The Suicide Squad
Bienvenue en enfer - aka Belle Reve, la prison dotée du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis d'Amérique. Là où sont détenus les pires super-vilains, qui feront tout pour en sortir - y compris rejoindre la super secrète et la super louche Task Force X. La mission mortelle du jour ? Assemblez une belle collection d'escrocs, et notamment Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et la psychopathe préférée de tous : Harley Quinn. Armez-les lourdement et jetez-les (littéralement) sur l'île lointaine et bourrée d'ennemis de Corto Maltese. Traversant une jungle qui grouille d'adversaires et de guerilleros à chaque tournant, l'Escouade est lancée dans une mission de recherche et de destruction, avec le seul Colonel Rick Flag pour les encadrer sur le terrain… et la technologie du gouvernement dans leurs oreilles, afin qu'Amanda Waller puisse suivre le moindre de leurs mouvements. Comme toujours, un faux pas est synonyme de mort (que ce soit des mains de leurs opposants, d'un coéquipier ou de Waller elle-même). Si quelqu'un veut parier, mieux vaut miser contre eux - et contre eux tous.
Fistule
anale (c’est bon, j’ai votre attention)
Rétroactes. Août 2016. «
Suicide Squad » sort dans les salles obscures précédé d’une effervescence
monumentale, suite à une campagne marketing efficace et rondement menée par la
maison Warner. Mais le constat est cinglant. Une déconvenue artistique sans
précédent, un pétard mouillé consternant, un destruction porn lamentable. Le réalisateur (vraiment ?) et
scénariste (vraiment ? – bis) David Ayer a semble-t-il confondu scénario avec
cahier des charges. Cette daube aux prétentions anarcho-punk s’est finalement
révélée aussi trash que « Oui-Oui et la cornemuse enchantée ». Aussi agréable
qu’une fistule ano-rectale, cet étron cinématographique fut bien vite évacué
avec la chasse d’eau. Reste le souvenir douloureux pour les cinéphiles qui
n’ont eu d’autres choix que de s’en remettre aux doigts célestes du
Tout-Puissant pour assainir leur fondement.
Reloaded
Gunn (hell yeah !)
Cinq ans après. Août
2021. « The Suicide Squad » débarque sur les écrans géants dans une relative
indifférence, la faute à un contexte sanitaire peu exaltant et des désillusions
successives pour la Warner qui ne sait plus quoi faire avec ses
superproductions onéreuses badgées DC Comics (le fiasco Justice League ou
encore le revers Wonder Woman 84). Contre toute attente, le résultat est
relativement enthousiasmant. Paraphée James Gunn, cette suite qui s’ignore se
laisse regarder sans (trop) sourciller. Avec un tel patronyme, on se doutait
bien que ça allait défourailler sec ; les douilles jaillissant sur la caméra
tout comme les hectolitres d’hémoglobine. On connaît le tableau de chasse du
gaillard (Super, Slither) et sa tendance toute naturelle à conjuguer violence,
gore et une certaine idée de la coolitude
(Guardians of the Galaxy, Vol. 1 & 2).
Régressif
(mais jouissif)
Que ce soit en 2016 ou
cette année, la promesse du métrage reste la même : solliciter un de vos
neurones et le divertir en compagnie d’une escouade de vilains-pas-beaux censée
transgresser les codes du film de super-héros. En cela, le contrat est rempli.
Car si le tâcheron Ayer s’est pris les pieds dans le tapis, Gunn, pour sa part,
livre une pellicule fidèle aux attentes et se permet même quelques fulgurances,
que ce soit dans l’irrévérence, la satire, le politiquement incorrect ou la
caricature. Conscient de ce qu’il est, à savoir un blockbuster régressif et
azimuté sous testostérone tout droit venu d’une dimension cousine à « Deadpool
», ce divertissement décomplexé et bas de plafond parvient à nous rendre
jouasse grâce à ses ruptures de ton imprévisibles, ses dialogues potaches et
surtout ses nombreuses fausses-pistes parodiant les structures narratives
éculées des actionners des 80-90’s.
Du
con (et du moins bon)
C’est bien simple, le
cinéaste s’autorise toutes les fantaisies, même les plus excessives, les plus
immorales, bref tout ce qui lui était interdit lorsqu’il officiait au sein de l’écurie
concurrente, Marvel. Sa BD filmée se moque de tout, de tout le monde, y compris
d’elle-même, et se paye en outre le luxe d’égratigner la politique extérieure
du gouvernement américain au moyen d’un humour au vitriol. Le mauvais goût est
ici érigé en modèle avec notamment quelques punchlines
bien senties et autres money shots
bien burnés. Action débridée, personnages improbables, situations burlesques
« The Suicide Squad » est une régalade pour qui ne se montre pas trop
exigeant. Le cinéphile vétilleux, lui, regrettera quelques pertes de rythme,
une narration somme toute classique et un climax tirant inutilement en
longueur. C’est complètement bidon, certes, mais on se bidonne et, in fine, ce
n’est déjà pas si mal.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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