A Hidden Life


Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. Une vie cachée raconte l'histoire de ces héros méconnus.




Composition des plans, lumière, mouvements de caméra, montage, musique, bande sonore…, formellement, « A Hidden Life » est un écrin d’une beauté terrassante. Dommage que le cinéaste Terrence Malick se complaise dans ses images et délaisse la puissance de son propos. Découvrez notre critique complète!



I. Une brève histoire du temps

Un fond noir, le sifflement du vent, le chant des oiseaux, des cantiques religieux, une voix off. Il ne fait aucun doute, on ne s’est pas trompé de salle. Bienvenue dans le cinéma panthéiste de Terrence Malick. Célébration mystique de la nature, spiritualité et lyrisme, tout y est ! Après une gestation interminable, « A Hidden Life » point enfin le bout de son nez dans les salles obscures alors que le métrage a été tourné il y a près de… quatre ans. Entre-temps, deux de ses acteurs secondaires ont passé l’arme à gauche : le Suédois Michael Nyqvist ainsi que le Suisse Bruno Ganz. Rien d’anormal pour un metteur en scène qui aime prendre le temps nécessaire pour mûrir son œuvre. Rappelons-nous les vingt années qui ont séparé « Days of Heaven » de « The Thin Red Line ».

II. Objection de conscience

Après une trilogie expérimentale, éthérée et ésotérique des plus oubliables (les insondables To The Wonder, Knight of Cups et Song to Song) dans laquelle le réalisateur s’auto-pastichait sans ménagement quitte à devenir une caricature de lui-même, ce dernier revient enfin à une pellicule plus accessible, plus linéaire, plus narrative aussi. Car, contrairement à ses derniers films, il y a bien un sujet central ici. En retraçant un moment clef de la vie de l’objecteur de conscience Franz Jägerstätter, on suit l’indicible chemin de croix d’un agriculteur autrichien attaché à ses racines, sa famille et ses principes. Un pacifiste qui, nonobstant les affres de la Seconde Guerre mondiale, n’a jamais tourné le dos à ses convictions profondes. Une position radicale qui le conduira derrière les barreaux nazis.

III. Syndrome de Stendhal

Difficile de rester insensible à la splendeur plastique d’une œuvre aussi esthétique. A ce propos, il faut noter l’éclatant travail réalisé par le chef opérateur Jörg Widmer qui a tourné un maximum en lumière naturelle, ce qui donne des plans d’une grâce absolue. Pas de quoi tomber dans le syndrome de Stendhal mais suffisamment beau que pour l’épingler. Cela émis, la mise en scène emphatique et redondante de Malick lasse, et ce d’autant plus qu’il y a un cruel manque de propos pour tenir la distance. C’est d’ailleurs le principal problème de ce cinéaste perfectionniste : il adore se regarder filmer (surtout les plans en steadycam, son joujou favori !). Questionner l’amour, la foi, le doute, la vertu, l’idéal à travers les images, c’est très bien. Mais pourquoi diable nous les infliger durant trois heures ?

IV. Élégie

Il est une réalité : le montage est toujours une étape douloureuse pour le Texan car il ne parvient pas à couper dans ses métrages. Alors, ce dernier compile tous ses rushs frénétiquement à la manière d’un pêle-mêle. Une sorte de patchwork artistique aussi beau que superflu. Le metteur en scène ne parvenant pas à séparer l’utile de l’accessoire. Ce qui nous donne in fine une fresque élégiaque de toute beauté mais quelque peu éreintante car on attend inlassablement que la scène finale vienne nous délivrer de l’ennui. Servi par des acteurs au diapason et une composition musicale enivrante signée James Newton Howard, « A Hidden Life » est passionnant à bien des égards mais trop étiré que pour maintenir l’intérêt du spectateur sur la durée. A réserver aux thuriféraires du cinéma malickien.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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