The Nice Guys
Los Angeles. Années 70. Deux détectives privés enquêtent sur le prétendu suicide d’une starlette. Malgré des méthodes pour le moins « originales », leurs investigations vont mettre à jour une conspiration impliquant des personnalités très haut placées…
Sorti
exceptionnellement dimanche passé pour cause de primeur cannoise dans la
catégorie hors compétition, «The Nice Guys» s’affiche d’emblée comme la
bonne comédie du mois. En substance: Ryan Gosling et Russell Crowe dans un «buddy
movie» qui fleure bon les 70’s. Sans surprise, Shane Black écrit et réalise.
Pour rappel, l’homme est à l’origine de la tétralogie à succès «Lethal Weapon»,
sommet dans le genre des duos en apparence mal assortis, qui voyait le tandem
Mel Gibson/Danny Glover s’attaquer à la pègre de la pire espèce.
La paire, ici, est donc
incarnée par le Canadien et l’Australien susmentionnés. Le premier est un
détective privé naïf et maladroit qui ne jure que par un semblant d’éthique. Le
second, un homme de main bourru aux méthodes borderline qui chérit davantage le
geste au verbe. L’un et l’autre vont se croiser sur une enquête d’un prétendu
suicide d’une starlette dans un Los Angeles vintage. Nonobstant le très haut
degré d’inaptitude de ces deux gougnafiers brindezingues, leurs investigations
vont mettre à jour une conspiration impliquant des personnalités haut placées.
Le curseur est d’emblée
placé sur le ton de la satire voire même de la parodie tant certaines
situations invraisemblables tiennent du pastiche et renvoient à une manière de
faire totalement décomplexée utilisée dans certaines séries b sorties dans les
eighties, décennie qui a vu poindre çà et là des polars aux intrigues loufoques
rehaussées de personnages «cool» plutôt bien croqués. Ici, la comédie se fait
multiple: tantôt burlesque avec un comique de situation délirant, tantôt
absurde avec des dialogues ciselés, sans oublier un humour noir corrosif des
plus délectables. En outre, le réalisateur-scénariste se joue des premiers et
seconds plans pour finalement offrir deux heures de bonne franche rigolade.
Mais pour que le buddy movie
soit réussi, il doit se reposer sur deux comédiens irréprochables tant sur le
plan de la crédibilité par rapport à leur personnage que sur la maîtrise de la
vis comica. A ce niveau, le spectateur est particulièrement bien servi. Le duo
Gosling/Crowe fait des merveilles. Une paire (d)éton(n)ante et explosive où le
charme et le ridicule s’associent de façon inespérée. Un numéro
hallucinant qui fait tout le sel de cette livraison printanière. Le duo se
transformera par ailleurs en trio avec la présence de la jeune Angourie Rice,
irrésistible et malicieuse dans la peau de la fille de Gosling. Une vraie
révélation à suivre.
Il ne fait aucun doute,
le metteur en scène de l’excellent «Kiss, Kiss, Bang, Bang» jongle avec les
ficelles du genre et se joue des clichés non sans un certain plaisir
communicatif: la trame rocambolesque, la voix-off blasée, l’ironie mordante,
les rebondissements improbables, des méchants caricaturaux, une critique
inoffensive du système (justice, crise automobile de Détroit) etc. En outre, ce
dernier n’a pas son pareil pour dépeindre l’atmosphère funky et rétro de la
Cité des Anges des seventies.
On voit bien, dès le
premier plan, la jubilation du cinéaste de revenir sur ce terrain après s’être frotté
au blockbuster et avoir fourni à la saga «Iron Man» un troisième épisode
salvateur, lequel est parvenu à faire oublier un deuxième opus totalement raté.
Cela dit, «The Nice Guys» n’est pas exempt de tout défaut. On se montrera
d’ailleurs étonné que, venu d’un scénariste hors pair, le récit ne soit pas
plus original que cela. Le scénario se repose même sur quelques facilités comme
des concours de circonstance bienvenus pour faire avancer l’histoire (la fille kidnappée
qui tombe du ciel et qui, comme par enchantement, atterrit sur la caisse des détectives).
Heureusement, par la
grâce de répliques déjantées, d’un ton résolument décalé, d’un rythme soutenu,
d’une bande originale démente, parfaite compile disco-funk en passant, de
fulgurances démentielles (Gosling aux toilettes, le même, aviné, à la poursuite
d’une sirène dans une party hollywoodienne, etc.) et d’une coolitude assumée,
on fait fi de ce qui nous chatouille. Le résultat est décapant et mérite votre
curiosité.Note: ★★★★
Critique: Professeur Grant
.
Commentaires
Enregistrer un commentaire