The Dark Knight Rises
Il
y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit : lui qui était un héros
est alors devenu un fugitif. S'accusant de la mort du
procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au
nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être
une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées
efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à
Gotham City grâce à l'arsenal de lois répressif initié par Dent.
Mais
c'est un chat – aux intentions obscures – aussi rusé que voleur
qui va tout bouleverser. À moins que ce ne soit l'arrivée à Gotham
de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l'exil
qu'il s'est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à
endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman
n'est peut-être plus de taille à affronter Bane…
Du
talent. Christopher Nolan en est bourré. C’est indéniable. Le
Britannique achève sa trilogie avec brio. Le mordu de la saga ne
sera pas déçu même si le film n’est pas exempt de tout défaut.
Le plus agaçant reste son manque de finesse dans les transitions.
Des coupes trop rapides et abruptes qui heurtent la rétine et
cassent l’uniformité de l’œuvre. Autre point négatif,
l’empressement de Nolan dans la narration. La densité de son
récit, dont on apprécie la résonnance avec l’actualité,
l’oblige à accélérer le rythme au point d’en devenir un chouia
brouillon dans le montage. Quelques tares qui lui collaient déjà à
la peau lors des précédents volets.
Mais,
à côté, il y a les nombreuses qualités de l’entreprise
nolanienne. Le réalisateur a non seulement ce don pour trouver des
bad guys mémorables («The better the villain, the better the
picture», disait jadis Hitchcock), mais aussi l’intelligence de la
distribution. Caster l’incroyable Tom Hardy (ceux qui ont vu
Bronson de Winding Refn savent que c’est un génie) dans la peau du
terroriste Bane était une merveilleuse idée. Le comédien y déploie
tout son talent dans ce rôle pourtant difficile car handicapé par
un masque encombrant. L’anglais a réalisé un travail
extraordinaire sur sa voix, unique paramètre pour faire exister son
personnage et lui conférer son côté effrayant. Quant à Anne
Hathaway, elle enfile de fort belle manière le costume moulant de la
féline Catwoman. Gravite autour d’eux une kyrielle de seconds
rôles inoubliables incarnés par des comédiens aguerris comme Gary
Oldman, Michael Caine, Morgan Freeman ou le toujours excellent Joseph
Gordon-Levitt. Christian Bale, irréprochable en Batman comme l’était
naguère Michael Keaton dans les versions burtoniennes.
Le
spectacle (la première scène de Bane, renversante!) est présent
également mais reste toutefois en deçà de ce que nous avait
habitué Christopher Nolan par le passé. La mise en scène moins
recherchée et plus caricaturale ne dérange pas (on est dans le
cliché du superhéros) et permet un final épique qui conclut
magistralement cette saga cohérente de bout en bout. Même si on
retiendra le second opus pour sa noirceur et son nihilisme total
symbolisés par un Joker culte (merci Heath Ledger qui offre au
septième art l’un de ses plus mémorables détraqués), on
évoquera plus souvent la trilogie comme un tout homogène et
logique. The Dark Knight Rises est incontestablement le
divertissement de haute qualité de l’été qu’il est impossible
de manquer! En deux mots, l’apophtegme suivant: An Epic of Epic
Epicness! (cf. Scott Pilgrim)
Note: ★★★★
Critique
: Professeur Grant
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