Silence
Au
XVIIe siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour
retrouver leur mentor disparu alors qu’il tentait de répandre les
enseignements du christianisme. Au
terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le
christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés.
Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui
confrontera leur foi aux pires épreuves.
'Silence',
acte de foi ou leçon de cinéma de Scorsese à ses confrères du
septième art ? Dernier panneau du triptyque commencé avec 'The
Last Temptation of the Christ' (1988) et 'Kundun' (1997), 'Silence'
risque de vous laisser sans voix. Explications.
De
par le magistral choix de ses plans, Scorsese s'élève une fois de
plus en réalisateur de génie. Le cinéaste touche au divin tant son
cinéma se veut exemplaire. Il multiplie ainsi les plans inventifs et
offre ça et là quelques plans/travelling sortant de
l'ordinaire. Les très gros plans – significatifs pour la plupart –
ainsi que les plans larges se dégustent avec le même appétit que
la toute première hostie après le carême.
La
direction des acteurs, ultra-précise, pousse ces derniers dans leurs
derniers retranchements scéniques. 'Silence' offre donc de
saisissantes performances qui font d'Andrew « Spider-man »
Garfield et d'Adam « Kylo Ren » Driver de sérieux
prétendants aux Oscar ; fussent-ils nominés. Après l'inspiré
et inspirant 'Hacksaw Ridge', cette année est placée sous le signe
de la foi pour Garfield. Quant à Driver, il a adopté le régime de
Michael Fassbender dans 'Hunger', tant il a perdu du poids.
Liam
Neeson, fidèle à lui-même, n'a aucun mal à trouver le ton juste.
Les
paysages, tous magnifiques, offrent à 'Silence' un aspect
contemplatif qui n'est pas pour nous déplaire. Merci à Ang Lee pour
les repérages !
Avec
ses 2h40 au compteur, nul doute que 'Silence' n'attire pas tous les
publics. Nous parions qu'il attirera plutôt des
cinéphiles/cinéphages avertis qui ne peineront pas à relever les
références au cinéma nippon (nombreuses sont les références à
Kurosawa et Mizoguchi).
En
adaptant le roman de Shūsaku Endō (déjà porté à
l'écran en 1971), Scorsese
choisit une exploration lente
et dure, à l'image du chemin
de la dévotion. Dans
ce pèlerinage sans fin (au
vu de la l'interminable
gestation du projet suite aux
nombreux reports et
procès concernant
l'exploitation des droits),
le réalisateur résiste à la
tentation : pas – ou presque – d'artifice (sous
forme de CGI)
qui pourrait détourner notre
regard du spectacle principal : la
démarcation des
frontières entre croyance et
loyauté.
Le silence revêt trois formes dans le
dernier Scorsese. Celui de Dieu face aux prières de ses brebis
égarées. Celui que doivent observer les prêtres afin de ne pas
tomber dans les griffes du grand inquisiteur. Enfin, celui des
fidèles persécutés qui acceptent leur sort sans une once de
résistance. En
outre, il serait difficile de
ne pas établir
de
parallèle entre l'histoire du
film et la persécution que
subissent encore les chrétiens
dans certains pays du
Proche-Orient.
Passer
du film 'The Wolf of Wall Street' à 'Silence', c'est un peu comme
passer du coq à l'Agneau
Mystique. Aussi,
tiendrions-nous
avec 'Silence' le mea-culpa
de Scorsese ? Mea-culpa
de n'avoir pu compléter son sacerdoce à l'âge de 14 ans ?
Oui, vous avez bien lu ! Enfant, Martin Scorsese se destinait à
la prêtrise ! 'Silence' est peut-être donc un
retour aux sources avant une
descente aux enfers prévue
en 2018 avec 'The Irishman'.
Faut-il
encenser le silence
de Martin Scorsese ou au contraire le briser ? Notre décision
est prise.
Note :★★★
Critique :
Goupil
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