Bécassine!
Bécassine naît dans une modeste ferme bretonne, un jour où des bécasses survolent le village. Devenue adulte, sa naïveté d’enfant reste intacte. Elle rêve de rejoindre Paris mais sa rencontre avec Loulotte, petit bébé adopté par la marquise de Grand-Air va bouleverser sa vie. Elle en devient la nourrice et une grande complicité s’installe entre elles. Un souffle joyeux règne dans le château. Mais pour combien de temps ? Les dettes s’accumulent et l’arrivée d’un marionnettiste grec peu fiable ne va rien arranger. Mais c’est sans compter sur Bécassine qui va prouver une nouvelle fois qu’elle est la femme de la situation.
I. Du
neuvième au septième art
Née en 1905 dans
l’hebdomadaire destiné aux jeunes filles La Semaine de Suzette, Bécassine a
traversé les décennies avec des hauts et des bas. Tombée dans l’oubli dans les
années 60-70, l’héroïne reviendra sur le devant de la scène grâce au tube
entêtant de Chantal Goya « Bécassine, c'est ma cousine » en 1979. Vous
l’entonnez déjà à tue-tête en lisant cette critique ? Désolé… Aujourd’hui,
la Bretonne débarque dans les salles obscures belges. Un passage du neuvième au
septième art passablement réussi.
II. Bécassine
rencontre Loulotte
En deux mots? Devenue
adulte, la naïveté enfantine de Bécassine reste intacte. Cette dernière rêve de
rejoindre Paris mais sa rencontre avec la petite Loulotte, bambin adopté par la
marquise de Grand-Air, va bouleverser sa vie. Elle en devient la nourrice et
une grande complicité s’installe entre elles. Un souffle joyeux règne alors
dans le château. Mais pour combien de temps ? Les dettes s’accumulent et l’arrivée
d’un marionnettiste grec quelque peu louche ne va rien arranger. Mais c’est
sans compter sur Bécassine qui va prouver une nouvelle fois qu’elle est la femme
de la situation.
III. Sur
fond de polémique… de pacotille !
Arrivé sur nos écrans
dans un contexte polémique injuste, « Bécassine ! » vaut bien
mieux que les querelles bretonnes puériles et autres remontrances obtuses
scandées par des indépendantistes écervelés ayant pour seul et unique but de
faire leur propre publicité. Comment peut-on donner ne serait-ce qu’une once de
crédit à des butors qui ne se sont même pas attachés à découvrir l’œuvre avant
de la critiquer avec véhémence ? D’ailleurs, les spectateurs se rendront
compte par eux-mêmes à quel point ces ostrogoths sont à côté de la plaque.
IV. A
mille lieues
Car la Bécassine dépeinte
dans ce long-métrage est à mille lieues de la représentation bête et méchante
de la femme bretonne. Contrairement à ce que ces énergumènes pensent, la ligne
directrice du film n’est pas celle de la grosse pantalonnade rythmée à coups de
gags éculés et de dialogues bêtifiants destinés à un public familial acquis à
la cause car hypnotisé par une campagne de promotion rondement menée. Il est
vrai, cette transposition cinématographique sort dans les salles après une
kyrielle d’adaptations de bande dessinée foireuses. Cela émis, on ne baigne
pas, ici, dans la farce facile.
V. L’argument
Podalydès
Les cinéphiles se
remémorent avec douleur les Boule et Bill, Les Profs, L’élève Ducobu, Benoît
Brisefer etc. Sans oublier les récents Le Petit Spirou, Les aventures de
Spirou et Fantasio et Gaston Lagaffe. De quoi nous faire craindre le
prochain Cédric avec Christian Clavier. Avec une telle ardoise, difficile
d’apparaître crédible. Et pourtant, ce qui nous a attirés dans ce projet, c’est
bien le cinéaste derrière la caméra : Bruno Podalydès, à qui on doit la Trilogie
des gares, Le Mystère de la chambre jaune, Adieu Berthe ou Comme un avion.
VI. Une
infinie poésie
Ecrit et réalisé par
l’aîné de la fratrie Podalydès, il se dégage du film une infinie poésie. Ce
dernier déconstruit la figure populaire et porte un regard bienveillant sur son
personnage principal, refusant à la fois le mépris et la grossièreté. Certes
crédule, spontanée, lunaire, Bécassine apparaît également tour à tour
enfantine, sensible et intelligente. Le metteur en scène cherche d’ailleurs
l’empathie à travers son protagoniste, lequel a toujours le souci de bien faire
autour de lui. Sa candeur, son innocence et son ingénuité nous font voir le
caractère attendrissant et même touchant de cette nourrice au grand cœur.
VII. Distribution
au diapason
Incarnée avec délice par une
Emeline Bayart investie et vivifiante, Bécassine prend vie sur la grande toile
en toute simplicité. Le reste du casting est au diapason, sans forcer la
caricature. Karin Viard, Josiane Balasko, Michel Vuillermoz, Isabelle Candelier
ainsi que les frangins Denis et Bruno Podalydès forment une petite troupe
sympathique dans une historiette qui pèche malgré tout par un manque de sève.
Si la verve des personnages fait des merveilles à l’écran, le récit semble ne
jamais décoller.
VIII. A
trop chercher l’épure
D’emblée, on remarque que
Bruno Podalydès souhaite retourner à une forme de simplicité élégante et
enivrante, tant dans la mise en scène que dans la construction narrative. Ceci
afin de proposer une approche lyrique et de faire de cette chronique une bulle
hors du temps. Mais à trop chercher l’épure, et en refusant catégoriquement le
compromis avec les canons rythmiques contemporains, ce dernier oublie
d’alimenter son récit avec des enjeux, du suspense et des surprises. En résulte
une fiction souffrant de quelques carences en termes de tempo. Et les longueurs
de s’installer au fur et à mesure.
IX. Dans
les bras de Morphée
Avec un scénario chiche
en rebondissements qui se contente de faire le strict minimum, le spectateur
éprouve quelques difficultés à ne pas piquer du nez, lui qui semble tout
doucement vouloir se blottir dans les bras de Morphée. On ne vous cache pas que
des bâillements intempestifs se sont fait entendre durant la projection. Une
sérieuse tare qui n’empêche pas au film de survoler la production hexagonale d’adaptations
de bd. Reste alors une comédie réjouissante, légère, douce et pleine de poésie
qui ravira, à coup sûr, un public familial.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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