Eternals
Depuis l’aube de l’humanité, les Éternels, un groupe de héros venus des confins de l’univers, protègent la Terre. Lorsque les Déviants, des créatures monstrueuses que l’on croyait disparues depuis longtemps, réapparaissent mystérieusement, les Éternels sont à nouveau obligés de se réunir pour défendre l’humanité…
Rien
ne va plus !
Décidément, rien ne va
plus du côté de Marvel. A quand remonte le dernier bon film produit par le
studio ? Réponse : à 2018, avec « Avengers : Infinity
War ». Soit une plombe et demie dans l’univers étendu des super-héros. Et
si les espoirs étaient grands du côté des aficionados en voyant débarquer la
nomade fraîchement oscarisée Chloé Zhao à la barre de cet
« Eternals » censé renouveler quelque peu une formule poussiéreuse devenue
bien trop mécanique, force est de constater que la mayonnaise ne prend pas. Et
pourtant, on ne peut en vouloir à Kevin Feige, producteur-manitou tirant les
ficelles au sein de la filiale cinématographique de la Maison des Idées,
d’avoir pris un certain risque avec cette superproduction à la fois ambitieuse
sur le papier et finalement très peu inspirée à l’écran.
Marvel :
ultra codifié, hyper balisé
Certes, le métrage tente cahin-caha
de sortir du moule, de faire un pas de côté, de prendre du recul et produire
quelque chose d’un chouïa différent, tant dans le fond que dans la forme. Et
l’installation de ces personnages déifiés inconnus du grand public était une
bonne occasion d’ouvrir les horizons de cette quatrième phase du Marvel
Cinematic Universe. Mais la greffe de l’auteure placée dans la galaxie ultra
codifiée et hyper balisée du MCU ne fonctionne pas. Comme écrasée par
l’imposant cahier des charges, la réalisatrice du méritoire « Nomadland »
éprouve les plus grandes difficultés à émerger, peinant à s’y retrouver dans
son récit, ballottée entre l’obligation d’introduire chaque personnage et
l’envie d’imprégner sa pellicule d’une touche toute personnelle (sa
sensibilité, son rapport à l’environnement, l’utilisation des décors naturels).
C’est
oim ou on se fait iéch ?
En résulte un rythme
nonchalant, apathique, plombé par une logorrhée assommante et des surexplications
superfétatoires. Mais en sus d’être lent, ce blockbuster hybride s’avère
terriblement long, ne justifiant jamais sa durée de 2h37 (!) L’ensemble, cousu
de fil blanc, apparaît trop limpide aux yeux des spectateurs, même les plus
fatigués d’entre eux. Outre l’absence de mystère, « Eternals »
souffre d’une carence d’enjeux, provoquant de facto notre désintérêt total. Certains
personnages s’affichent comme des coquilles vides ambulantes à l’image de Kong,
lamentablement incarné par un Kumail Nanjiani en roue libre (ignorons son sidekick horripilant, pire comic relief du MCU), dont la psychologie
est d’une insondable vacuité. La double peine ! Même le némésis de l’histoire
fait pâle figure. Quant aux tourments de certains super-héros, ceux-ci auraient
gagné en intérêt et en intensité s’ils avaient été davantage approfondis.
Breaking
Point
Nonobstant sa longueur excessive,
le film gère mal ses séquences émotionnelles. Au point qu’on s’en contre-saint-ciboirise,
comme on dit au Québec, des (més-)aventures de ces Eternels. Les morts, les
trahisons, les rebondissements, on ne vibre jamais, hermétique à ces destinées bigger than life, imperméable à ce grand
spectacle aux CGI approximatifs. On regarde bon gré mal gré
ce vingt-sixième long-métrage du MCU dans le seul et unique but de ne pas
être trop largué dans la timeline. On
se pince pour rester éveillé de la même manière qu’on suit péniblement un
épisode lambda d’une série télévisée qui s’essouffle. Sauf que, pour notre
part, on arrive au point de rupture. Est-on encore prêt à perdre notre temps
devant des historiettes sérielles mal fagotées ? Après les
« Shang-Chi », Black Widow », « Captain Marvel »,
« Black Panther » et autres « Avengers : Endgame » de
pacotille, a-t-on vraiment envie de subir un nouveau produit sans aspérités tout
droit sorti des lignes de montage industrielles estampillées Marvel ?
En
attendant Uncle Sam…
Si on se montre peu
emballé (et c’est un euphémisme) par le pourtant très attendu
« Spider-Man : No Way Home » du yes man en chef Jon Watts, l’arrivée de l’oncle Sam (Raimi) dans
l’annoncé « Multiverse of Madness » (sic) pour nous conter les
déboires de Benedict « Doctor Strange » Cumberbatch parvient
néanmoins à piquer notre curiosité. Le papa auréolé du triomphe critique et
commercial de la trilogie « Spiderman » arrivera-t-il à redresser la
barre ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite. En tout cas, ce dernier porte
sur ses épaules nos ultimes espoirs concernant l’avenir du MCU. Verdict au
printemps prochain.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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