa ; cela aurait sans nul doute été plus facile. Avec l'épisode VII, nous sommes en présence d'une véritable suite. Pour les anciens, cela veut dire enfiler des costumes pour la quatrième fois. Pour le réalisateur, cela implique de faire du nouveau avec des vieilles casseroles. Et la difficulté de reprendre où George Lucas l'a laissé en 1983, en essayant - tant que faire se peut - de faire oublier une prélogie qui a bien failli porter le coup de grâce à la célèbre saga.

Appartenant au genre du Space Opera, 'Star Wars' (ci-après 'SW') a su s'imposer comme un chef de file. Sous-genre de la science-fiction, « l'opéra de l'espace » met l'accent sur une aventure (principalement dans l'espace) mélodramatique incluant souvent une prise de risque. Sous-genre très souvent agrémenté d'une romance chevaleresque et impliquant un conflit entre adversaires possédant des capacités avancées (la Force), des armes futuristes (les sabre-lasers) et d'autres technologies de pointe (des croiseurs interstellaires)…

Après cet éclairage, 'Star Wars : The Force Awakens' (ci-après 'TFA') est-il un retour aux sources ? Abrams parvient-il à insuffler un nouveau souffle à 'SW' ? Avec cette septième déclinaison du mythe, la franchise effectue-t-elle un retour gagnant ?

Trois décennies après la mort de l'Empereur Palpatine, les derniers représentants de l'Empire se sont regroupés et ont formé le Premier Ordre. Régenté par le chef suprême Snoke – une figure forte toute mystérieuse, ce Premier Ordre a un nouveau bras droit (le général Hux), de nouvelles recrues, une nouvelle super-arme, et un nouveau guerrier animé par la Force et répondant au doux nom de Kylo Ren.

Dès le générique, la musique – opérant tel un stimulus sonore – de John Williams se fait entendre et déjà un sourire niais s'affiche sur notre visage. En sus du son, les renforts visuels – tels que les fameux balayages qu'on prête à la série – nous aident à percevoir en filigrane l'ADN de la première trilogie. Afin de calquer son esthétique, le réalisateur a préféré éviter les fonds verts. J.J. Abrams a fait attention aux conventions de la série; à quelques nouveautés près. En effet, tout le génie d'Abrams est de gommer les défauts des précédents films. Comme en témoigne le poster, aucune mention d'un « épisode VII » n'est visible. Peur de rebuter les spectateurs potentiels de la saga ? Envie d'attirer les fans déçus par la prélogie de 1999-2005 ? Ce n'est aucunement un oubli.

La femme contre-attaque

Pas question non plus d'afficher à nouveau une « poster girl » (oubliez la princesse Leia en bikini). Le film nous livre ici une véritable « power-girl » qui a beaucoup plus de mérite que son prédécesseur. Avec seulement deux semaines d'expérience avant le tournage, Daisy Ridley – dans le rôle de Rey – s'avère être une actrice de génie. L’actrice aide ainsi Rey à s'imposer comme la nouvelle héroïne de la saga ! Finn (John Boyega), héro malgré lui, apporte une touche comique avec beaucoup d'intelligence. La princesse Leia se voit quant à elle attribuer le rang de générale. Son combat est à mettre en parallèle avec celui des femmes. Le personnage étant d'ailleurs né peu de temps après la deuxième vague féministe. Le message qu'envoie le cinéma d'Abrams est positif : un cinéma où les femmes peuvent se débrouiller toutes seules et dans lequel elles occupent des postes importants. Justice a été faite ! On espère que le film fera des émules à ce niveau.

Écho contemporain de la trilogie originale, le film ne délaisse toutefois pas les références à des régimes d'extrême droite du siècle dernier (nous pensons notamment au rassemblement du Premier Ordre qui n'est pas sans rappeler celui de Nuremberg de 1934), comme pour continuer à nous mettre en garde. « Rappelons-nous du passé pour mieux construire le futur ».

