Grave

 
Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d'intégrer l'école véto où sa sœur aînée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C'est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature. 

https://www.youtube.com/watch?v=fWbeZmOSFBU&t=11s
 


Nous avons tous une connaissance (ou une connaissance d'une connaissance) qui a fait véto à Liège. Nous profitons de l'occasion pour saluer notre cousin Mathieu. Alors des histoires sordides de baptêmes (bizutages pour notre lectorat français), nous en avions forcément déjà entendu parler. Pourtant, rien (ni personne) ne pouvait nous préparer à la violence graphique présente à l'écran.

Pour analyser « Grave », il convient d'examiner son ADN. C'est le genre de film qui ne rentre dans aucune case. En partie body horror, en partie drame, en partie teen movie, en partie épouvante, « Grave » est une cousine lointaine au cinéma de David Cronenberg pour son rapport à la métamorphose des corps. Julia Ducournau s'était déjà illustrée avec « Junior », un premier court-métrage centré sur un garçon manqué qui se mue en élégante jeune fille. « Grave » a aussi droit à sa scène de desquamation.

Dans 'Raw' (le titre à l’international), Justine (la talentueuse Garance Marillier) – jeune étudiante surdouée fraîchement sortie des secondaires – rejoint le campus où sa grande sœur (Ella Rumpf) étudie. De prime abord saine, la relation entre les deux frangines va très vite se dégrader à coup de défis bizarroïdes et de jalousie excessive. Le triangle se referme avec le cokotteur (comprenez le colloc) homo (Rabah Naït Oufella). Tous trois se lieront très vite d'amitié.

Si les baptêmes d'étudiants forment la toile de fond, un thème bien plus dérangeant encore va tenter de vous prendre aux entrailles : le cannibalisme. Bien que « Grave » ne soit pas le seul film à aborder ce thème ('The Silence of the Lambs', 'The Texas Chain Saw Massacre', etc), il est peut-être le premier qui en parle à la première personne. C'est pourquoi – aussi barré et gore soit-il – le film permet une certaine identification à l'héroïne.

Premier baptême, premier morceau de viande pour une végétarienne, première relation sexuelle, première séance en mode « Hannibal Lecter » ; « Grave » a de quoi marquer les esprits !

Le film ne souffre d'aucune longueur. Ses 98 minutes filent à grande vitesse avant de percuter le générique de fin. Une fin qui est adroitement inattendue. Au terme de la projection, les lumières blanches de la salle viennent assainir cette vision sanguinolente mais aucunement regrettable. Avec « Grave », le cinéma français avance dans le bon sens et n'a pas peur de s'affranchir des étiquettes de genre qui desservent bien souvent l'industrie.

Viscéral, brute mais diablement bien maîtrisé, « Grave » ne vous fera pas voir rouge (pour le peu que vous aimiez l'hémoglobine) au sortir de la salle. Le film, de par sa perspective novatrice, promet un bel avenir à sa réalisatrice.

Note :
Critique : Goupil

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