The Wall


Deux soldats américains sont la cible d’un tireur d’élite irakien. Seul un pan de mur en ruine les protège encore d’une mort certaine. Au-delà d’une lutte pour la survie, c’est une guerre de volontés qui se joue, faite de tactique, d’intelligence et d’aptitude à atteindre l’ennemi par tous les moyens…







Actuellement dans nos salles obscures, « The Wall » est la petite claque du ciné indé « made in USA » qu’on n’avait pas vu venir. Une véritable leçon de cinéma qu’on vous détaille en quatre points. Analyse.

I. Le film d’un scénariste : Dwain Worrell

A l’origine, un scénario écrit par Dwain Worrell. Une petite perle qui végétait dans la précieuse blacklist de 2014 des scripts les plus prometteurs n’ayant pas pu aboutir à une mise en production. Concis, radical, percutant, le récit fait mouche jusque dans ses dialogues. En substance, deux soldats américains sont la cible d’un sniper irakien chevronné dans le désert. L’un d’eux gît au sol. L’autre parvient à se réfugier derrière un pan de mur en ruine. Le face-à-face peut commencer dans ce qui s’apparente paradoxalement à un huis clos à ciel ouvert. Un duel à distance qui prend la forme d’un jeu du chat et de la souris. La situation est d’autant plus troublante que les ennemis parviennent à communiquer via le même canal radio. Une joute verbale s’engage. La vie ? La mort ? Le suspense.

II. Le film d’un réalisateur : Doug Liman

Derrière la caméra, Doug Liman, maître ès cinéma d’action (The Bourne Identity, Mr. & Mrs. Smith, Edge of Tomorrow), abandonne momentanément les superproductions pour se concentrer sur un long-métrage à taille humaine. Et, une fois n’est pas coutume, le réalisateur new-yorkais démontre tout son génie dans l’art de la mise en scène. Quelles soient techniques, budgétaires ou narratives, les contraintes forment autant de gageures formelles que de défis fondamentaux que le cinéaste relève avec brio. Ce dernier dépasse le pur exercice de style et parvient en outre à occulter les quelques baisses de régime et autres creux scénaristiques. « The Wall » se révèle aussi statique et minimal que tendu et efficace. La réflexion est garantie, le spectacle aussi.

III. Le film d’un acteur : Aaron Taylor-Johnson

S’il convient de saluer la virtuosité de la mise en scène, aussi inventive que celle des excellents thrillers angoissants « Phone Booth », signé Joel Schumacher et « Buried » de Rodrigo Cortés, il ne faut pas pour autant oublier le talent de l’acteur principal, lequel porte entièrement le film sur ses épaules. Pour incarner ce militaire pris au piège derrière ce fameux mur, Doug Liman fait confiance à Aaron « Kick-Ass » Taylor-Johnson. Ce dernier montre toute l’étendue de son talent et offre une performance de choix. A travers son regard (la détermination, la fatigue), son agonie (la soif, la douleur), sa nervosité (le tireur d’élite irakien mettant ses nerfs à rude épreuve), on ressent toute la tension psychologique qu’il vit dans cet enfer aride. Chapeau bas !

IV. Le film d’un studio: Amazon

Cette année, sur la Croisette, les professionnels du septième art ont péroré, palabré, laïussé même sur l’arrivée de Netflix dans la sélection officielle. Des arguments pour par-ci, des raisonnements contre par-là, bref, nous, on y a surtout vu de l’onanisme intellectuel. Leur but : monter en épingle une polémique histoire de faire couler beaucoup d’encre, coup de pouce bienvenu dans une presse à l’agonie. Mais, il n’y a pas que Netflix qui s’invite sur la pellicule. L’autre vilain petit canard : Amazon Studios, la branche ciné de la célèbre entreprise de commerce électronique. Ce dernier aussi affiche désormais ses ambitions en termes de cinéma d’auteur. Et ce n’est pas plus mal vu le résultat de « The Wall », lequel a pu quitter la fameuse « liste noire » pour devenir une réalité cinéphilique. A la bonne heure !

Note : ★★★★
Critique : Professeur Grant 

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