Un important message dans 'SW' est de prendre conscience de son potentiel et de comprendre ce dont on est capable. Ce message est valable pour les deux camps : La Lumière mais aussi le Côté Obscur. Le scénario laisse paraître une volonté de voir un méchant évoluer. Nous ne sommes pas en présence d'un méchant déjà construit comme l'était Darth Vader. Ici, le méchant est en construction. Kylo Ren, en commettant un parricide, se réalise complètement en tant que grand méchant. Œdipe, merci pour la mise en garde.

Les références sont parfois plus recherchées, comme celles tout droit sorties de la légende Arthurienne. L'épée dans l'enclume (l’épée dans la neige), les chevaliers de Ren. À la fin, Luke affiche un look similaire à celui d'Obi-Wan dans ses vieux jours. Un vieil homme à la barbe grisonnante ; soit la figure du vieux sage (Merlin, es-tu là ?).

Avec 'TFA', les bons choix ont été opérés. Bonjour les vieux costumes à la limite du kitsch et autres créatures robotisées et, dans la mesure du possible, au revoir les créatures CGI. Les décors sont bien là, devant nos yeux. Cette volonté de garder un pied dans le monde pré-digital est un excellent choix et ne décrédibilise aucunement le film dans le panorama actuel.

Un solide ADN

Le mystère planant sur le film avant sa sortie a lui aussi son rôle à jouer dans le succès rencontré. Clause de confidentialité, discrétion observée sur le tournage, machine anti-drones sur le set, toutes ces précautions prises n'étaient donc pas superflues (il suffit de se rappeler comment la prélogie s'était fait spoiler avant sa sortie en salles). Accompagné d'un rythme rapide, le film trouve immédiatement le bon ton. Les explications tiennent la route et parviennent même à renforcer la cohérence de la mythologie 'SW'. Nul ne doute qu’après les VIII et le IX, la boucle sera bouclée. L'atout majeur du film est sans conteste son casting et la diversité de celui-ci. Un latino, un noir, une blanche. De quoi pointer du doigt certaines grosses productions passées (et à avenir) et se lever contre un des torts de l'industrie made in Hollywood. Pas de whitewashing ici. Seulement de la mixité. Tolérance 1, racisme 0. On craignait aussi de voir un film Disneyisé. Pas de R2D2 rose (on l'a peut-être évité de peu) ni de grandes oreilles noires derrière un sabre-laser. Ouf, nous pouvons respirer (hhch...rouch) ! Une autre force du film est d'introduire de nouveaux personnages auxquels le public peut s'attacher. À l’instar de Rey, c'est quand le film regarde en avant plutôt qu'en arrière qu'il se montre le plus efficace. Le septième film autour de l'univers de 'SW' est un film humain. La passion transpire dans beaucoup de scènes. Tout comme les jedi, l’humour effectue son grand retour sans pour autant se perdre dans les méandres du film d'action/comédie. Finn et Chewie se partagent par ailleurs les meilleures plaisanteries. Le scénario coécrit par J.J. Abrams/ Lawrence Kashdan (le cerveau derrière 'The Empire Strikes Back' et 'Return of the Jedi') fait des merveilles. Il est partiellement basé sur celui de Michael Arndt, lequel reçut son C4(PO) de Disney.

Une pluie de références

Le film, aussi réussi qu'il soit, n'est pas exempt de défauts. La scène infestée de créatures CGI aux longs tentacules fait ressurgir la « menace fantôme » du passé. Fort heureusement, cette débauche d'effets spéciaux est de courte durée. Même si le look de Kylo Ren est de pied en cap(e) réussi, celui du Suprême Leader Snoke est, lui, en reste. Alors oui, nous ne l'avons pas vu en chair et en os, mais nous lui aurions sans doute préféré une apparence moins « Gollum Magnus». Un dernier point qui pèche légèrement est la musique. La BO reprend bien les thèmes de la saga mais peine toutefois à en proposer de nouveaux aussi mémorables que par le passé.

