Elvis

 


La vie et l'œuvre musicale d'Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le film explorera leurs relations sur une vingtaine d'années, de l'ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l'Amérique de la fin de l'innocence.



The Return of The King

Imagerie tape-à-l’œil, montage épileptique, mais aussi coquetteries de style et autres gimmicks ostentatoires, sans oublier quelques effets de manche dispensables, pas de doute, on est bien chez Baz Luhrmann. Au programme de son fameux « Elvis » : mise en scène kitsch, emphase costumière, décors tapageurs, bande-son tonitruante, débauche d’effets visuels et sonores etc. Comme à l’accoutumée, l’Australien se complaît dans la surenchère et l’exubérance, marque de fabrique de son cinéma sous amphétamine. Des pellicules éreintantes pour le spectateur qui en prend plein les mirettes et les esgourdes. Il fallait bien un réalisateur de sa trempe, tout à la fois visionnaire et excessif, pour monter un ambitieux projet de biopic musical sur la carrière d’Elvis Presley. Résultat sur la toile : la démesure formelle répond parfaitement à l’aura du King. C’est bouillonnant, clinquant, flamboyant. Mais cette esthétique strass et paillettes « plus bling-bling, tu meurs » ne cacherait-elle pas un sévère manque de profondeur et de substance narrative ? Heureusement, on est loin de la coquille vide.

Le point de vue du Colonel

Le cinéaste se repose sur une excellente idée de départ. Pour narrer la Légende, ce dernier a trouvé le bon angle et le point de vue idoine : raconter Elvis à travers le regard singulier et forcément subjectif de son imprésario, l’autoproclamé « Colonel » Tom Parker, personnage fascinant au passé interlope. Celui-ci a grandement participé à façonner le mythe. Dès sa première rencontre avec le jeune prodige des quartiers pauvres de Memphis, l’agent a tout de suite compris qu’il avait face à lui un diamant brut en attente d’être poli. Le businessman voit un avenir radieux pour lui et son poulain, véritable poule aux œufs d’or. Tournées, publicités, produits dérivés, carrière à Hollywood et pluie de dollars, tout cela au détriment de la santé du chanteur devenu monstre de foire. En filigrane, à travers les trois décennies couvertes par le récit (voyage dans le temps des 50’s aux 70’s), Luhrmann n’oublie pas de dépeindre le contexte historique, soit une Amérique ségrégationniste et puritaine, laquelle ne sait comment répondre à cet artiste biberonné au gospel qui fait exploser le thermomètre en se déhanchant impudemment devant des hordes de jeunes filles hystériques.

Tandem

Finalement, le véritable challenge de la production résidait dans le choix de l’acteur qui allait devoir porter les rouflaquettes et pousser la chansonnette. Là encore, c’est un sans-faute. Dans la lignée des précédents films du metteur en scène, « Elvis » repose sur un duo mémorable. On se souvient de Leonardo DiCaprio avec Claire Danes dans « Romeo + Juliette » ou avec Carey Mulligan dans « The Great Gatsby », mais aussi de Nicole Kidman avec Ewan McGregor dans « Moulin Rouge ! » ou avec Hugh Jackman dans « Australia ». Ici, ce sont deux nouveaux venus dans la filmographie de l’esthète. En haut de l’affiche, Austin Butler, tignasse gominée, sourire d’ange enjôleur et yeux revolver. Ce dernier entre sans mal dans la peau du King of Rock, son jeu magnétique, possédé et fiévreux faisant complètement illusion. A ses côtés, un méconnaissable Tom Hanks en Tom Parker se montre on ne peut plus convaincant dans le costume de l’agent énigmatique, roublard et sans scrupule. Enfin un personnage un brin moins lisse pour celui qui a souvent incarné des hommes débonnaires. Un tandem mal assorti qui va malgré tout bouleverser l’histoire de la musique et créer une légende sertie de diamants.

The Greatest Showman

En showman accompli, Baz Luhrmann réussit à éviter tous les écueils du genre. Aux antipodes de l’hagiographie redoutée par certains, son film musical déjoue également la facilité du biopic Wikipédia façon « la vie et la mort de ». Par ailleurs, en proposant un délire kaléidoscopique échevelé à la plastique « barock », le réalisateur parvient à capter la sève scénique du King. C’est spectaculaire et électrique. Mais à nouveau, cette débauche visuelle épuise sur la longueur et empêche parfois l’émotion de s’installer. Par ailleurs, on n’évite pas quelques longueurs et répétitions provoquant une baisse de tension. De menus défauts au regard de l’énergie et de l’inspiration déployée durant ses deux heures quarante. Le quinquagénaire a le sens du divertissement maous et ça laisse pantois. Sa générosité déborde de l’écran. Et rien que pour cela, ce must-see mérite le détour en salle, lieu privilégié pour apprécier ce spectacle total !

Note : 

Critique : Professeur Grant

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