Bilan 2021 - le "Top 10" du Professeur Grant

 


Death to 2021

Au gui l’an neuf ! Bonne année, bonne santé… et bonne vaccination ! Mais surtout de bons films ! Vu l’état de la situation sanitaire, on risque encore de connaître une année compliquée sur le plan des sorties en salles. A Hollywood, on s’organise déjà avec des reports et autres stand-by. Mickey a déjà annoncé qu’il lancerait son prochain Pixar sur sa plateforme Disney+. Pas de « Turning Red » sur grand écran du coup. Merci Omicron, ce fameux variant Transformers qui a décidé de plomber le moral des exploitants cinématographiques. Pourvu que la petite souris aux grandes oreilles ne touche pas à « Lightyear », spin-off de la saga « Toy Story » racontant les origines de Buzz L’Eclair. Une histoire qui mérite d’être racontée sur écran géant.

Annus Horribilis, saison 2

L’année dernière, on écrivait « Adieu annus horribilis, bonjour 2021 et toutes ses promesses… D’un naturel optimiste, on préfère voir le verre à moitié rempli. Il ne nous reste plus que ça, l’espoir d’un avenir cinématographique meilleur ». On ricane en lisant cela aujourd’hui. Toutefois, en 2022, le cinéphile ne lâchera rien et continuera à croire en des jours meilleurs. Car cette année, il y a du lourd, notamment du côté des blockbusters : The Batman, Jurassic World : Dominion, Top Gun : Maverick, et surtout l’Arlésienne Avatar 2. Mais avant cela, et comme chaque année, sacrifions à la tradition. Place à la rétrospective du Professeur Grant. Découvrez les œuvres qu’il ne fallait pas louper l’année dernière. Showtime !


1. West Side Story


Artisan de la narration et de l’image, Steven Spielberg fait montre à la fois de ses qualités de conteur et de technicien. On est soufflé par tant de dextérité, mais aussi par sa science du montage. C’est lumineux, énergique, inventif, fluide et parfois même hypnotisant. Les mouvements de caméra vertigineux, le souci du détail dans la composition des cadres, la reconstitution des décors conservant ce cachet de studio de cinéma à l’ancienne, la virtuosité spielbergienne transpire à chaque plan. « West Side Story » est une véritable leçon de cinéma offerte par un cinéaste qui n’arrêtera donc jamais de nous surprendre. Le patron, c’est lui. Indubitablement.


2. Dune


Dense. Universel. Nonpareil. Extraordinaire. « Dune », c’est tout ça à la fois. Au sommet de son art, le golden boy d’Hollywood Denis Villeneuve a derechef frappé fort en réussissant le mariage heureux de deux éléments antinomiques, à savoir le cinéma d’auteur et la superproduction maousse costaud. Un blockbuster d’art et essai ne lésinant pas sur le « wow effect » (effets spéciaux étourdissants, costumes originaux, décors spectaculaires, photographie sublime…) et qui, malgré tout, tient la route dans sa dimension narrative (scénario bien ficelé, psychologie des personnages approfondie, rebondissements savamment dosés, dialogues épurés…). Du grand art !


3. The Last Duel


Réalisation efficace d’une rare élégance, direction artistique tirée au cordeau avec une reconstitution historique irréprochable, interprétations phénoménales, montage ric-rac, « The Last Duel » s’affiche comme un véritable tour de force cinématographique. Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est son dispositif narratif en miroir, à la fois ludique et passionnant, qui ne prend pas le spectateur pour un être bouché à l’émeri. Merci Tonton Ridley (Scott) !


4. È Stata La Mano Di Dio


Du rire aux larmes, de l’intime à l’universel, de l’ombre à la lumière, du sublime au vulgaire, Paolo Sorrentino réussit là où le Mexicain Alfonso Cuarón a échoué avec son « Roma » austère et sans âme. L’Italien accouche d’une chronique familiale autobiographique emplie de poésie, de tendresse et de mélancolie que l’on vit, en tant que spectateur, comme un bel ascenseur émotionnel. Peut-être son meilleur film.


5. Bo Burnham : Inside


Claquemuré dans sa chambre, l’humoriste américain touche-à-tout Bo Burnham livre avec ce « Comedy Special » ce qu’on a vu de plus drôle, touchant et inventif en 2021. Quel ovni que cet objet sorti de nulle part ! Mais aussi et surtout quelle perf ! Et quel talent ! Une œuvre à la fois déconcertante et réjouissante sise à mi-chemin entre le stand-up et la comédie musicale. Incontestablement ce que la crise sanitaire a produit de plus rafraîchissant. Foncez !


6. The Mitchells vs The Machines


Passé complètement inaperçu et condamné injustement à errer dans les limbes du catalogue Netflix, « The Mitchells vs The Machines » est sans aucun doute le long-métrage d’animation le plus drôle qui nous ait été donné de voir ces cinq dernières années. Ode aux weirdos, hymne à ceux qui sortent du moule, diatribe corrosive sur nos sociétés ultra-connectées, gags désopilants, créativité débridée… On pourrait vous en parler pendant des heures.


7. Nomadland


2021, année contrastée pour Chloé Zhao qui a d’abord connu le sacre avec son merveilleux « Nomadland » et ensuite la frilosité critique avec un « Eternals » plutôt bancal. Heureusement pour elle, on retiendra surtout son premier film, évocation délicate et sensible de l’Amérique des laissés-pour-compte, doublée d’un superbe portrait de femme magnifié par l’interprétation sans faille de l’Oscarisée Frances McDormand.


8. The Dig


Des entrailles algorithmiques de la plateforme de streaming au N rouge émergent parfois d’insoupçonnées pépites, à l’image de « The Dig ». Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur australien Simon Stone convoque le naturalisme cher à Terrence Malick et l’élégance formelle de James Ivory pour habiller un mélodrame so british porté avec justesse par un duo d’acteurs jamais pris en défaut, à savoir Carey Mulligan et Ralph Fiennes.


9. The Lost Daughter


Après le père, la fille. Dans la famille Gyllenhall, un autre membre s’est fait un prénom derrière la caméra. L’actrice et désormais réalisatrice Maggie Gyllenhaal s’offre un premier film d’une impressionnante maîtrise formelle et narrative. Un vrai talent de cinéaste à suivre de près. Quant à Olivia Colman, elle enchaîne les performances mémorables avec une la régularité d’un métronome.


10. The Matrix Resurrections


Certes, il fait pâle figure en bas de classement. D’aucuns pourraient même s’estomaquer de le voir apparaître dans ce top 10. Mais, ce quatrième volet de la saga « Matrix » que personne ne voulait a reçu une telle volée de bois vert qu’il nous tenait à cœur de le mettre à l’honneur. Car si cet opus pèche par de nombreux défauts, il convainc en déjouant toutes les attentes. Pied-de-nez à l’industrie autant qu’aux aficionados, cet épisode malin et retors est aussi réjouissant qu’énervant. Et ça, cela tient presque du miracle.

- Professeur Grant -

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