Onward
Dans la banlieue d'un univers imaginaire, deux frères elfes se lancent dans une quête extraordinaire pour découvrir s'il reste encore un peu de magie dans le monde.
I. L’un
des pires Pixar
« Onward »,
signé Dan Scanlon, réalisateur du peu inspiré « Monsters University »,
est l’un des pires Pixar. Ok ? C’est bon ? On a toute votre
attention ? Poursuivons. Les mots sont forts ? D’accord. Durs ?
Peut-être. Justes ? Assurément ! En regardant dans le rétroviseur,
nous prenons vraiment conscience de la réelle qualité de la filmographie du
studio d’Emeryville. C’est que la petite lampe bondissante nous a rarement
déçus, accumulant les chefs-d’œuvres et autres excellentes fournées avec une régularité
quasi métronomique et une facilité aussi insolente qu’épatante, faisant
jalouser par-là les concurrents de l’animation.
II. Mi-chèvre,
mi-chou
Et même les productions en
demi-teinte épinglée par l’aréopage cinéphilique mondial, on pense à « The
Good Dinosaur », « Brave », « Finding Dory » sans
oublier… « Monsters University », on leur trouve finalement des
circonstances atténuantes. Qu’on se le dise, « En Avant » (en version
française), vingt-deuxième long-métrage mais premier de l’ère post-John
Lasseter, est de ceux-là. Soit loin d’être bon, mais pas si mauvais non plus.
D’ailleurs, sans doute conscient du résultat, le studio ne mise pas énormément
sur ce film au regard de la timide campagne promotionnelle qui entoure sa
sortie.
III. Récit
rachitique
L’histoire ?
Simpliste ! Dans un monde féerique où les créatures fantastiques se côtoient
les unes les autres dans la plus parfaite harmonie, deux frères elfes sont bien
décidés à faire usage d’une magie ancestrale et quelque peu oubliée aujourd’hui.
Objectif : faire revenir leur père décédé l’histoire d’une journée. Voilà.
Merci. Au revoir. Non, évidemment, quelques péripéties viennent pimenter leur
aventure initiatique. Mais pas des masses non plus. C’est que le récit, des
plus rachitiques, mise surtout sur les dialogues entre les deux frangins plutôt
que sur les rebondissements.
IV. Logorrhée
assommante
En soi, ce parti pris
n’est pas une mauvaise idée. C’est même une manière intéressante d’approfondir
les deux thèmes principaux de ce conte familial, à savoir le deuil et la
fraternité. Sauf que la qualité des échanges est toute relative et, surtout,
les confrontations on ne peut plus attendues. Le casting vocal a beau être
impressionnant (Chris Pratt, Tom Holland, Octavia Spencer), il ne parvient pas
à rendre les discussions mémorables ou ne serait-ce que dignes d’intérêt. On se
retrouve alors avec un film verbeux et convenu qui empêche tout rythme de
s’installer. Et le spectateur de résister péniblement à cette logorrhée
assommante.
V. Artificiel
et anecdotique
Par ailleurs, on n’est
pas du tout convaincu par l’artificialité du décorum, lequel tient plus de
l’anecdote. Les scénaristes se sont efforcés à imaginer un univers magique
peuplé de créatures fantastiques sans toutefois développer des enjeux qui
justifient réellement ce choix. La fantasy
ne sert finalement que de décor. Un environnement proche du nôtre d’ailleurs,
sauf qu’ici les clochards sont des… licornes ! Ainsi, hormis l’une ou
l’autre idée (un gag par-ci, une facilité scénaristique par-là) qui connecte
l’intrigue à ce monde imaginaire, l’histoire aurait très bien pu se passer sur
notre planète.
VI. L’art
de faire vibrer la corde sensible
Une fois n’est pas
coutume, Pixar s’intéresse avant tout à ses personnages et à la quête intime qu’ils
traversent. Comme susmentionné, on retrouve le thème du deuil déjà exploité par
le studio avec une infinie justesse dans « Up » et « Coco »,
deux œuvres qui touchent au sublime. Ici aussi, l’émotion vous submerge sans
que vous puissiez contrôler vos réserves lacrymales. Car, comme à l’accoutumée
avec la lampe bondissante, elle parvient à vous toucher droit au cœur, sans
pour autant sortir les violons pour engager les trémolos. Ce n’est jamais
gratuit, toujours raccord avec l’histoire qui nous est contée.
VII. Sans
plus
Sensible mais non dénué
d’humour, « Onward » est un divertissement familial efficace qui
plaira tant aux enfants pour les échappées magiques et aventureuses qu’aux
parents pour le très beau message plein d’espoir injecté en filigrane dans le récit.
Un coming of age movie sympathique
mais pas assez bien ficelé que pour prétendre au label qualité Pixar. C’est que
la société d’animation nous a habitués à nettement mieux. D’ailleurs, il nous
tarde de découvrir sa prochaine livraison : « Soul », de Pete
Docter (Inside Out), nouveau directeur artistique de Pixar. Au menu : un
aller-retour dans un royaume cosmique pour découvrir ce qui fait notre essence.
Tout un programme !
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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