Dune: Part Two
Dans « Dune: Part Two », Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.
Fraser / Villeuneuve / Zimmer : trois sommités dans leur domaine respectif. Il n’en fallait pas moins pour signer un tel chef-d’œuvre. Retirer un technicien de cette triforce et le résultat aurait été comparable à grand nombre de films de science-fiction qui pullulent sur nos écrans. Eux font mieux. BEAUCOUP mieux. Explications.
Villeneuve repousse les limites de ce qui est faisable en menant à bien le reste de sa vision, soit l’adaptation de la seconde moitié du roman de Frank Herbert. Longtemps jugé inadaptable - deux réalisateurs en ont d’ailleurs fait les frais : Lynch et Jodorowsky - Dune est maintenant un dytique réussi et deviendra sans le moindre doute une trilogie d’ici quelques années. Le temps pour le cinéaste canadien de reculer pour mieux avancer dans l’adaptation du deuxième roman de Herbert, à savoir Messiah.
"Dune: Part Two" continue d’emblée sur la voie tracée par « Dune » (2021). Dès les premiers plans, l’imagerie de Greig Fraser s’envolent vers les hautes sphères de la photographie. Le désert d’Arrakis n’a jamais été aussi attirant et inhospitalier à la fois. Ses plans grandioses et ses décors vertigineux attestent d’une maîtrise qui force le respect. Dans cette séquelle, aucun détail n’a été laissé au hasard. La bande-son envoûtante, les effets sonores, tout a été méticuleusement pensé pour sublimer l’expérience visuelle et nous rappeler pourquoi nous poussons les portes de notre cinéma local.
Côté casting, Chalamet semble mettre tout le monde d’accord tant son interprétation de Paul Atreides est juste et nuancée. L’adroite Rebecca Ferguson est omniprésente dans un rôle de plus en plus sombre et complexe. Zendaya s’impose pour sa part dans un rôle tiraillé entre l’amour et la méfiance. Javier Bardem incarne l’élément comique tout en prenant soin de ne jamais faire retomber la tension, tel un soufflé.
Auréolé du succès du premier opus, Villeneuve traite cette histoire complexe et riche en rebondissements avec beaucoup d’intelligence et démontre un respect intact envers l’œuvre de Frank Herbert. Bien que le cinéaste se permette quelques libertés afin de rendre le tout eyes-friendly, la mise en garde de Herbert contre les figures messianiques est bel et bien manifeste.
Film épique par excellence, "Dune: Part Two" ravira les fans du premier ainsi que les nouveaux venus dans cette monstrueuse dune où même Beetlejuice aurait peur de mettre les pieds. Doté d’une réalisation de premier ordre et aidé par des performances épatantes, "Dune: Part Two" est une réussite artistique totale !
Note : ★★★★★
Critique : Goupil
Autre critique, autre point de vue - « Dune : Part Two »
vu par le Professeur Grant :
Dune : vous en reprendrez bien une part ?
« Part One ». Souvenez-vous,
Denis Villeneuve a pris certains spectateurs par surprise en 2021. Alors que Dune était vendu depuis des lustres
comme un seul et unique long métrage, nonobstant quelques rumeurs par-ci,
par-là, les premières minutes de la projection annonçaient d’emblée la couleur.
Ce qu’on allait voir n’était en réalité que le premier chapitre d’une saga
potentielle dépendant du bon vouloir de la Warner, de l’engouement suscité par
le grand public et, surtout, du tintement du tiroir-caisse dans un contexte
pandémique. A la fin de la projection, le cinéphile était face à un double
ressenti, à la fois jouasse d’avoir assisté à un blockbuster finaud et frustré
de ne pas détenir la garantie de pouvoir un jour profiter de la suite des aventures
de Paul Atreides. Heureusement, la superproduction a fait florès dans les
salles obscures et la suite fut validée dans la foulée, le Canadien n’ayant pas
attendu les résultats du box-office pour avancer sur la pré-production du
deuxième volet.
Geste artistique et prouesse technique
Les férus de science-fiction
l’attestent, s’attaquer à l’œuvre de Frank Herbert, réputée inadaptable, relève
de l’insurmontable gageure. D’aucuns ont peiné à l’ouvrage à l’image de David
Lynch, d’autres s’y sont cassés les dents à l’instar d’Alejandro Jodorowsky.
Denis Villeneuve, lui, mène sa barque non sans une insolente facilité, prouvant
derechef sa capacité à pouvoir monter des projets colossaux sans dévier de sa
trajectoire d’auteur, trouvant le meilleur compromis entre sa vision singulière
et le respect du matériau de base. Comme un poisson dans l’eau, le cinéaste
fait parler sa virtuosité mêlant geste artistique et prouesse technique dans un
space opera sensoriel, à la hauteur de ses ambitions épiques, là où le premier
opus se montrait chiche en morceaux de bravoure. Au moins deux séquences
d’anthologie (l’arène des Harkonnen et la bataille finale) marqueront
durablement les mémoires et les rétines grâce à un formidable travail d’ingénierie
et d’orfèvrerie réalisé sur le son et l’image.
Du cinéma pop-corn haute couture
Aussi excitant dans la forme
qu’exigeant dans le fond, Dune, c’est
du cinéma pop-corn haute couture. Direction artistique, composition musicale,
effets visuels, sound design, rien
n’est laissé au hasard. Même le casting est dément. Artisan de l’image, le
Québécois n’en demeure pas moins un formidable conteur. Ainsi, la puissance
visuelle vient servir les divers enjeux disséminés au cœur d’un récit complexe,
mais limpide, conduit avec une fluidité qui force le respect, entremêlant quête
initiatique, manigances stratégiques ourdies dans l’ombre, mysticisme et
messianisme, sans oublier une touche épicée d’écologie. Une densité narrative
et une richesse thématique qui ne plombe jamais le rythme. Cette fresque
spectaculaire atteint presque les trois heures sans que nous ne les voyions
passées. Autant une épopée politique au souffle homérique qu’une fable
religieuse investissant çà et là la dimension intime, ce « Part Two »
remplit le contrat. Si on désire une trilogie ? Non peut-être !
Note : ★★★★
Critique : Professeur Grant
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