Deux Fils
Joseph et ses deux fils, Joachim et Ivan, formaient une famille très soudée. Mais Ivan, le plus jeune, collégien hors norme en pleine crise mystique, est en colère contre ses deux modèles qu’il voit s’effondrer. Car son grand frère Joachim ressasse inlassablement sa dernière rupture amoureuse, au prix de mettre en péril ses études de psychiatrie. Et son père a décidé de troquer sa carrière réussie de médecin pour celle d’écrivain raté. Pourtant, ces trois hommes ne cessent de veiller les uns sur les autres et de rechercher, non sans une certaine maladresse, de l’amour…
Tout va à vau-l’eau dans
cette famille. Le père a perdu son frère. Le fils aîné ignore son papa. Et le
cadet, lui, voit dépérir son frangin. Nonobstant leurs problèmes existentiels
(le deuil du père, la rupture amoureuse du fils aîné, la perte de repères du
cadet), ces trois bonhommes ne cessent de veiller les uns sur les autres et de
rechercher, non sans une certaine maladresse, de l’amour. Pour son premier film
en tant que réalisateur, Félix Moati s’est entouré de comédiens qu’il connaît
bien pour les avoir croisés en tant qu’acteur sur divers plateaux. Plateaux de
tournage pour Benoît Poelvoorde (Le Grand Bain) et Anaïs Demoustier (A trois on
y va) mais aussi de télévision pour Vincent Lacoste, devenu depuis un ami
proche. Mais dans ce casting irréprochable, on se doit également de mentionner
la révélation du film: Mathieu Capella. Haut comme trois pommes, une
bouille irrésistible, un charme naturel, un talent à suivre.
C’est un fait, le fils du
journaliste et documentariste Serge Moati sait réunir autour de lui une belle
brochette d’artistes rencontrés au fil de ses rencontres dans le milieu du
septième art, à l’instar du chef opérateur Yves Angelo qui a mis en lumière le
récent « Chercher la femme », déjà avec le fils Moati. Cette
association nous offre de très belles images d’un Paname méconnaissable pour le
non-Parisien. Des plans de toute beauté aux
antipodes des ambitions esthétiques façon cartes postales. Et c’est tant mieux
car on est fatigué de ces images d’Epinal livrées à tout bout de champ dans des
productions hexagonales peu inventives. Accordons encore quelques lignes pour
la bande originale du film signée par la formation musicale Limousine, un
groupe jazz exclusivement instrumental emmené par Laurent Bardainne. Une très belle
surprise ! Mais au-delà de ce travail d’orfèvre, que peut-on dévoiler sur
le scénario et les directions qu’il prend ?
« Deux Fils » a
de beaux atouts à faire valoir. Indéniablement. Toutefois, il pèche par un
récit introspectif un brin bancal qui ne parvient pas à se défaire de la simple
chronique mondaine avec ses délires existentialistes, sa psychologie de comptoir,
ses dialogues ronflants etc. Le jeune réalisateur ne sait pas quoi faire de
toutes ses envies et a du mal à structurer tout cela dans une trame un tant
soit peu captivante. Le cul entre deux chaises, son métrage fait sourire, tente
parfois de nous émouvoir, mais éprouve toutes les difficultés du monde à
parvenir à ses objectifs : faire rire en tant que comédie, nous ébranler
en tant que drame. Dramédie profondément mélancolique avec quelques petites
touches d’humour, « Deux Fils » ne dépasse pas la chronique urbaine
et ne raconte finalement pas grand-chose sur ses thèmes (le deuil, la
filiation, l’amour paternel et fraternel…) Il appartient à ces premiers films
bourrés de bonnes intentions mais pétris de défauts. Parfaitement taillé pour
plaire à une frange de la critique (servile) parigote…
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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