200 000 000$, c'est le plus gros budget 'SW' à ce jour. Au moment où nous écrivons ces lignes, le film a déjà récolté 238 000 000 $ après un weekend de lancement de tous les records. Défi relevé donc après avoir détrôné l'énormissime dinosaure qu'est 'Jurassic World'.



Bien que beaucoup d'acteurs ayant participé au succès de 'SW' signent leur comeback – Harrison Ford, Anthony « 3PO » Daniels, Kenny « R2D2 » Baker, Peter « Chewie » Mayhew, Tim « Ackbar » Rose, sans oublier Mike Quinn (le pilote Nien Nunb), c'est Mark Hamill et Carrie Fisher qui sortent de l'ombre après avoir été absents pendant trop longtemps. Cette équipe presque surannée est en parfaite communion avec les petits nouveaux qui ne peinent aucunement à trouver leur place dans cet univers. Ce subtil mélange entre les deux castings fait des étincelles dans un film qui se veut collaboratif. En plus du tandem Ridley/Boyega, Gwendoline Christie, Adam Driver, Oscar Isaac, Domhnall Gleeson (le fils de l'acteur Brendan Gleeson), Max Von Sydow (Lor San Tekka – allié mystérieux de la Nouvelle République et de la Résistance), Andy Serkis, Lupita Nyong’o (Maz, mentor de Han Solo vivant sur Takodana) et Billie Lourd (la fille de Carrie Fisher) délivrent de solides performances. Big ups pour Adam Driver en méchant crédible et Oscar Isaac dans le rôle d'un pilote aussi chevronné que Han Solo. Ce n'est pas tout. Dans une scène des plus oniriques, les voix de Yoda (Frank Oz), Luke et Obi-Wan (Ewan McGregor et feu Alec Guinness) se font entendre. Deux autres cameos, plus évidents cette fois, sont à signaler avec un Daniel Craig impérial – déjà affublé du surnom « Stormtrooper Bond » sur la toile et un Simon Pegg méconnaissable dans la peau de Unkar Plutt, chef de la collecte basée sur Jakku.

Bien que l'une ou l'autre références aux épisodes I, II, III soient présentes (référence aux soldats clones, le casque d’entraînement d’un jeune padawan, etc), il y a clairement un appel du pied à la trilogie originale. Ce n'est dont pas surprenant de voir toutes les similitudes entre 'The Force Awakens' et 'A New Hope' (qui s'avère être le préféré d'Abrams). BB-8, petit robot investi d'une mission secrète sur une planète désertique. L'auberge sur Takodana s'impose comme le nouveau repère de contrebandiers et autres vauriens (dans un style qui n'est pas sans rappeler la cantine de Mos Eisley). L’étoile de la mort est ici remplacée par une planète (Starkiller Base) encore plus imposante et menaçante. La base des rebelles établie sur une planète forestière. La destruction d'une planète entière.
Il y a aussi moult clins d’œil (la sphère d'entraînement de Luke, le jeu d'échecs hologramme, FN-2189 - le numéro de matricule de Finn, etc). La scène du sabre-laser coincé dans la neige renvoie quant à elle directement à l'épisode V quand Luke est fait prisonnier par le Wampa. Pour résumer, 'TFA' installe les bases d'une nouvelle trilogie. Le but étant de rassembler les générations de fans autour d'un même film. Ce n'est donc pas surprenant si le film nous semble si familier.

To be continued…

Quand sonne l'heure du générique de fin, le mystère plane toujours autour de Finn et Rey ; de quoi laisser du temps aux fans pour spéculer. Le film, qui se termine par un « cliffhanger », laisse de multiples possibilités pour les réalisateurs des épisodes VIII et IX ; respectivement Rian Johnson ('Looper', 'Breaking Bad') et Colin Trevorrow ('Jurassic World').

