Carol
Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux. À l’étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle.
Un prix d’interprétation à Cannes, ça se mérite. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Rooney Mara ne l’a pas volé. Fragile, douce, sensuelle, l’actrice se révèle extraordinaire dans la peau d’une femme… ordinaire. Celle-ci signe ici une composition millimétrée, tout en retenue, et livre une belle palette de sentiments complexes. On savait qu’elle était talentueuse après l’avoir vue en Lisbeth Salander dans «The Girl with The Dragon Tattoo», véritable rôle de composition. Mais ici, la comédienne fait bien plus que confirmer tous les espoirs mis sur ses épaules.
Dans «Carol», elle
joue Therese, une jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, qui
tombe sous le charme d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante et
sophistiquée, prisonnière d’un mariage malheureux. À l’étincelle de la première
rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Seulement, dans les fifties, les passions saphiques font
mauvais genre. Elles se retrouvent bientôt prises au piège entre les
conventions liberticides et leur amour éthéré.
La fameuse Carol du
titre, c’est elle: Cate Blanchett. Une voix, grave, un regard, profond, une
silhouette, élancée, un charme, fou. Au sommet de son art, l’Australienne se
montre tout simplement radieuse et trouve en ce personnage un rôle à la hauteur
de son talent. Quelle n’est pas alors notre incompréhension face à la décision
du jury cannois de récompenser uniquement sa complice. Car tout comme sa
partenaire, elle signe ici une partition à la fois subtile et délicate digne de
toutes les louanges et toutes les nominations que ce soient.
La justesse de
l’interprétation n’a d’égal que la précision de la mise en scène. Plus qu’un
hommage classieux aux productions cinématographiques des années cinquante,
«Carol» est un magnifique mélodrame - dans le sens le plus noble du terme
- sublimé par la photographie soignée d’Edward Lachman, esthète s’il en est.
Todd Haynes assume à cent pour cent le classicisme de sa réalisation et
orchestre son métrage avec une pudeur exemplaire. L’écrin est superbe et nous
remémore sa flamboyante mini-série, la méconnue «Mildred Pierce», chef-d’œuvre
estampillé HBO (The Wire, Six Feet Under, The Sopranos).
Dommage que ce portrait
de femmes en quête d’émancipation ne tienne pas les deux heures. Car si la
forme est des plus esthétiques - soulignons un étincelant travail de
reconstitution de l’Amérique conservatrice des années cinquante (décors,
costumes, effets visuels… ad hoc), le fond, lui, manque d’envergure. On pourra
ainsi déplorer un relatif manque d’émotion. En se tenant un peu trop à
distance, le cinéaste peine à ébranler le tout-regardant. En outre, dans sa
partie road-movie, le scénario s’enlise dans une certaine langueur qui tend
irrémédiablement vers l’apathie. Difficile ensuite de tirer le spectateur
léthargique de sa torpeur.
Mais ne jouons pas
les fines bouches, ces seuls bémols n’entravent en rien la qualité générale
d’un film qui vaut surtout pour son tandem d’actrices, lesquelles pourraient
bien repartir avec une statuette le 28 février prochain lors de la 88e
cérémonie des Oscars: Blanchett en tant que meilleure actrice et Mara dans la
catégorie meilleure second rôle féminin. Là encore, on ne comprend pas cette différentiation
tant les deux comédiennes partagent le même nombre de scènes à l’écran. A se
demander si les professionnels du septième art s’avèrent réellement des…
professionnels !?
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
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