Jojo Rabbit
Jojo est un petit allemand solitaire. Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu'imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle.
I. La
guerre selon Jojo
En voilà une proposition
cinématographique originale et gouleyante sur le nazisme ! Sociétaire
émérite et éminent des hurluberlus de la grosse farce, l’inénarrable Taika
Waititi (Thor : Ragnarok, What We Do in the Shadows) met en boîte une
comédie satirique colorée, loufoque et punchy sur la jeunesse hitlérienne. Adapté
du best-seller « Le ciel en cage » de la Belgo-Néo-Zélandaise Christine
Leunens, le film suit les péripéties de Jojo, un garçonnet allemand tellement
endoctriné qu’il a fait du Führer son ami imaginaire. Si tout allait bien
jusque-là, sa vision du monde est quelque peu mise à l’épreuve quand notre
fanatique découvre que sa maman chérie cache une jeune fille juive dans leur
grenier. Et Jojo le héros de devoir faire face à son nationalisme aveugle.
II. Truculence
et délectation
Casting truculent, gags
visuels désopilants, humour de situation tordant, dialogues décapants, running
gags hilarants, le Néo-Zélandais s’en donne à cœur joie et met nos zygomatiques
à rude épreuve pour notre plus grand plaisir. C’est que le cinéaste, à la fois scénariste
et réalisateur, n’a pas son pareil pour tourner en dérision des situations
dramatiques. Les comédiens s’amusent et cela se voit à l’écran. Scarlett
Johansson, Sam Rockwell, Rebel Wilson, Stephen Merchant ou encore Taika Waititi
himself se délectent de leurs
personnages hauts en couleur. Mention spéciale à la distribution des jeunes
pousses : on devrait rapidement entendre parler du trio Roman Griffin
Davis, Archie Yates et Thomasin McKenzie.
III. L’art
délicat de la dramédie
Sans fermer les yeux sur
les atrocités du Troisième Reich, le récit brasse des thèmes intéressants
(l’enfance dans un contexte de guerre, la haine de l’autre, le droit à la
différence…) sur une tonalité résolument singulière, laquelle apporte un peu de
fraîcheur dans une industrie hollywoodienne qui pousse les producteurs au
conformisme et à la standardisation. Cela émis, et nonobstant quelques
réjouissantes ruptures de ton, la greffe ne prend pas toujours entre le drame
et la pantalonnade. Peut-être parce que Taika Waititi place le curseur
tellement loin dans la farce qu’on a parfois du mal à prendre tout cela très au
sérieux. La charge émotionnelle étant diluée dans une succession de scènes
parodiques. Mais pas de quoi bouder son plaisir. Ruez-vous dans les salles
obscures !
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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