Versus - Annihilation

Lena, biologiste et ancienne militaire, participe à une mission destinée à comprendre ce qui est arrivé à son mari dans une zone où un mystérieux et sinistre phénomène se propage le long des côtes américaines. Une fois sur place, les membres de l'expédition découvrent que paysages et créatures ont subi des mutations, et malgré la beauté des lieux, le danger règne et menace leur vie, mais aussi leur intégrité mentale. 



Qui de l’œuf ou de la poule vit le jour en premier ? C’est une question à laquelle nous ne manquerons pas de répondre… une prochaine fois ! Pour l’heure, concentrons-nous sur l’œuvre de science-fiction « Annihilation ». Entre le roman de Jeff VanderMeer et le film d’Alex Garland (réalisateur d'« Ex Machina »), notre cœur balance. Finira-t-il par chavirer ? La réponse dans quelques lignes.

Lors de la sortie d’ « Annihilation » l’an dernier, le Professeur Grant écrivait à son sujet : « Plongée psychédélique vertigineuse dans le miroitement, un délire SF décomplexé qui vaut plus que ses échos à « The Thing » et « Alien ». Puissant ! ». Après lecture du roman - sorti originellement en 2014, il nous tardait de le comparer à son adaptation. Suivez le guide !

Who you gonna call?
/!\ Spoiler alert /!\

Annihilation, le roman, est le premier volet de la trilogie The Southern Reach. Les séquelles se nomment Authority et Acceptance. À l’heure où nous écrivons ces lignes, seul Annihilation a été porté à l’écran. The Southern Reach fait référence à l’agence gouvernementale chargée d’investiguer la zone connue sous le nom d’« Area X ». Une zone de laquelle aucune expédition ne reviendrait. Dans le livre, la population mondiale est au courant de l’existence de la zone X. Dans le film, la découverte a été gardée secrète et Lena - le personnage joué par Natalie Portman - apprend l’existence de cette zone après le retour inexplicable de son mari, laissé pour mort un an plus tôt lors de la onzième expédition. C’est donc un premier changement majeur. Et des changements, il y en a moult autres. Alex Garland a pris pas mal de libertés par rapport au matériel source. Dans le roman, il n’est pas question de méga-crocodile ni même d’ours génétiquement modifié grommelant avec la voix de ses victimes. Spooky! 

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De même, les membres de l’expédition n’échangent pas leurs noms. Seul leur rôle est mentionné : l’anthropologiste, la biologiste, la psychologue, etc. Le long-métrage met un nom à ces visages et donne beaucoup plus de background aux personnages. Bon point pour le film. Autre amélioration : les motivations qui poussent Lena à s’enrôler diffèrent d’un médium à l’autre. Dans le livre, son mari est laissé pour mort et sa participation à la douzième expédition reste peu compréhensible. Dans le film, elle s’enrôle afin de trouver un moyen de guérir son mari. Certains éléments ont par contre été engloutis par la déchiqueteuse scénaristique. Où sont passées les écritures sur l’inquiétant mur extraterrestre ? Dans le livre, plusieurs passages étaient consacrés à ce phénomène surnaturel. Dans le film, nous devons nous contenter d’un mur boursouflé qui n’apparaît que dans un plan. Le même sort est réservé à la Tour/le Tunnel. Et quid du Crawler ? Le monstre/chenille écrivant les mots sur le mur étrange ? Là encore, notre imagination l’emporte sur la caméra de Garland. Conséquence directe : le film épouvante moins que le livre. 

La vérité est ailleurs...
Dernière différence majeure, l’explication du titre. Dans le roman, « Annihilation » est un des mots-clés hypnotiques que la psychologue utilise à l’encontre des autres membres de l’expédition. En plus d’affermir son autorité, la psy peut ainsi faire se suicider n’importe quel membre de l’expédition dans le cas où sa vie serait en danger. Dans le film, la psy (jouée par Jennifer Jason Leigh) n'utilise pas l'hypnose. Là encore, c’est tout un pan du récit qui est passé sous silence.

Beaucoup de ces choix s’expliquent par la volonté du réalisateur d’adapter Annihilation comme un stand-alone movie. Ce n’est d’ailleurs qu’après avoir commencé le travail d’adaptation sur le premier opus que les deux suites furent publiées. De plus, les craintes d’un des producteurs ont quelque peu forcé le réalisateur à ne pas complexifier le film outre mesure. La fin se veut donc la moins alambiquée possible. 

E.T. téléphone... maison ??!
Vous l’aurez compris, « Annihilation » n’est pas l’adaptation fidèle du roman éponyme mais plutôt la vision d’Alex Garland. Vision que l’auteur Jeff VanderMeer consentait à être différente. VanderMeer a d’ailleurs été fort impliqué dans la « mutation » de son livre en film. En résulte une œuvre sur le thème de l’autodestruction léchée, complexe et ô combien intrigante même si le matériel source se veut bien plus singulier et abscons encore.  

Plus psychédélique, vif et parfois moins vague que la version lisible, le film s’avère être une belle addition à l’univers créé par VanderMeer.

Et vous, reviendrez-vous indemne de la Zone X ?

Goupil

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