The Hobbit: An Unexpected Journey
Un curieux Hobbit, Bilbon Sacquet, part à l’aventure avec un groupe de maîtres nains pour récupérer un trésor volé par le dragon Smaug.
L’effet
de surprise n’y est plus. La fraîcheur non plus. Mais la magie,
elle, demeure. Quelle joie de replonger dans la Terre du Milieu et de
revoir quelques têtes connues. Frodon, Bilbo et surtout Gandalf,
cette rock star!, ciment d’une saga qu’on pensait finie. C’était
sans compter la passion de Peter Jackson pour l’univers de Tolkien.
Le Néozélandais n’a pas perdu la main et son excitation d’adapter
les aventures de Bilbo le Hobbit, qui se déroule 60 ans avant la
formation de la communauté de l’anneau, se ressent sur chaque
scène. Qui mieux que lui, aurait pu tourner ce «Voyage Inattendu»?
Guillermo Del Toro peut-être. Un temps associé au projet, le
Mexicain à qui l’on doit Le Labyrinthe de Pan et L’échine du
Diable a quitté le navire face à l’ampleur de l’entreprise. Un
départ regrettable car on aurait pu espérer une vision nouvelle et
inédite de ce monde créé par l’auteur britannique.
Un
risque aussi. Celui d’être déçu par une approche moins en phase
avec l’esprit du Seigneur des Anneaux. Qu’à cela ne tienne,
Peter Jackson est l’homme de la situation et il a réalisé un très
bon premier épisode d’un diptyque devenu finalement une trilogie
en cours de route. Spectacle impressionnant, décors époustouflants,
effets spéciaux stupéfiants, The Hobbit est d’une splendeur
visuelle impeccable avec des scènes hyper graphiques et des
séquences à donner le tournis. La mécanique est bien huilée. La
rencontre avec Gollum est, à ce propos, sensationnelle. Une scène
majeure du long-métrage. Côté technique, donc, les studios de
post-production Weta ont à nouveau réalisé des prouesses.
Là
où le bât blesse, c’est le scénario. Bien sûr, comme tout bon
premier épisode d’une saga, il s’agit avant tout d’installer
le décor, de présenter les protagonistes et de situer les enjeux.
Peter Jackson y va à son aise et c’est tant mieux. Toutefois,
devait-on vraiment tirer en longueur certaines scènes jusqu’à
atteindre un paroxysme nuisant de fait à la rythmique du métrage
ainsi qu’à sa fluidité? À trop vouloir scrupuleusement adapter
un livre que d’aucuns estiment réalisable en deux parties, le
metteur en scène perd de vue son objectif principal: traduire un
conte écrit en langage cinématographique.
Le
septième art a ses propres exigences. Des contraintes incompatibles
avec une transposition trop fidèle et détaillée d’un ouvrage. On
le sait, la logorrhée s’accommode mal avec le cinéma.
L’introduction avec l’arrivée des nains dans la demeure de Bilbo
est, à ce titre, trop verbeuse et alourdit un film qui peine à
prendre son envol. Du coup, on perd en énergie ce qu’on gagne en
atmosphère. Les inconditionnels de Tolkien seront aux anges et ne
verront pas passer les 2h45. Quant à ceux qui sont restés de marbre
devant les (més-)aventures de Frodon, ils risquent de passer une
nouvelle fois à côté d’un sommet d’heroic fantasy. Mais Peter
Jackson et son équipe l’ont toujours clamé. Bilbo est fait par
des fans pour les fans.
Si
l’inédit est absent, cet Unexpected Journey détient tout de même
une nouveauté. Une performance technique de taille. Après le
tridimensionnel, voici venu le dernier format cinématographique en
date: le High Frame Rate (HFR). En substance, il permet de projeter
un nombre plus élevé d’images par seconde pour un rendu plus net
à l’écran. Peter Jackson a utilisé des caméras numériques
spéciales permettant de tourner 48 images par seconde ce qui est
deux fois plus rapide que la vitesse à laquelle nous sommes habitués
depuis les années 20 (24 images par secondes).
Verdict?
Cette technologie assure effectivement une qualité 3D plus fluide et
plus propre avec une image ultra réaliste. Si le HFR sublime l’image
et augmente l’immersion dans l’histoire, le système a également
ses limites, surtout lorsqu’il s’agit de mettre en scène des
séquences d’action pure à grand renfort d’effets visuels.
Paradoxalement, la technique perd en réalisme dans les scènes
d’actions là où elle en gagne lors des séquences d’exposition.
En clair, Peter Jackson a trouvé un excellent jouet, mais ne le
maîtrise pas encore entièrement. Par moments, l’effet
«telenovela» dérange, à d’autres instants, l’hyper réalisme
procure un ravissement pour les yeux. Cela dit, l’expérience
cinématographique est inédite et offre une 3D ambitieuse (tant dans
le relief que dans la profondeur de champ) qui apporte une réelle et
incontestable plus-value à la projection. Et, in fine, justifie un
supplément tarifaire.
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
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