Live by Night


Boston, dans les années 20. Malgré la Prohibition, l'alcool coule à flot dans les bars clandestins tenus par la mafia et il suffit d'un peu d'ambition et d'audace pour se faire une place au soleil. Fils du chef de la police de Boston, Joe Coughlin a rejeté depuis longtemps l'éducation très stricte de son père pour mener une vie de criminel. Pourtant, même chez les voyous, il existe un code d'honneur que Joe n'hésite pas à bafouer : il se met à dos un puissant caïd en lui volant son argent et sa petite amie. Sa liaison passionnelle ne tarde pas à provoquer le chaos. Entre vengeance, trahisons et ambitions contrariées, Joe quittera Boston pour s'imposer au sein de la mafia de Tampa…








Dans la famille Affleck, on demande l’aîné : Ben. De retour derrière la caméra après l’Oscar mérité pour son film « Argo », succès critique et commercial, le quadragénaire se frotte à nouveau à un roman imaginé par Dennis Lehane. Après « Gone Baby Gone », c’est « Live by Night » qui intrigue l’intéressé. L’histoire d’un hors-la-loi de Boston qui fricote avec la pègre locale en pleine Prohibition. Forcé d’aller voir en Floride, à Tampa, si l’herbe est plus verte, ce dernier monte une juteuse affaire de rhum clandestin. A ses bras, une jolie métisse qui prend les traits de la sculpturale Zoe Saldana. Un rapprochement qui réveille un adversaire qu’il n’avait pas vu venir: le Ku-Klux-Klan.
Metteur en scène, producteur, scénariste et acteur principal. Pour sa quatrième réalisation, Ben Affleck multiplie les postes afin d’assouvir un désir manifeste de contrôle total. Ce dernier ne cache pas ses ambitions et fait montre d’une réelle virtuosité en qualité de chef d’orchestre. La direction artistique est, à ce titre, impressionnante. Que ce soit au niveau de la reconstitution historique (décors somptueux, costumes magnifiques), de la photographie (un véritable travail d’orfèvre), de la distribution (où se croisent Chris Cooper, Elle Fanning, Brendan Gleeson, Chris Messina et Sienna Miller) ou de la mise en scène (d’une grande maîtrise), rien n’est laissé au hasard.
De la belle ouvrage, en somme. L’enveloppe formelle est certes un chouïa trop clinquante que pour être réaliste, mais elle témoigne de l’envie et du génie cinématographique de ce cinéaste de talent. En l’espace de quatre longs métrages, Ben Affleck démontre qu’il est devenu incontournable dans la clique des metteurs en scène d’envergure. Ce dernier signe un polar vintage honnête aux dialogues ciselés qui pâtit toutefois de son genre. En effet, il n’apporte rien d’original par rapport à ce qui a déjà été produit dans le catalogue très fourni des films de gangsters durant les « roaring twenties ». Par ailleurs, on pourra également émettre quelques réserves sur une conclusion un brin trop hâtive et facile.
Mais ce qui gêne le plus, c’est la gourmandise aveuglante de notre homme. Sans doute par excès de confiance, Affleck oublie que sa musculature impressionnante de Batman n’en fait pas automatiquement des épaules suffisamment solides pour porter un film à lui seul. Ses qualités de jeu limitées et son manque de charisme manifeste empêchent le protagoniste de jouer dans la nuance. Comment s’attacher alors à un héros aussi lisse et si peu expressif ? Le réalisateur se serait montré nettement plus inspiré en cédant sa place de comédien à un acteur plus subtil de la trempe d’un Leonardo DiCaprio, par ailleurs coproducteur de cette œuvre tirée à quatre épingles.

Note: ★★★
Critique: Professeur Grant

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