Tout Simplement Noir
En
dépit de l’ami Coco
Qui dit saison estivale
dit florilège de blockbusters pétaradants… Oui, mais ça, c’était avant. En
cause : l’ami Cocorona qui sévit durement outre-Atlantique, au pays de la
Houppette blonde. Du coup, l’industrie hollywoodienne tourne au ralenti. Coup
dur pour les exploitants de salles obscures. A contrario, sur le Vieux
Continent, les cinémas ont rouvert leurs portes avec une offre rachitique. En
substance : des métrages d’animation, des pellicules indépendantes, des
films d’auteurs, des séries B et des ressorties, avec une place prépondérante pour
la production hexagonale. Dans cette dernière, il y a à boire et à manger. Mais
une comédie, toujours sur nos écrans, sort du lot par sa pertinence, son
irrévérence et son actualité. Son titre : Tout Simplement Noir. On y parle
communautarisme, racisme, militantisme… Bref, des sujets brûlants voire
casse-gueules.
Un
documenteur décapant
Derrière ce projet, le
doux dingue Jean-Pascal Zadi, réalisateur autodidacte de clips vidéo de rap et
de street films vendus à l’arrache
dans la téci. Aidé par son ami John
Wax, celui-ci s’est lancé dans un documenteur
délirant au sujet pourtant très sérieux et on ne peut plus explosif : la
représentation des Noirs dans le cinéma français. Il joue donc JP, quadra,
acteur raté, mari, papa et… black. Prenant à-bras-le-corps le thème de l’invisibilisation des personnes de
couleur dans les médias et, plus largement dans la société, ce militant aussi
opportuniste que maladroit met les pieds dans le plat et décide d’organiser la
première grosse marche de contestation noire en France. Et pour la médiatiser,
il va rencontrer une pléiade de personnalités du show-biz : Eric & Ramzy,
Fary, JoeyStarr, Soprano, Omar Sy, Fabrice Eboué, Claudia Tagbo, Mathieu
Kassovitz…
Tout
simplement drôle
Avec son style mockumentaire façon « The Office »
ou « Modern Family » (caméra à l’épaule, regard caméra, comique de
situation, ton burlesque…) et sous un vernis d’humour corrosif plutôt décapant, « Tout
Simplement Noir » parvient à nous questionner tantôt de façon finaude
tantôt de manière absurde sur la thématique de l’identité noire. Cinglant,
implacable, percutant, jubilatoire, frais, léger mais aussi attachant, ce faux
documentaire s’affiche surtout comme une réussite totale dans le registre de la
comédie. Il est bardé de punchlines façon
uppercut, de gags de derrière les fagots ou de moments bien gênants. Zadi régale
dans l’exercice périlleux de l’autodérision et maîtrise par-delà les
différentes strates de l’humour. Il faut d’ailleurs reconnaître une certaine
qualité d’écriture même si on regrette l’aspect répétitif des rencontres avec
les vedettes, faisant de sa fiction un film à sketchs un chouïa redondant. Mais
pas de quoi bouder son plaisir car c’est tout simplement désopilant.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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