Toy Story 4



Woody a toujours privilégié la joie et le bien-être de ses jeunes propriétaires – Andy puis Bonnie – et de ses compagnons, n’hésitant pas à prendre tous les risques pour eux, aussi inconsidérés soient-ils. L’arrivée de Forky un nouveau jouet qui ne veut pas en être un dans la chambre de Bonnie met toute la petite bande en émoi. C’est le début d’une grande aventure et d’un extraordinaire voyage pour Woody et ses amis. Le cowboy va découvrir à quel point le monde peut être vaste pour un jouet…






Clap de fin

Toy Story. Voilà bien une saga qui s’est développée sans galvauder son matériau d’origine, sans trahir ses fans de la première heure et sans se compromettre avec les suites imposées par l’empire Disney. Ainsi, à la fin du troisième volet, les cinéphiles se disaient que la boucle était désormais bouclée. Une trilogie qui a pu se conclure avec panache, maniant un dosage mesuré du cocktail humour-émotion-action-originalité. Et l’aficionado de se faire une raison, la mort dans l’âme. Il n’y aura plus de Woody, Buzz, Rex, Bayonne, Zig-Zag et Monsieur Patate sur le grand écran. Et ce n’était pas plus mal vu l’excellence atteinte par cette franchise. Clap de fin, merci Pixar pour cette belle aventure…

Patatras !

Et puis, patatras ! Mickey, ses dents longues et ses sbires d’actionnaires, dans une soif de flouze toujours plus grande, oblige la lampe bondissante à fournir un quatrième épisode. Et tant pis pour le chiffre 3 sacré dans le septième art. On ne va quand même pas laisser mourir une licence aussi lucrative ? C’est bien connu, à Hollywood, la quantité prime sur la qualité. Et le studio aux grandes oreilles de crier sur tous les toits l’arrivée d’un tout nouvel opus. La planète cinéphile ne crie pas de joie, même si, dans son cœur, réside un espoir de retrouver ses personnages préférés dans des péripéties au moins aussi passionnantes que celles de 1995, 1999 et 2010. Après deux reports, voici que débarque - enfin ! - l’objet du délit.

Meet Forky

Et contre toute attente, ce quatrième numéro est loin d’être la déconvenue redoutée. Mieux, il se révèle être à la hauteur de la qualité tant visuelle que narrative présente jusqu’à présent dans cette saga. Quoi de beau au menu de cette nouvelle fournée ? Pixar ressort le coffre à jouets et déverse tout par terre. Certains personnages reviennent dans le coup à l’image de la bergère Bo Peep, d’autres sont laissés de côté comme l’irrésistible Ken, le compagnon de Barbie. Particularité de ce volet, il se concentre essentiellement sur les personnalités de Woody et d’un tout nouveau venu dans la bande : Forky, un jouet qui… ne veut pas en être un ! Fabriqué à partir de deux ou trois bricoles pêchées dans une corbeille, cet agglomérat de déchets devient le doudou préféré de la petite Bonnie.

Bigger than life

Seulement, si tous les jouets veulent devenir l’élu du propriétaire, notre petite fourchette en plastique, elle, ne rêve que d’une chose : passer sa vie… dans une poubelle ! Et voilà notre tandem hétéroclite pris dans une aventure bigger than life où il doit remuer ciel et terre pour retrouver le chemin de la petite Bonnie, partie en road-trip avec ses parents. Une fois n’est pas coutume du côté de la société d’Emeryville, les scénaristes conçoivent leur récit sur une excellente idée de base : prendre comme point de départ une babiole fabriquée par un enfant en bas âge qui, même si elle ne possède aucune valeur esthétique, relève d’une importance capitale aux yeux de son détenteur. Et les auteurs de jouer sur la valeur affective qui se niche dans la relation entre un angelot et son jouet favori.

Un humour généreux

Un postulat qui nous réserve quelques beaux moments d’émotion mais surtout une palanquée d’instants humoristiques. On soulignera d’ailleurs la créativité des équipes Pixar pour imaginer des gags visuels tordants (le running gag sur les poubelles ou encore les voix intérieures de Buzz) tandis qu’on n’oubliera pas de mentionner la qualité des dialogues. Ce « Toy Story 4 » fonctionne comme une véritable comédie où le rire le dispute à l’émotion. Qu’on se le dise, le métrage dispense un humour généreux. Par ailleurs, il s’inscrit pleinement dans l’air du temps avec un nombre impressionnant de protagonistes féminins aux arcs narratifs élaborés et de plus en plus de personnages estampillés « United Colors of Benetton ». Les enjeux multiculturels et féministes de notre monde semblent avoir touché le cinéma pour enfants. Et c’est tant mieux !

Maestria

Que dire de la virtuosité de l’animation ? La précision des images et le haut degré de réalisme de certaines séquences flattent la rétine. On en veut pour preuve la scène d’ouverture pour laquelle les graphistes ont abattu un extraordinaire travail sur la pluie, laquelle apparaît plus vraie que nature. Et l’on sait l’ « hénaurme » gageure que représente la gestion de l’eau dans le cinéma d’animation. Par ailleurs, la fluidité de la mise en scène et le boulot prodigieux sur le montage en font un candidat très sérieux à l’Oscar. Enfin, on n’oubliera pas de mentionner la beauté de la direction artistique, très élaborée (détails des décors, jeux sur les lumières et les ambiances), ainsi que l’excellente partition jazzy de Randy Newman, fidèle au poste. Bref, courez-y !

Note : 

Critique : Professeur Grant


Addendum

Que vous optiez pour la version originale ou l’adaptation française, le casting vocal vaut, à lui seul, le déplacement. En VO, outre les traditionnels Tom Hanks, Tim Allen ou Joan Cusack, vous allez adorer les nouveaux venus que sont Keanu Reeves (extraordinaire en Duke Caboom), Christina Hendrickx ainsi que le duo Jordan Peele / Keegan-Michael Key. En VF, Pierre Niney, Audrey Fleurot, le tandem Jamel Debbouze / Franck Gastambide ainsi que la chanteuse bruxelloise Angèle se chargent de donner de la voix.

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