Netflix Chronicles: Chapter Twelve
Première fois
« Toute
première fois, toute, toute première fois ».
Voilà. Le tube de Jeanne Mas va tourner dans votre caboche pour le reste de la
journée telle une insupportable ritournelle. Merci qui ? Plus
sérieusement, cette rengaine nous permet d’introduire une réalité cinématographique
qui fait plaisir à voir dans le paysage des plateformes de streaming. Et en
particulier Netflix. En effet, on peut critiquer la firme multinationale sur
bien des aspects, mais s’il y a bien un élément sur lequel elle est
irréprochable, c’est dans la recherche de nouveaux auteurs. Véritable
dénicheuse de talents, la société s’est évertuée, ces dernières années, à donner
un coup de pouce à des inconnus, mais aussi à des personnalités du septième art.
Dans ce chapitre, pas moins de cinq hommes et femmes venus d’horizons
différents se sont lancés dans leur premier long-métrage.
Maggie, Rebecca,
Lin-Manuel, Jeymes et Douglas
On a ainsi pris plaisir à
regarder les premiers longs-métrages de Maggie Gyllenhaal (The Lost Daughter)
et Rebecca Hall (Passing). Dans les deux cas, les comédiennes nous ont fait
forte impression avec des œuvres d’une grande maîtrise, tant sur le plan
esthétique que narratif. Chez les hommes, on a pu découvrir l’incroyable
« Tick, Tick… Boom ! », comédie musicale de haute volée mise en
scène par cette pépite tout droit venue de Broadway nommée Lin-Manuel Miranda,
ainsi que le savoir-faire technique de Douglas Attal (Comment Je Suis Devenu
Super-Héros) et Jeymes Samuel (The Harder They Fall).
Sans oublier les auteurs
de fin d’année
Fin d’année oblige, Netflix
a mis le paquet pour s’attribuer les services d’auteurs confirmés afin de se
faire une place au soleil durant la saison des cérémonies. Objectif :
briller aux Golden Globes et surtout aux Oscars afin d’obtenir une légitimité
toujours contestée par certains nonobstant le sacre, il y a trois ans, de
« Roma » signé Alfonso Cuarón. Et pour 2021, la plateforme a sorti le
grand jeu (et le chéquier). Lisez plutôt : Adam McKay et sa horde de stars
(Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Cate Blanchett) dans la
satire « Don’t Look Up », Jane Campion et son western psychologique
« The Power of The Dog » ou encore Paolo Sorrentino et sa chronique
familiale napolitaine toute personnelle « È stata la mano di Dio ».
Ces deux derniers ont déjà fait forte impression auprès de la critique après
leur passage remarqué à la Mostra de Venise. La Néo-Zélandaise a été saluée
pour sa mise en scène tandis que l’Italien est reparti avec le Grand Prix du
Jury. Sans oublier le trophée du meilleur scénario accordé à Maggie Gyllenhaal
pour l’adaptation du roman d’Elena Ferrante « The Lost Daughter ».
De bon augure pour la
récolte des statuettes dorées. Verdict le 27 mars prochain lors de la 94e
cérémonie des Oscars. En attendant, découvrez ci-dessous nos avis sur les
dernières sorties estampillées du N rouge :
Don’t
Look Up (3/5)
McKay s’éclate toujours
autant sur le sentier de la farce corrosive mais sa satire, pas assez
vitriolée, tire à blanc et s’avère inoffensive
È
stata la mano di Dio (4/5)
Du rire aux larmes, du
sublime au vulgaire, Sorrentino réussit là où Cuarón a échoué. Sa chronique
familiale est un bel ascenseur émotionnel
The
Power of The Dog (3/5)
Pas à la hauteur des
attentes. Jane Campion dissèque la virilité dans un western plus abouti dans sa
dimension formelle que sur le fond.
The
Lost Daughter (4/5)
Maggie Gyllenhaal s’offre
un premier film d’une impressionnante maîtrise formelle et narrative. Un vrai
talent de cinéaste à suivre de près.
Passing
(3/5)
Première copie réussie
pour Hall. On retient l’élégance de la mise en scène, la profondeur de la réflexion
et le jeu brillant des actrices.
Tick,
Tick… Boom ! (3/5)
On vient surtout pour le
talent de Miranda, mais on sort in fine du film avec la performance méritoire
de Garfield. And the Oscar goes to…
The
Unforgivable (2/5)
La dissonance entre
l’artificialité de la mise en scène de Fingscheidt abusant des flashbacks et le
réalisme du jeu de Bullock nuit au film.
Red
Notice (2/5)
Ce film a si peu d’idées
à proposer qu’il en devient fascinant. Son projet: pompage ad libitum du
catalogue des blockbusters hollywoodiens.
The
Harder They Fall (2/5)
Dialogues indigents,
musiques envahissantes, récit chétif, ce western pop aux accents tarantinesques
est sauvé par son casting en or massif.
Army
of Thieves (2/5)
Pas aussi naze qu’on
aurait pu le penser grâce à l’abattage de Schweighöfer, ce film de casse n’a
pour autant pas grand-chose pour lui.
Stowaway
(3/5)
Après Arctic, Penna
revient derechef avec un survival anxiogène épuré au suspense maîtrisé.
Captivant malgré un troisième acte qui toussote.
Bac
Nord (3/5)
Western urbain sous
stéroïde, Bac Nord rappelle aux cinéphiles que le cinéma hexagonal peut nous
pondre des polars de qualité supérieure.
Comment
Je Suis Devenu Super-Héros (2/5)
Nonobstant quelques
faiblesses narratives et balourdises, le film est d’une efficacité exemplaire. Divertissant,
généreux et spectaculaire.
De
Slag Om De Schelde (3/5)
Formellement
irréprochable avec une production design des plus réalistes, le film convainc
moins dans sa dimension narrative, trop mécanique
Bo
Burnham : Inside (4/5)
Claquemuré dans sa
chambre, Burnham livre avec ce « special » ce qu’on a vu de plus drôle,
touchant et inventif en 2021. Quelle perf !
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