Laissons-nous aller à quelques prédictions. Au prochain épisode, Rey va apprendre à utiliser ses pouvoirs, recevant ainsi l'entraînement qu'elle n'a jamais eu (ou parfaisant l’entraînement qu’elle aurait eu enfant et dont elle ne se souviendrait pas). L’une des questions qui taraude les fans tourne autour de l'identité du père de Rey. Rey est-elle la fille de Luke ? Plusieurs éléments vont dans ce sens (Rey est une pilote remarquable, tout comme Luke et Anakin avant elle ; En arrivant à la base rebelle, elle déclenche le réveil de R2D2 ; Le sabre-laser de Luke l'appelle et ne semble obéir qu'à elle seule). Ou bien la fille de Han et Leia elle serait ? Ce qui ferait d'elle la sœur de Ben Solo, aka Kylo Ren… Peut-être a-t-elle été élevée par Leia quand Kylo et Han n'étaient plus dans le giron familial ? Ren, fille de Luke ou Leia ? Le mystère reste entier. Gardons en tête que 'SW' est une histoire aux allures Shakespeariennes. Après tout, 'SW' a toujours été le drame d'une seule et même famille.

Une autre interrogation porte sur l'identité du nouveau représentant du Côté Obscur. Snoke serait-il Darth Plagueis ? Souvenez-vous, le maître de Darth Sidious qui aurait appris à déjouer la mort. Un maître qui aurait (remarquez l’emploi du conditionnel) pu donner naissance à Anakin en influençant les midi-chlorians dans une volonté de contrôler à la fois le Côté Obscur et La Lumière. C'est ce que suggère l'Univers Étendu de 'SW'. Darth Plagueis y étant décrit comme un être surdimensionné et dont le visage serait balafré. Serait-ce lui qui, placé derrière des rideaux, tire toutes les ficelles ? Il est trop tôt pour le dire et aucune réponse ne tombera avant le 24 mai 2017.

(Guerre) Des étoiles plein les yeux

« C'est vrai. Tout est vrai. Le Côté Obscur, les Jedi. » Ça y est: J.J. Abrams l'a fait ! Il a réussi là où Georges Lucas a échoué. Certes, 'Star Wars' ne ré-imagine pas son univers de façon trop agressive, mais Abrams surprend positivement en s'attaquant à cette sacro-sainte institution qu’est ‘La Guerre des Étoiles’. Ce nouveau 'SW', c'est un peu comme si nous retournions dans la maison de Yoda et que nous explorions de nouvelles pièces. En TV, Abrams reste le maître en termes d'épisodes “pilot”. Il le prouve ici une nouvelle fois. En regardant 'TFA', on se dit que le film a été réalisé par un fan, pour les fans. La force de ce nouveau 'SW' est de comprendre comment les audiences se sont identifiées à la saga. Georges Lucas avait oublié ce qui avait fait le succès de 'SW'. La meilleure façon d'apporter du sang neuf à 'SW' était peut-être de tuer le père de la saga. George Lucas n'est plus. L'apprenti aurait-il dépassé le maître ?

Le réalisateur trouve ici un compromis générationnel avec amour, enthousiasme, style et minutie. Force nous est de constater que le film se révèle très divertissant. 'Star Wars : The Force Awakens' est une aventure intergalactique qui ravira petits et grands. Jouissant de critiques dithyrambiques, le film ne prend pas le public pour des « gungans » (comprenez des créatures écervelées), comme ce fut le cas avec l'épisode I (1999) et son lot de gags tout droit sortis d'un cartoon et affublé d'un humour de bas étage.

Se révélant au monde comme un « fanboy » ayant étudié l’œuvre originale, J.J. Abrams parvient à insuffler de la vie dans la partition moribonde que devenait 'Star Wars', partition dont le compositeur George Lucas se lassait, comme un maître Sith se lasserait de son apprenti. Plus une passerelle vers une nouvelle ère plutôt qu'une nouvelle ère à proprement parler, le film permet au public de monter à bord d’un vaisseau vers une galaxie lointaine, très lointaine… Irrésistible !



Note :
Critique : Goupil

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