Jackie


22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.







Un mois seulement après la sortie de « Neruda » dans les salles obscures, Pablo Larraín revient sur le grand écran avec « Jackie », portrait intimiste de Jacqueline Lee Bouvier, alias miss Kennedy. Au lieu d’en tirer un biopic traditionnel, le Chilien préfère se concentrer sur les instants qui ont suivi l’assassinat de son mari, le 22 novembre 1963, à Dallas. Ce n’est pas tant le fait divers qui intrigue le cinéaste mais ses conséquences sur la First Lady, femme dévastée qui va devoir commencer son deuil tout en faisant face à de nombreuses incertitudes : les funérailles à la Lincoln et la question de la sécurité, l’héritage JFK dans la mémoire collective, l’avenir et ses inconnues… Tout est à repenser, tout est à bâtir en tant que veuve, mère de deux enfants.

Pour rythmer son long métrage, le réalisateur s’appuie sur le très bon récit de Noah Oppenheim, par ailleurs primé à la dernière Mostra de Venise avec le prix Osella. Le scénariste alterne les scènes pré et post-attentat avec des séquences de l’interview réalisée quelques jours après la tragédie par un journaliste du magazine Life (Billy Crudup, fidèle à lui-même). Une excellente idée qui nous permet de découvrir ce personnage mythique sous ses différentes facettes. La Première Dame éplorée bien sûr, mais aussi la femme froide qui tient absolument à ce que l’Amérique se souvienne de son président de mari. Quitte à édulcorer la réalité et à se rattacher au mythe de Camelot pour imprimer le passage de son époux dans le Bureau ovale.

Pour incarner ce symbole de toute une génération, le réalisateur donne sa confiance à « l’Academy Award Winner » Natalie Portman, laquelle sort une performance de derrière les fagots pour l’occasion. Elle nous avait déjà épatés à douze ans dans « Léon » face à Jean Reno, époustouflés en 2011 dans « Black Swan » face à Vincent Cassel, aujourd’hui, la comédienne nous ébranle dans les habits de la First Lady. Brillante jusque dans le travail de mimétisme, elle n’a certainement pas volé sa nomination à l’Oscar. D’ailleurs, la concurrence sera rude cette année avec notamment face à elle l’impériale Isabelle Huppert (Elle), la craquante Emma Stone (La La Land) ou encore l’indéboulonnable Meryl Streep (Florence Foster Jenkins).
Une composition vibrante qui va de pair avec la mise en scène élégante et soignée de Pablo Larraín. Ce dernier questionne son art quitte à ce que la réalisation frise l’exercice de style. On en veut pour preuve l’ingénieux travail opéré sur l’image. On pense notamment à la scène de visite de la Maison-Blanche où le Chilien et son directeur photo parviennent à recréer le grain des images d’archive de l’époque, ceci afin d’assurer la concordance avec la période filmée. Parfois en retrait (Jackie, hagarde, les vêtements souillés de sang, déambule seule dans les couloirs interminables de la Maison-Blanche), souvent au plus près (très belles scènes avec le père McSorley campé par feu John Hurt), la caméra se fait intime et dresse in fine un portrait singulier et sensible de cette icône du XXe siècle.

Note :★★★★
Critique: Professeur Grant

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