Ghostbusters: Frozen Empire

 


La famille Spengler revient là où tout a commencé, l'emblématique caserne de pompiers de New York. Ils vont alors devoir faire équipe avec les membres originels de S.O.S. Fantômes, qui ont mis en place un laboratoire de recherche top secret pour faire passer la chasse aux fantômes à la vitesse supérieure. Lorsque la découverte d'un ancien artefact libère une armée de fantômes qui répand une menace de glace sur la ville, les deux équipes S.O.S. Fantômes doivent unir leurs forces pour protéger leur maison et sauver le monde d'une seconde ère glaciaire.



Ghostbusters : une saga qui n’est plus que l’ombre d’elle-même

Si la vision de la bande-annonce de Ghostbusters : Frozen Empire ne vous a pas spécialement placé dans un état de folle effervescence, ou tout du moins d’impatience, c’est tout à fait normal et, on vous prévient déjà, celle du film ne vous enchantera guère plus. On s’était pourtant montré enthousiaste à la fin de la projection du simili-reboot Afterlife. Pour rappel, Jason Reitman, rejeton du seul et unique (et feu) Ivan, le coparent qui se partageait jusque-là la garde alternée de la franchise avec les acteurs et scénaristes Harold Ramis et Dan Aykroyd, parvenait à injecter du sang neuf dans une licence qu’on pensait définitivement enterrée depuis le naufrage de la version féminine proposée par Paul Feig, en 2016, et injustement bashé sur les réseaux sociaux. L’euphorie n’aura duré que le temps de ce métrage qui osait rajeunir le casting et changer de décor, en allant explorer les anomalies sismiques de la campagne, pour surfer sur le succès de l’époque, à savoir la série Stranger Things labellisée Netflix.

Y a-t-il un scénariste à bord ?

Pour ce nouveau volet, retour dans la Grande Pomme avec un scénario en deçà des attentes qui transpire la formule toute-faite du produit de consommation générique sans personnalité. Un MacGuffin claqué au sol, une menace spectrale sur fond de fin du monde, une prophétie venue de nulle part, des protagonistes qui vont devoir unir leurs forces envers et contre tous, le tout enrobé d’effets spéciaux pas toujours heureux. Vous en conviendrez, les scénaristes, pantouflards, ne se sont pas foulés. L’intrigue rachitique étirée sur deux (très) longues heures vous poussera dans vos derniers retranchements pour lutter face aux nombreux assauts de Morphée, finalement le véritable antagoniste de cette séance de cinéma. C’est que l’ennui guète d’emblée le spectateur dans ce cinquième S.O.S Fantômes qui éprouve toutes les difficultés du monde à intriguer, mais aussi à maintenir le peu d’intérêt. Rien d’étonnant lorsqu’on jette un œil aux coulisses de la production.

Indigence et vacuité

L’indigence et la vacuité du récit ne sont que le reflet du désintérêt de Jason Reitman, lequel a laissé les clefs de l’Ecto-1 à son coscénariste Gil Kenan, qui officie également en tant que réalisateur. Le plus gros problème, c’est que le duo n’entreprend rien de neuf, se contentant de regarder dans le rétroviseur et de répéter ad lib ce qui a marqué les mirettes précédemment. La course-poursuite avec l’Ecto-1, la statue d’un animal prenant soudainement vie, l’énième retour de Slimer, les mésaventures creepy des Mini-Pufts, ces adorables petits marshmallows… Comme une désagréable impression de déjà-vu. Plus dramatique encore, les tentatives humoristiques forcées qui tombent à plat. Pas une vanne ou un gag ne fonctionne. Pis, le tandem s’encombre inutilement d’un nombre incalculable de protagonistes. Résultat : tous (absolument tous !) passent à la trappe, réduits à de simples personnages-fonctions. Aucun ne possède un arc dramatique complet un tant soit peu intéressant.

Saving Private Murray

Comme dans Afterlife, le plus embarrassant, restent les scènes avec les membres originels, à qui la paire de scénaristes ne donne rien à dire ou même à jouer. A ce propos, les deux pauvres séquences avec l’inénarrable Bill Murray sont d’une tristesse à pleurer. Quelle désillusion quand on connaît la vis comica de l’icône du Saturday Night Live ! Le cinéphile n’a qu’une envie : le sauver de cette mascarade. Paul Rudd, Carrie Coon, Mckenna Grace et Finn Wolfhard ont beau se démener, nous ne constatons qu’agitation et gesticulation autour d’une trame narrative à dormir debout. Quant aux deux petits nouveaux, Kumail Nanjiani et Emily Alyn Lind, leurs présences à l’écran se révèlent vite anecdotiques. Si l’originalité n’a pas été conviée aux « sessions d’écriture », au point qu’on doute de la pertinence d’employer le pluriel, la créativité demeure aussi aux abonnés absents du côté de la mise en scène, d’une platitude consternante, voire insoutenable pour tous les amoureux de la saga ectoplasmique.

Rest in peace

Pris en flagrant délit de carence d’idées, le fantomatique Gil Kenan, à qui l’on doit l’oubliable (et oublié d’ailleurs) remake de Poltergeist, n’a aucune vision pour mettre son récit en images, préférant se reposer sur son équipe d’animateurs FX pour habiller sa superproduction à coup d’effets numériques grossiers. Même les fondamentaux, ce dernier ne les maîtrise pas, se révélant néophyte en matière de suspense, d’effets de surprise ou de gestion du rythme. Une démonstration d’incompétence qui épate autant qu’elle agace. Ecrasé sous le poids historique de la franchise, celui-ci ne se montre pas à la hauteur de la tâche, croyant naïvement que remplir le cahier des charges serait suffisant pour nous faire becqueter n’importe quoi. En ne daignant même pas innover, le tâcheron échoue à donner un regain d’intérêt à cette licence qui mérite qu’on la laisse reposer en paix. Pas totalement impropre à la consommation, ce nouvel opus s’avère tout de même le pire de la saga. Don’t answer the call !

Note : 
Critique : Professeur Grant

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