Cloclo
La vie de Claude
François, icône populaire au destin hors du commun : de sa jeunesse
idyllique à Alexandrie, son départ douloureux avec sa famille vers
la France, au succès qu'il trouvera enfin, à force de travail et
d'obstination. ‘Cloclo’ est l'histoire d'une des plus grandes
vedettes française qui n'a jamais cessé de fasciner, d'un homme
passionné aux mille obsessions, d'un artiste visionnaire qui ne
cessera de se réinventer au cours de sa carrière, porté par ses
fans, et les femmes de sa vie...
‘Claude François’,
c’est 63 millions de disques vendus, un répertoire de 450 chansons
et un fan club toujours très actif, et cela, 34 ans après sa mort.
‘Cloclo’ - le film, c’est 13 ans d’attente, 400 comédiens
castés pour les personnages secondaires du film, 20 millions d’€,
80 costumes et 5 perruques.
Le film de Florent
Emilio Siri est-il un biopic raté ou se positionne-t-il, au
contraire, dans la lignée de ce que le cinéma français fait de
meilleur, après ‘La Môme’ et ‘Gainsbourg (Vie
Héroïque)’ ?
Le premier constat,
c’est que l’on ne voit pas passer les 2h30 de ce long-métrage.
Bien que le film fourmille d’événements, d’anecdotes, de
détails, sa force réside en une réalisation dynamique qui ne
laissera pas au spectateur le temps de s’ennuyer.
Bien que Florent Emilio
Siri vienne tout droit de l’univers du clip vidéo, il a déjà
quelques longs métrages à son actif (‘Nid De Guêpes’,
‘L’ennemi Intime’), dont un film américain avec Bruce Willis
(‘Hostage’).
Mais pour rendre justice
à l’œuvre et à la vie de cet artiste exceptionnel qu’était
Claude François, il ne fallait pas qu’une caméra singulière, il
fallait aussi un comédien en or. Un comédien capable d’incarner
une véritable pile électrique. Pour trouver cette perle rare, le
réalisateur a fait appel à un jeune acteur belge né à Bruxelles.
Jérémie Renier, c’est
avant tout 43 films, avec une moyenne de 3 films par an (avec un pic
de 5 films en 2004 ; fait assez rare pour être souligné). On
l’a vu dans ‘Le Pacte Des Loups’, ‘L’enfant’, ‘Dikkenek’,
‘In Bruges’, ‘Le Silence De Lorna’, ‘Atonement’,
‘L’enfant Au Vélo’. Mais c’est en 2010 avec le rôle de
Laurent Pujol dans ‘Potiche’ que la comparaison avec Cloclo
devient évidente. Coiffée d’une coupe 1970s, portant un pantalon
patte d’eph et une veste un cuir vintage, Renier ressemble à s’y
méprendre à Claude François ! Pourtant l’idée de le faire
incarner Cloclo remonte à bien plus tôt. En 1999, Antoine de Caunes
voyait déjà en lui - alors qu’il était inconnu du grand public -
l’interprète idéal pour le roi de la chanson française. Claude
François Junior – le fils aîné de Claude François – avait
dans un premier temps accepté de produire le projet de Siri avant de
se tourner vers le ‘Podium’ de Yann Moix (2004).
Dans le processus de
« claudage » (Claude + clonage), Jérémie Renier a
travaillé avec plusieurs coachs (voix et chant, batterie,
percussions, danse, ainsi qu’un coach pour la psychologique du
personnage) et a du suivre un entrainement intense pendant cinq mois.
Avant le tournage l’acteur a déclaré faire 1200 abdos tous les
matins. Belle prouesse physique pour cet acteur qui, rappelons-le,
n’avait auparavant jamais dansé ni chanté.
Entre les succès de
Claude François, il fallait lier les scènes plus tragiques à une
musique d’exception. Le réalisateur va pour se faire s’adjoindre
les services d’Alexandre Desplat, compositeur qui n’a plus rien à
prouver dans son milieu. On retrouve Giovanni Fiore Coltellacci à la
photographie – un fidèle de Siri.
Dans les seconds rôles,
on découvre un Benoît Magimel absolument méconnaissable en Paul
Lederman, celui qui pendant longtemps a été l’imprésario de
Claude François. De même, il fallait la grande actrice italienne
Monica Scattini pour jouer avec autant de justesse Chouffa, la mère
de Claude. Dans ce biopic, on
retrouve également quelques grands qui ont un jour croisé la vie de
Claude. Il y a d’abord Frank Sinatra (Robert Knepper, le méchant
de ‘Prison Break’) et Janet Woollacot (Maud Jurez). Ensuite on
découvre France Gall (Joséphine Japy), Johnny Hallyday, Gilbert
Becault et même Otis Redding! Il y a fort à parier que Maud Jurez
et Joséphine Japy – les deux révélations du film - n’ont pas
fini de faire parler d’elles !
Avec ce biopic sur la
vie de Claude François, Florent Emilio Siri frappe très fort. Il se
hisse sans peine au rang des réalisateurs les plus prometteurs de sa
génération. ‘Cloco’ est une réussite à bien des égards.
EPATANTE, MIRIFIQUE, MIROBOLANTE, REMARQUABLE, SAISISSANTE : on
manque d’adjectifs pour qualifier la prestation de Jérémie Renier
ainsi que de certains seconds rôles (Magimel, Scattini, Japy, Jurez
et Girardot – la mère des enfants de Claude). Visuellement
parlant, le film est surprenant tant il parvient à insuffler une
véritable poésie à de nombreuses scènes (la scène du rêve avec
son père). Mieux, le film est tellement maîtrisé qu’il arrive à
porter le spectateur jusqu’à un état d’exaltation (la scène du
concert d’Otis Redding ou Claude François enregistre littéralement
les pas de danse des chorégraphes) avant de lui arracher une larme
(une larmichette pour les détracteurs) lors du baisser de rideau. La
palme aussi pour les décors et costumes qui redonnent véritablement
vie aux sixties et seventies. En un mot comme en cent :
collector !
Avant 2012, tout le
monde s’accordait à dire qu’il n’y avait qu’un seul Claude
François. Après la sortie de ‘Cloclo’, cela n’est plus tout à
fait vrai tant Jérémie Renier a su imprégner son jeu des moindres
habitudes et gestes de Claude François. A tel point qu’à de
nombreuses reprises, on se surprend à demander à la personne d’à
côté s’il est question de l’acteur belge ou du chanteur
français. En bref : Jérémie Renier est à Claude
François ce que Marion Cotillard est à Edith Piaf. On croise les
doigts pour que ‘Cloclo’ représente la France à la cérémonie
des Oscars l’année prochaine.
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