Vice



Fin connaisseur des arcanes de la politique américaine, Dick Cheney a réussi, sans faire de bruit, à se faire élire vice-président aux côtés de George W. Bush. Devenu l'homme le plus puissant du pays, il a largement contribué à imposer un nouvel ordre mondial dont on sent encore les conséquences aujourd'hui…




Connu pour ses turlupinades usinées avec son complice Will Ferrell (au hasard, Anchorman 1 et 2, Talladega Nights, Step Brothers, The Other Guys), Adam McKay a surpris la planète cinéphile en sortant, il y a trois ans, « The Big Short », diatribe acide et grinçante sur la crise économique de 2008. Une œuvre majuscule qui a d’emblée installé le réalisateur dans la cour des grands. Ceci explique notamment le battage médiatique autour de son nouveau projet, « Vice », portrait au vitriol de l’ex-vice-président américain Dick Cheney. Si le cinéaste n’atteint pas l’excellence de son précédent métrage, son biopic reste toutefois un excellent pamphlet que l’on vous recommande chaudement.

En abordant l’ascension politique du néoconservateur dans les arcanes du pouvoir, cette satire se montre tour à tour instructive, passionnante, jubilatoire, mordante, machiavélique. Le metteur en scène parvient d’une part à vous glacer le sang en illustrant les conséquences des décisions prises dans les hautes sphères de l’administration américaine et, d’autre part, à vous faire rire car la manière de s’y prendre touche plus à la dérision qu’à la réalité. On en veut pour preuve la scène du dîner avec Alfred Molina. Un must ! Effets de montage ingénieux, dialogues à pleurer de rire, métaphores farfelues, faux générique (idée piquée à « 99 francs » soit dit en passant), le quinquagénaire ne se refuse aucune embardée humoristique pour alimenter son brûlot politique. Et il a bien raison car son approche est irrésistible.

Si la presse américaine a tiré à boulets rouges sur le film et critiqué son aspect partial voire militant, ce qui ne pronostique rien de bon pour les Oscars, nous, on a justement adoré ce côté totalement assumé et engagé. Adam McKay s’en donne à cœur joie pour notre plus grand bonheur. Avec son sens aiguisé du rythme et de la vulgarisation, ce dernier démont(r)e les rouages de la politique américaine contemporaine, nous permettant d’entrevoir les failles du système expliquant des investitures controversées comme celles de Bush fils et, par extrapolation, de Donald Trump. Féroce, fouillé, dense, survolté, grinçant, « Vice » vaut également le détour pour la performance stupéfiante du plus transformiste des acteurs hollywoodiens, Christian Bale, à nouveau méconnaissable. Saluons également le très bon travail réalisé sur les maquillages. Le reste du casting est à l’avenant : Amy Adams, Steve Carell, Sam Rockwell, Tyler Perry, Jesse Plemons sont tous géniaux. Une distribution quatre étoiles qui achève de faire de ce long-métrage une excellente sortie cinéma.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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