Tout Le Monde Debout
Jocelyn, homme d'affaire en pleine réussite, est un dragueur et un menteur invétéré. Lassé d'être lui-même, il se retrouve malgré lui à séduire une jeune et jolie femme en se faisant passer pour un handicapé. Jusqu'au jour où elle lui présente sa sœur elle-même handicapée...
I. Passage
obligé
Au fil des années, une
tendance se dessine de plus en plus dans le petit monde hexagonal du septième
art. Passer par la case « réalisateur » est quasiment devenu un passage
obligé pour un humoriste. Petit coup d’œil dans le rétroviseur : Dany Boon
(La maison du bonheur), Gad Elmaleh (Coco), Kad Merad (Monsieur Papa), Eric
Judor (La tour 2 contrôle infernale), Ramzy Bédia (Hibou), Fabrice Eboué (Coexister),
Olivier Baroux (Ce soir je dors chez toi), Jean-Paul Rouve (Sans arme, ni
haine, ni violence), Pierre-François Martin-Laval (Essaye-moi), Philippe
Lacheau (Alibi.com), Michaël Youn (Fatal)… Ces comiques sont passés derrière la
caméra avec des réussites diverses : d’aucuns s’y sont même cassés les
dents, tous n’ayant pas le talent et la créativité d’un Alain Chabat (Didier).
II. La
plume et la caméra
Ce mois-ci, c’est au tour
de ce bon vieux Franck Dubosc de s’asseoir sur la chaise du metteur en scène.
Longtemps encouragé par des producteurs véreux dont les mirettes reflètent le
symbole « € », ce dernier n’avait, jusqu’à présent, jamais cédé au
chant des sirènes. C’est que le Quevillais préfère la plume du scénariste
(Camping, Disco) à la caméra du cinéaste, laissant le soin à son comparse
Fabien Onteniente d’organiser les tournages. Et puis, finalement, le
quinquagénaire s’est lancé. Ce qui l’a convaincu ? Une idée d’histoire qui
touche à la fois sa malice humoristique et sa corde sensible. Bref, une comédie
romantique. Et le projet « Tout le monde debout » de se mettre en
place : le récit d’un menteur patenté qui se fait prendre à son propre jeu
avec, pour toile de fond, le thème du handicap.
III. Qui
l’eût cru ?
Pour apprécier le film
dans sa totalité, il faut se farcir la première partie, soit un festival de
simagrées où Franck Dubosc fait du Franck Dubosc, quitte à en devenir une
caricature de lui-même. Et le spectateur de se demander s’il n’aurait pas dû choisir
la salle obscure voisine et mater Alicia Vikander en Lara Croft dans le reboot de « Tomb Raider ». Et
puis, une fois que l’atout charme apparaît, entendez la pétillante, radieuse et
lumineuse Alexandra Lamy (qui possède là un très beau rôle de femme, soit dit
en passant), le scénario embraye et une jolie mécanique se met en place. Le
comédien se débarrasse de ses grimaces de beauf et devient moins cabotin, plus
subtil dans son jeu. Qui l’eût cru, lui dont la filmographie ne joue pas en sa
faveur. A sa décharge, les scénarii reçus étaient souvent bidons.
IV. La
pompe à zygomatiques
Aux antipodes du long-métrage
autocentré que d’aucuns redoutaient (nous compris), ce dernier ne tire jamais
la couverture à lui et laisse un véritable boulevard à ses partenaires de jeu.
Notamment aux seconds rôles, lesquels sont nourris par des séquences et des
dialogues délicieux. Ce qui nous fait dire qu’on ne voit pas assez Gérard
Darmon (génialissime en proctologue homosexuel), que les auteurs doivent
proposer davantage de rôles de délurées à Elsa Zylberstein (exceptionnelle en
secrétaire) et qu’on aimerait revoir au plus vite Caroline Anglade, une
révélation ! Quant aux savoureuses apparitions des complices Claude
Brasseur et François-Xavier Demaison, c’est cadeau. Deux petits bonus qui font automatiquement
déclencher la pompe à zygomatiques.
V. I
feel good
Offrant un cinéma à son
image, à savoir bienveillant et bon enfant, Franck Dubosc, casquette de
scénariste vissé sur la tête, n’élude pas pour autant son sujet, à savoir le
handicap dans les relations amoureuses et le regard des autres. Tendre mais pas
mièvre, délicat sans être cul-cul, le récit aborde cette thématique avec
finesse et évite l’écueil des trémolos faciles en désamorçant chaque situation
dramatique ou « trop-mantique » par un humour généreux en répliques
cinglantes. L’humoriste emballant le tout dans une réalisation soignée,
élégante, et se permet même quelques coquetteries de mise en scène, notamment
avec cette mirifique scène de dîner aux chandelles dans une piscine. S’il n’y a
rien de neuf sous le soleil, « Tout le monde debout » n’en reste pas
moins un divertissement feel-good à consommer
sans modération.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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