War for the Planet of the Apes
Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète.
I. Welcome to the Planet of the
Apes
Voilà bien une franchise
qui tient la route de bout en bout. Une saga qui est parvenue à rester cohérente
au fil des épisodes tout en injectant de la profondeur dans le récit, de
l’innovation dans les effets spéciaux et de l’intelligence dans sa dimension
grand spectacle. La désormais trilogie « The Planet of the Apes » de
ces années 2010 s’affiche comme une réussite totale et ce dernier chapitre
conclut de façon brillante les aventures simiesques de Caesar, interprété par
Andy Serkis, promoteur inébranlable de la performance capture (Gollum,
Capitaine Haddock…). A nouveau, la star anonyme (!) figure comme le fer de
lance.
II. Rise,
Dawn, War
A l’image de Paul Greengrass
qui a repris le flambeau de Doug Liman dans la licence « Jason
Bourne », Matt Reeves (le chef-d’œuvre Let Me In, le navet Cloverfield)
est parvenu à succéder à Rupert Wyatt, petit génie de la mise en scène sorti de
nulle part. Si « Rise of the Planet of the Apes » était une claque
visuelle bourrée d’émotion, « Dawn of the Planet of the Apes », armé de
son scénario béton et de sa mise en scène tout aussi inspirée, surmontait haut
la main la gageure du deuxième volet. Souvenez-vous de ce superbe plan
giratoire sur le tank durant l’assaut des anthropoïdes. Épique !
III. Carte
blanche
Pour ce « War for
the Planet of the Apes », les producteurs ont voulu donner carte blanche
au réalisateur en lui laissant un espace de liberté plus important. Celui-ci
devient même coscénariste pour l’occasion. C’est que ce dernier a de grandes
ambitions pour clôturer cette prélogie. Il a imaginé ce troisième opus comme
une succession de genres. Film de guerre dans son prologue (infiltrations,
combats), le métrage se mue ensuite en western (chevauchées, gros plans) avant
de poursuivre comme une histoire carcérale (sévices/humiliations, évasion). Reeves
parvient par ailleurs à éviter l’écueil du melting-pot fourre-tout en travaillant
tant la fluidité du récit que la précision du montage.
IV. L’art
de bien s’entourer
Au rayon des qualités, on
notera pêle-mêle l’interprétation sans faille des comédiens, qu’ils soient
humains (terrible Woody Harrelson en colonel) ou primates (merveilleux Steve
Zahn en Bad Ape), un scénario captivant injecté d’une réelle profondeur émotive
et psychologique, une mise en scène inventive capable de ralentir le rythme
pour installer des ambiances, des effets numériques bluffants (la motion capture donne un résultat soufflant
de réalisme avec des singes anthropomorphes qui n’ont rien perdu de leur
animalité), une direction photo impressionnante, une composition musicale
inspirée signée Michael Giacchino (encore lui !)… Bref, Matt Reeves sait
bien s’entourer.
V. Ape-pocalypse
Now
Enfin, on apprécie
particulièrement les partis pris radicaux du cinéaste : le côté sombre
renforcé qui fait ouvertement référence à « Apocalypse Now » (le
colonel fou), les parallèles avec l’Histoire (les camps de l’horreur) et
l’actualité (le mur de Trump) pour évoquer nos travers inhumains ou encore le
changement de point de vue (tout est vu du côté des simiens). Là où certaines
machines de guerre estivales, en mode décérébré, se la jouent feu d’artifice
avec un lourd déploiement dans la surenchère visuelle et où les effets
pyrotechniques y demeurent à profusion, « War for the Planet of the
Apes » apparaît comme une bénédiction pour tous ceux qui apprécient les superproductions
intelligentes.
Tiendrait-on déjà le
meilleur blockbuster de l’été ?
Note : ★★★★
Critique :
Professeur Grant
Commentaires
Enregistrer un commentaire