Weapons

 


Lorsque tous les enfants d’une même classe, à l’exception d’un, disparaissent mystérieusement la même nuit, à la même heure, la ville entière cherche à découvrir qui — ou quoi — est à l’origine de ce phénomène inexpliqué. 

 

 


 

 

Saluons d’emblée les rares propositions cinématographiques qui, dans le marasme hollywoodien actuel où pullulent remakes pré-mâchés, reboots sans inspiration et autres franchises sous perfusion, osent tracer leur propre chemin. Weapons, nouvelle livraison de Zach Cregger, en fait résolument partie. Et rien que pour cela, son deuxième long-métrage en solo mérite déjà qu’on l’extirpe du brouhaha ambiant à coups de louanges. Car ici, pas de copier-coller paresseux : Evanouis (en version française) ose. Il prend des risques. Il joue avec le spectateur et ce jeu est aussi réjouissant qu’ardu.

Mâtinée d’une noirceur toute personnelle et d’une ironie acide, l’œuvre adopte une structure chorale en chapitres ; chaque partie apporte un nouvel angle sur l’histoire (la disparition simultanée de dix-sept enfants d’une même classe) en suivant le point de vue d’un personnage. Le thriller initial, tendu, emprunte des chemins de traverse vers la comédie burlesque, tout en se voyant contaminé par l’horreur la plus poisseuse. Et ce mélange des genres, loin d’être une coquetterie d’auteur, s’impose comme l’ADN même du film.

Zach Cregger démontre une maîtrise formelle qui confirme les promesses de Barbarian, film mésestimé à sa sortie sur Disney+ et soudainement réhabilité aujourd’hui. Dans Weapons, dès les premières secondes, la mise en scène installe une atmosphère anxiogène, presque tangible. L’image semble suinter une menace diffuse. La caméra rôde, ausculte, se tapit. On sent la patte d’un cinéaste qui sait que le hors-champ est plus effrayant que tous les jump scares factices réunis des productions Blumhouse.

Là où le film conquiert vraiment le spectateur, c’est dans sa direction d’acteurs. Julia Garner épate avec un personnage pourtant elliptique, tandis que Josh Brolin, intense, distille une gravité qui ancre cette fiction dans le réel. Mais ce sont bien Alden Ehrenreich et Austin Abrams qui volent la vedette, un duo improbable, électrique, irrésistible qui joue au jeu du chat et de la souris. Le tandem injecte au métrage une énergie comique salvatrice. Leur alchimie est telle qu’on en viendrait presque à espérer un spin-off en mode Tom & Jerry ou Titi & Grominet.

En revanche, le dernier tiers, malgré quelques idées visuelles fulgurantes, peine à convaincre. L’intrigue, jusque-là sinueuse et labyrinthique, trouve un point de fuite paresseux. L’apparition d’un personnage clé enraye la mécanique dramaturgique. Le final, censé nouer les fils de cette toile narrative, s’emmêle dans une résolution convenue, presque plate. On quitte le film sur un petit goût d’inachevé, de gâchis partiel.

Pourtant, alors que tout semblait sombrer dans la banalité, une ultime scène, d’un burlesque assumé, à la lisière du grotesque, vient rappeler que Cregger n’est pas un yes-man tout droit sorti de la Mecque du cinéma. Cette pirouette finale, inclassable, absurde, désopilante, redonne au métrage une liberté tonale qui le grave instantanément dans nos mémoires.

Zach Cregger, en artisan du chaos maîtrisé, livre une œuvre audacieuse, irrévérencieuse, parfois maladroite, mais follement vivante. Un film qui refuse le formatage, qui dérange et qui fait rire quand il ne glace pas le sang. On lui pardonnera son dénouement bancal pour tout ce qu’il a su oser auparavant. C’est déjà plus qu’on ne peut en dire de 95 % de la production actuelle.

Note : 
Critique : Professeur Grant

 

Autre critique, autre point de vue – Weapons vu par Goupil : 

 

Quelle expérience est la plus déchirante ? Refuser de faire le deuil d’un être cher porté disparu ou bien retourner à sa vie quotidienne après un tel drame ? C’est le dilemme que nous propose le réalisateur Zach Cregger avec ‘Weapons’.


Cohérente, mystérieuse et même occulte, l’intrigue de ‘Weapons’ surprend et fait même preuve d'ingéniosité dans sa critique en filigrane de l'usage excessif de la force par la police aux US. 

 

Le trio d'acteur-trice-s formé par Julia Garner, Josh Brolin et Alden Ehrenreich excellent en montrant tantôt leur détermination, tantôt leur vulnérabilité. 


Avec son final où l’horreur et la comédie cohabitent – dosage d’ailleurs parfait après deux premiers actes tendus –, ‘Weapons’ ne contient pas vraiment de jump scares ou d’autres effets cherchant à vous refiler une crise cardiaque. C'est plutôt avec son ambiance qu'il cherche à être malaisant. Le twist invite par contre un nouveau visionnage afin de découvrir tous les indices et autres détails cachés. 


Bien qu'il ne risque pas de plaire à tout le monde (au vu du troisième acte un tantinet gore), 'Weapons' équivaut à un tour en montagnes russes qui captive du début à la fin. 

 

Après 'The Barbarian', le cinéaste plancherait sur une adaptation de la saga vidéoludique Resident Evil sur grand écran. 


Note :  
Critique : Goupil

 

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